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Les jours de Metcalfa pruinosa sont comptés

La vigne - n°127 - décembre 2001 - page 0

Signalé pour la première fois en 1985 sur la Côte-d'Azur, Metcalfa pruinosa a atteint la Gironde. Les premiers résultats obtenus en lutte biologique permettent d'espérer que cette cicadelle sera contrôlée dans les cinq à dix années à venir.

En quinze ans, Metcalfa pruinosa s'est implantée dans pratiquement tout le sud de la France. Mais dans les années à venir, le développement de ce ravageur pourrait bien être freiné par Néodryinus typhlocybae, un nouveau venu de la famille des guêpes ! ' Depuis 1996, nous testons une souche de cet hyménoptère parasitoïde, qui nous a été confiée par nos collègues italiens. Ils ont réussi à l'implanter en Vénétie, dans la région de Padoue et, en dix ans, ils ont observé une régression des populations de Metcalfa en dessous du seuil de nuisance. Nous avons bon espoir d'arriver au même résultat, car nous avons constaté, après avoir réalisé les premiers lâchers, que cet auxiliaire s'acclimatait très bien dans le sud de la France ', affirme Jean-Claude Malausa, de l'Inra de Valbonne (Alpes-Maritimes), qui pilote ce programme de lutte biologique.
Néodryinus hiverne dans un cocon. Il éclôt au mois de juin et commence par se nourrir des jeunes larves de Metcalfa avant de parasiter les derniers stades larvaires pour y pondre ses oeufs, qui donneront ensuite de nouveaux cocons. Pour synchroniser les deux cycles et faciliter l'implantation de l'auxiliaire, il faut réaliser les lâchers au mois d'avril, dans des sites naturels où le ravageur est déjà bien présent.

Une fois l'implantation réussie, le taux de parasitisme décolle et progresse d'environ 10 % par an. La dissémination n'est que de quelques dizaines de mètres par an, mais elle est complétée par des migrations occasionnelles de plusieurs kilomètres, aléatoires et donc difficiles à observer, mais bien réelles. ' Après cinq ans de lâchers, l'auxiliaire est aujourd'hui présent sur toute la côte, de Cannes à Antibes. '
L'élevage de Néodryinus reste très délicat en laboratoire. ' Pour multiplier les lâchers, nous prélevons à l'automne des cocons sur des sites où il est déjà implanté. Nous les trions et nous les sexons, puis nous les installons au printemps suivant dans de nouvelles zones. Jusqu'à présent, nous nous sommes approvisionnés sur les deux premiers sites de 1996 et 1997. L'an prochain, des techniciens vont prendre le relais dans chaque région et réaliser de nouveaux lâchers avec des cocons collectés sur les sites de 1999, où les colonies sont bien développées. '

En 2001, soixante-dix sites ont été suivis en Provence, en Corse, en Languedoc-Roussillon, en Rhône-Alpes et Midi-Pyrénées, ainsi qu'en Ligurie dans le cadre d'un programme transfrontalier. ' Notre objectif est de parvenir en quelques années à un maillage complet du territoire où Metcalfa est présent, en ciblant les foyers pour que l'auxiliaire accompagne le ravageur dans sa progression et contrôle, à terme, sa population dans l'ensemble du milieu naturel. '
Dans le vignoble, les pullulations de Metcalfa restent localisées. Elles se rencontrent principalement dans des parcelles situées en bas-fond, au milieu de haies et de bosquets, et se concentrent en général sur les premières rangées de vigne. Pour l'instant, il n'y a aucune matière active homologuée. A la demande du ministère de l'Agriculture, une enquête interinstituts a été lancée pour recenser les problèmes avant de créer un nouvel usage. Des extensions d'homologation pourraient ensuite être demandées par les firmes.
En attendant, lorsque les pullulations deviennent trop importantes, les vignerons utilisent pour les réduire les effets secondaires des traitements contre la deuxième génération de vers de la grappe. Le miellat déposé par Metcalfa sur les raisins s'accompagne de la formation de fumagine et attire des insectes comme les drosophiles, ce qui peut favoriser l'apparition de botrytis ou de pourriture acide. ' S'il n'y a qu'une larve ici ou là, inutile de s'affoler. En revanche, à partir de cinq à dix larves par grappe, il faut traiter avec un organophosphoré ou un pyréthrinoïde, en ciblant les deux premiers stades larvaires ', précise Didier Richy, de la chambre d'agriculture des Bouches-du-Rhône.
La lutte chimique permet d'éviter les dégâts dans les vignes, mais elle ne suffit pas à contrôler les populations de Metcalfa, qui se multiplient principalement en lisière des parcelles. Dans les zones où ce ravageur est implanté depuis longtemps, il peut y avoir des recolonisations des cultures en fin de saison, à un moment où il n'est plus possible de traiter. ' Pour obtenir un résultat durable, nous devons agir sur le milieu naturel en misant sur la lutte biologique. Dans quelques années, nous saurons si Néodryinus a bien joué son rôle ', ajoute Jean-Claude Malausa.


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