Le seul moment pour corriger en profondeur les carences du sol est la période avant la plantation. Des apports moins conséquents se poursuivront une fois les vignes en place.
Le travail du sol avant la plantation sert à incorporer une fumure de fond. Mais attention, une surdose d'engrais est à proscrire car les jeunes plants auront tendance à développer un excès de vigueur et la qualité du raisin en pâtira. Il faut parfois plusieurs années pour corriger les déséquilibres d'un sol. Le gros des apports se fait sur sol nu, mais la finition se fera après plantation.
Si la correction est nécessaire en profondeur, l'apport doit impérativement s'effectuer avant le défoncement. Ce dernier permet d'enfouir en profondeur les éléments minéraux peu mobiles, que sont l'acide phosphorique, la potasse et la magnésie. La quantité des amendements calcaires ou calco-magnésiens s'adapte en fonction des données analytiques du sol et de la profondeur sur laquelle on souhaite modifier le pH. Il faut viser à redresser le pH au maximum d'un demi-point afin de ne pas perturber la biologie du sol. Les sols acides à faible CEC sont à corriger pour éviter les risques de toxicité en aluminium, en manganèse et en cuivre. La quantité d'oligo-éléments à apporter se calcule en fonction de la profondeur sur laquelle on désire changer leurs teneurs.
Les apports visant la partie superficielle du sol doivent se faire, eux, après le défoncement. La matière organique s'incorpore lors d'un labour peu profond, l'humus n'étant plus en mesure d'évoluer s'il est à plus de 40 cm de profondeur. On calcule l'apport en fonction du déficit de la teneur en matière organique et de la quantité de terre que l'on souhaite corriger, soit 4 000 tonnes de terre par hectare sur 30 cm.
Les amendements organiques, qui libèrent le plus progressivement l'azote, sont préférables. Si les fumures minérale et organique sont trop fortes, certains jeunes plants peuvent être victimes du folletage. Le porte-greffe se nécrose tandis que le feuillage tombe brusquement au printemps. C'est que l'été précédent, les jeunes pieds présentaient une disproportion entre leur appareil foliaire en évapotranspiration par rapport aux capacités d'absorption des racines. Les engrais verts montrent aussi leur intérêt, surtout si l'on envisage de laisser reposer la terre avant la plantation. Les plantes annuelles enfouies chaque année apportent de la matière organique et de l'azote progressivement minéralisable.
Pendant la succession de cultures, on peut effectuer des apports organiques. La fraction vivante du sol contribue à sa décomposition, favorisant l'assimilation des éléments fertilisants par les racines. ' La fraction vivante est une chaîne d'entretien du sol ', insiste Jacques Rousseau, de l'Institut coopératif du vin à Montpellier. La stabilité du sol tient donc davantage à la population microbienne du sol qu'à la quantité de matière organique contenue. La vie des sols doit donc être préservée et stimulée.