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Choix du revêtement des sols : trouver le bon compromis

La vigne - n°127 - décembre 2001 - page 0

Le sol d'une cave doit être à la fois facile à nettoyer et antidérapant, esthétique tout en étant résistant. Autant de conditions difficiles à réunir en un seul matériau.

Lavés à grandes eaux, les sols des chais doivent résister à toutes les agressions chimiques, à l'abrasion, aux lourdes charges, au poinçonnement, tout en étant faciles à nettoyer sans être glissants. Ils ne doivent pas craindre les taches et donner une belle image de la cave aux visiteurs. ' Ces sols doivent être des surfaces fermées, qui n'aient pas tendance à produire de la poussière ou à relarguer, à plus ou moins long terme, des molécules chimiques dans l'atmosphère ', ajoute Hervé Crang, de Vingiénerie à Bordeaux. ' Lors de son choix, il faut penser aux normes à venir en matière d'hygiène, de nettoyage ou de sécurité ', poursuit Jean-Louis Bouillet, consultant girondin.

Le béton est la solution sans doute la plus économique. Il peut être durci en surface par un ajout de quartz, le tout étant lissé à l'hélicoptère. ' Il existe des bétons spécifiques, destinés à l'agriculture, qui résistent aux attaques chimiques. Utilisés dans un chai, ils peuvent être quartzés, ils résisteront alors mieux aux taches ', indique Claude Labansat, chez Unibéton. Cette société propose aussi Calcys, un béton de chaux ' avec une jolie couleur de pierre, poursuit Claude Labansat. La chaux qu'il contient régule l'hygrométrie des chais. ' Mais ce produit, peu résistant aux charges roulantes, est destiné aux chais à barriques.
Un sol de cuvier doit être facile à laver, donc lisse, mais suffisamment rugueux pour ne pas devenir glissant. Ce compromis n'est pas facile à régler. ' Mais si le sol est trop glissant, en cas d'accidents, le propriétaire du domaine sera tenu pour responsable ', rappelle Jean-Louis Bouillet. Les établissements Dulong (Gironde) ont eu une mauvaise expérience avec un sol en béton quartz. ' C'est très glissant. On a tenté de le revêtir d'une petite pellicule d'époxy, mais elle se décroche. Côté esthétique, c'est joli mouillé, mais lorsqu'il sèche, l'eau laisse de grandes taches de calcaire ', rapporte Pascal David. Jean-Louis Bouillet confirme : ' Ces sols, lissés à l'hélicoptère, peuvent devenir des patinoires . ' Au château Malartic Lagravière (Gironde), le béton quartz, teinté dans la masse, est réservé aux chais à barriques, alors que le cuvier est carrelé. ' Certains nous avaient prédit des microfissures, cela n'a pas été le cas. Mais il ne faut pas hésiter à prendre des sociétés sérieuses pour ce genre de travaux , explique Philippe Garcia, l'oenologue. Le béton va très bien dans les chais à barriques. En revanche, je ne sais pas si c'est le matériau approprié pour les lieux de vinification. Nous avons eu un problème avec un vin fermentant en barrique. Le fût s'est ouvert et le vin a dégradé le béton. ' ' Si la finition n'est pas parfaite, le béton peut se teinter ', ajoute Antoine Bertaud, architecte.
Un sol en résine est plus étanche, mais aussi plus cher. L'investissement dépend de sa préparation. ' Cette phase représente 90 % de la réussite d'un sol en résine. Si le sol est très abîmé, la facture sera plus élevée ', explique-t-on chez HIM France. ' Mais dans le monde du vin, ces résines sont souvent mal appliquées, regrette Jean-Louis Bouillet. Et lorsqu'on trouve une bonne société, on s'aperçoit que ces sols coûtent aussi cher qu'un carrelage . ' Mais l'absence de joints ' zones d'ancrage microbien ' pour Denis Bonneau, chez Deproma, est un atout de poids. ' De plus, ce sont des sols faciles à réparer ', précise Vincent Pech, de Permatex.

La cave de Tain-l'Hermitage (Drôme) a opté pour le sol en résine dans sa salle d'embouteillage. ' Plusieurs raisons expliquent ce choix. D'abord, la rapidité de mise en oeuvre. Il fallait une semaine pour équiper 400 m², contre trois semaines pour du carrelage. Le coût est identique, la résistance mécanique aussi, mais les résines résistent mieux au poinçonnement ', explique-t-on à la cave. Ces sols, à connotation trop industrielle, sont parfois rejetés par les vignerons préférant un carrelage, plus traditionnel, même si les carreaux répondant aux caractéristiques techniques ne sont pas toujours très esthétiques. ' Lorsqu'on opte pour les carreaux, il faut les choisir suffisamment épais, résistants et plus ou moins antidérapants. Mais nous faisons très attention au coefficient de porosité, qui permet de juger si le carreau se tache facilement ou pas, explique-t-on chez Seturec architecture, à Dijon . Il faut également des joints antiacides. Comme ils sont chers, certains vignerons les effectuent uniquement dans certaines zones. Il faut alors réaliser des petits travaux de maintenance tous les deux ou trois ans . '

Hervé Crang, chez Vingénierie, réalise des tests pour évaluer la capacité des carreaux à se tacher. ' Le sol doit avoir une très bonne résistance aux chocs et au roulage d'appareils lourds. Le carrelage industriel réunit ces propriétés , explique Jean-Louis Bouillet. Les carreaux de marque allemande, comme Buchtal, offrent un bon compromis. Indiquée par le coefficient R 11, leur rugosité est moyenne. Elle sécurise sans que les aspérités ne gênent trop le nettoyage. D'autres sociétés allemandes proposent des produits intéressants, comme KCH Keramchemie. ' ' Mais avec ces sols, des plinthes à gorge sont nécessaires ', ajoute Pierre-Charles Lepesant, architecte en Côte-d'Or. ' Le sol idéal n'existe pas, conclut un autre architecte. Il y a toujours un ou deux critères pour lesquels les performances sont moindres. '

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