Le travail du sol peut être autant bénéfique que néfaste. Défonçage, sous-solage et labours sont des opérations à réaliser avec parcimonie.
L'incidence du travail du sol en profondeur est significative sur la morphologie du système racinaire des vignes, donc sur la qualité de la récolte et la durée de vie des ceps. En observant les racines des vieux ceps avant leur arrachage, on s'aperçoit des difficultés qu'ils ont pu rencontrer. Avec ces renseignements, il est plus facile de déterminer quel type de travail effectuer et à quelle profondeur. ' Il n'y a pas de recette universelle. Il faut observer chaque parcelle, creuser une ou plusieurs fosses, et retracer son historique. Cela permet de réfléchir à la préparation du sol en fonction des objectifs de production ', résume Jean-Pierre Argillier, de la chambre d'agriculture de l'Hérault. Chaque parcelle est un cas particulier.
Avant de travailler une parcelle, le sous-sol mérite parfois une correction. C'est le cas des parcelles avec une cuvette, ou bombées, ou encore celles dans lesquelles l'eau a tendance à creuser un sillon. Le passage d'un bulldozer permet de rectifier la pente du sous-sol, puis d'étaler la terre arable qu'il avait mis de côté au préalable. On peut aller jusqu'à installer des terrasses sur sa parcelle si la pente est trop importante. Une journée de travail au bulldozer coûte entre 3 000 et 6 000 F.
Avant toute intervention, il est nécessaire de s'assurer que la terre est bien ressuyée. Sur cet aspect, le CIVC (Comité interprofessionnel des vins de Champagne) a lancé, il y a dix ans, une comparaison du comportement des vignes sur une parcelle, dont une moitié avait été préparée dans les règles de l'art et l'autre rapidement sur un sol non ressuyé. ' Le principal problème des sols mal préparés est la mortalité. Sur les cinq premières années, elle y est supérieure. Mais, depuis, le comportement des deux moitiés ne présente pas de différence significative ', explique Anne-France Doledec, de l'interprofession champenoise.
Cela pourrait laisser croire que le travail mal fait aurait dû être pire encore ! Selon cet essai, une fois qu'un jeune pied a réussi à s'installer, la qualité de travail du sol n'influence plus trop son comportement. Pourtant, sur la moitié mal préparée, on observe des problèmes de porosité. On s'attend à des incidences plus graves sur les parcelles plantées l'hiver passé. En effet, les mauvaises conditions climatiques ont obligé certains à travailler leurs parcelles dans des conditions encore moins recommandables que celles de cet essai.
Deux types de travail du sol facilitent la mise en place du système racinaire des jeunes vignes. Le défoncement a pour but d'ameublir et d'aérer le sol sur une profondeur déterminée. Il retourne la terre sur 80 cm. Cette opération n'est pas bénéfique à tous les sols. Certains sont très dégradés après un tel chamboulement, par exemple les sols présentant un horizon calcaire en profondeur. Le calcaire ainsi ramené en surface risque de provoquer des chloroses. Par ailleurs, les sols plus argileux en profondeur seront bouleversés par un défoncement trop profond. Les réactions avec l'eau seront modifiées, car l'argile en surface piègera davantage d'eau.
Le sous-solage entraîne plutôt la fissuration des couches profondes du sol, sans pour autant bouleverser sa structure. Avant de le pratiquer, il est recommandé de creuser à la profondeur de travail pour vérifier la présence d'une semelle de labour et pour s'assurer le ressuyage suffisant du sol. Cela permet de réadapter la profondeur de travail si nécessaire. La ou les directions de sous-solage doivent couper le sens de la pente.
Selon l'écartement des coutres, un unique passage peut suffire pour atteindre l'ameublissement souhaité. Le défoncement moins profond peut être tout aussi bénéfique s'il est complété par le sous-solage qui, lui, n'a pas l'inconvénient de remonter les horizons les plus profonds.
Pour émietter et travailler en surface, on dispose du chisel et du cultivateur. Ils réalisent un décompactage léger. Equipés de rouleaux, ces instruments travaillent alors à une profondeur plus constante. Un dernier passage est nécessaire avant la plantation. Le sol doit être ameubli un mois avant, afin d'éviter l'excès d'air autour des racines des jeunes plants. Si l'on plante mécaniquement, le dernier passage doit être dans le sens de la plantation. La planteuse mécanique sera moins secouée par les sillons et plantera plus régulièrement.
Un bon travail du sol peut s'effectuer avec quatre ou cinq passages d'engins. Le coût de ces opérations est donc très accessible, environ 10 000 F/ha. Raison de plus pour bien diagnostiquer sa parcelle et attendre le meilleur moment pour effectuer la bonne opération.