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Drainer pour éviter l'asphyxie des racines

La vigne - n°127 - décembre 2001 - page 0

Le drainage favorise la bonne reprise des plantiers et la portance des sols. Malgré ses atouts, cet aménagement est peu développé en terre viticole.

Attendre de longues journées pluvieuses au printemps pour entrer sur sa parcelle et la traiter contre le mildiou... c'est l'apanage de tout vigneron dont les parcelles retiennent trop l'eau. Cela peut devenir un mauvais souvenir grâce au drainage. Cet aménagement est généralement envisagé quand les racines des vignes sont asphyxiées et ne descendent pas assez profondément. Mais une parcelle ne peut être drainée qu'après un diagnostic poussé. Celui-ci sert à concevoir et à dimensionner les aménagements nécessaires (drains et collecteurs) à éliminer le surplus d'eau de la parcelle.
La pente, les arrivées d'eau en amont et le point bas imposent l'emplacement des collecteurs et le point d'exutoire. Ensuite, la nature du sol, sa profondeur et le sens des rangs déterminent l'orientation, l'écartement et la profondeur des drains. L'itinéraire technique et le matériel de travail du sol entrent aussi dans sa conception. Sans oublier d'autres facteurs, comme la présence de conduits ou de câbles souterrains.
Les deux premiers paramètres souvent imposés par la topographie sont l'emplacement du collecteur et celui de l'exutoire. Le collecteur doit se déverser dans un fossé ou un ruisseau sans causer de dégâts dans une parcelle voisine. La quantité d'eau à évacuer donne le dimensionnement du réseau. Si les parcelles en amont ne sont pas drainées, il est possible de doubler, voire tripler les quantités d'eau à évacuer. Le débit d'eau extrait d'une parcelle peut aller de 2 à 4 l/s/ha. Des abaques permettent de déterminer la taille des collecteurs en fonction du débit. Tandis que les drains sont souvent de 65 mm, les collecteurs vont de 100 à 600 mm. Les plus gros sont posés à la pelleteuse, et non à la draineuse.

L'analyse du sol informe sur sa granulométrie et sa nature. En fonction de la porosité en surface, les drains seront plus ou moins profondément installés et écartés. Ils sont généralement posés à plus de 1 m de profondeur et à environ 10 m les uns des autres. Deux paramètres sont à prendre en considération pour dessiner le réseau de drainage : chaque drain doit couper, d'une part, le sens d'écoulement naturel de l'eau et, d'autre part, le sens de labour. ' Ces deux exigences permettent d'obtenir un effet maximum du drain ', spécifie Michel Gaillouste, de la chambre d'agriculture de la Nièvre.
Il est recommandé d'entourer les drains en PVC d'un remblai poreux, comme du gravier, dans les sols argileux très lourds, impropres à la vigne. ' Dans les autres sols, le gravier est peu utile ', affirme Bernard Vincent, au Cémagref d'Antony. ' Effectivement, les racines des vignes ne colmatent pas les drains ', confirme Jean-Claude Caussé, de la Cuma de drainage à Albi. Pourtant, dans certaines régions de graves, on a recours au gravier pour entourer les drains...
Dans le cas d'un enherbement, les drains ne font pas bon voisinage avec les adventices à racines profondes, comme le colza ou le rumex. Mais le ray-grass et le trèfle blanc sont, eux, sans danger. Les racines des arbres peuvent aussi se faufiler dans les drains et les boucher. Selon l'espèce, une distance d'au moins 15 m est à respecter.

La draineuse trancheuse est adaptée aux sols plutôt limono-sableux. Elle réalise une tranchée à reboucher sur le drain. La draineuse sous-soleuse est plus adaptée aux sols argilo-calcaires. Elle éclate le sol, ouvrant une fente par laquelle on déroule le drain. Cette seconde pose est meilleure car ' le drain est enfoui et posé sur de la terre qui n'a pas été ameublie. Il ne risque donc pas d'y avoir des irrégularités de pente qui gênent l'écoulement ', explique Jean-Claude Caussé. Le coût de l'installation peut aller de 8 000 à 30 000 F/ha. La difficulté de la tâche et le besoin de gravier expliquent l'écart considérable entre ces prix. Il faut normalement moins de 10 000 F/ha pour installer un drainage. Les drains sont garantis dix ans, mais le PVC tient trente ans, car seuls les U.V. les dégradent.
Pour prévenir tout bouchon dans le réseau, un entretien annuel de l'exutoire est recommandé. Le fossé doit être désherbé et récuré. S'il s'encombre trop rapidement, un bétonnage local est envisageable. ' On voit où le drain est bouché, car la terre y est très humide et l'excès est récupéré dans le drain un peu plus en aval ', explique Didier Jalby, de la Cuma de drainage d'Albi. D'après lui, si les drains se bouchent, c'est en raison d'une erreur de conception, de l'obstruction de l'exutoire ou de l'invasion par des racines.
La pose des drains peut se faire toute l'année, sauf quand la terre est trop gelée. Si l'on opte pour l'ajout de gravier, un camion devra le verser progressivement. La parcelle doit donc être suffisamment ressuyée. La pose des drains s'effectue avant tout travail profond, pour qu'ils soient placés dans une terre ferme, ce qui évite le tassement différentiel du sol. ' A peine posé dans une parcelle très humide, l'eau coule déjà dans le drain ! ', s'exclame Jean-Claude Caussé. La parcelle peut être travaillée juste après l'aménagement du réseau. Mais une année de repos pour le sol favorise sa bonne installation. En termes d'évacuations des excédents d'eau, beaucoup sont déjà prévues. Mais rien n'est encore autorisé pour se protéger des excès de sécheresse...

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