Construit à des fins publicitaires en 1909, le phare de Verzenay abrite désormais le musée de la vigne, entièrement consacré au vignoble champenois.
Un phare en pleine Montagne de Reims, à 300 kilomètres des premières mouettes, pourrait sembler insolite. Surprendre, c'était sans doute l'objectif de Joseph Goulet, négociant en champagne, qui fit édifier ce monument en 1909 à des fins publicitaires. ' Un phare au milieu d'une mer de vignes ', telle fut l'ingéniosité de Joseph Goulet pour communiquer sur sa marque. Un projet particulièrement fructueux puisque les habitants de Reims et de la région s'y rendaient massivement en empruntant le train régional. Pour quelques centimes, on venait danser, se restaurer, écouter la musique en plein air et, bien sûr, déguster le ' champagne du phare '. A son sommet, une lanterne rotative émettait un rayon lumineux qui balayait lentement les vignes. Il ne manquait plus que les cornes de brume pour les matins d'hiver...
La Première Guerre mondiale est survenue, et les célèbres batailles de la Marne ont succédé à l'ambiance festive du phare de Verzenay. Ce dernier sombra dans l'oubli et l'épreuve du temps commença à le détériorer sérieusement. En 1987, Verzenay en fait l'acquisition et le sauve de l'effondrement. Puis la communauté de communes Vesle-Montagne de Reims le rachète en 1994 avec le souhait d'en faire un musée qui a ouvert ses portes en 1999, renouant 90 ans après Joseph Goulet à sa vocation touristique.
L'accès au musée s'effectue par une longue passerelle en bois, qui à l'image d'une jetée, permet de prendre contact en douceur avec les ceps de vigne environnants. A l'entrée du musée, une exposition de photos anciennes et contemporaines retrace l'histoire des lieux et fait patienter les visiteurs avant de se rendre à la salle des territoires champenois. Cet espace en forme de demi-lune comprend une grande maquette du vignoble. Au fil d'un diaporama de dix-huit minutes, un projecteur éclaire la maquette, dévoilant l'aire d'appellation selon le climat, le terroir ou encore les cépages. Tous les facteurs climatiques et géographiques essentiels à la naissance du champagne sont expliqués avec simplicité. Cette entrée en matière au royaume du champagne se poursuit par la découverte concrète du paysage local le long du belvédère de 100 mètres, étayé de photographies géantes et entrecoupé par des fenêtres qui permettent, par un simple regard, de découvrir en situation le paysage. La descente du phare continue avec une fresque historique très animée qui retrace la crise du phylloxéra, la révolte de 1911 et d'autres moments fondateurs de l'appellation Champagne. Puis, la salle de la Ronde des saisons présente le cycle végétatif de la vigne et les différents travaux liés à ce développement. Les bâtons de Saint-Vincent et bien d'autres costumes traditionnels accompagnent les visiteurs dans la dernière salle, où ils vont à la rencontre des vignerons grâce à un film de quinze minutes sur les hommes et les femmes qui élaborent le champagne.
La mer de vignes se contemple également de l'extérieur, dans le jardin panoramique qui comprend les trois cépages champenois façonnés avec les différents modes de taille autorisés. La visite du phare s'inscrit en complément d'un petit tour dans l'une des grandes caves de Reims ou d'Epernay. Ce musée, unique dans son genre en Champagne, concrétise la volonté de multiplier les initiatives touristiques liées au champagne. Au regard des ventes qui enregistrent un petit passage à vide, il n'est en effet certainement pas inutile de rappeler aux nombreux touristes qui empruntent la route du champagne que ces bulles- là ne sont pas reproductibles dans d'autres terroirs...