L'apparition des symptômes est retardée en laissant reposer le sol. Financièrement, cette attente n'est pas toujours concevable. On fait alors appel à une entreprise de travaux agricoles pour désinfecter la terre.
Pourquoi acheter des plants certifiés sans virus si sa parcelle est infectée de nématodes transmettant le court-noué ? Autant les éliminer par un traitement ou par un repos du sol. La présence de cette virose s'établit grâce aux symptômes sur les vignes. Un test Elisa sur une feuille lève le doute sur la présence du virus GFLV ou de l'ArMV. Une analyse de terre permet de détecter la présence de Xiphinema index et Xiphinema diversicaudatum. Si un repos du sol n'est pas possible, une désinfection s'impose. Mais même en désinfectant, un repos d'un an sera avantageux, car il favorise la mortalité des nématodes.
Trois molécules sont proposées pour désinfecter les sols. Ces formulations sont toxiques et demandent un matériel spécifique pour leur application. C'est pourquoi les firmes et leurs distributeurs conseillent des applicateurs. ' Cela évite au vigneron de 'bricoler' et garantit une meilleure qualité de l'opération ', explique un responsable d'une firme proposant l'un des produits. Les prix des traitements englobent donc l'achat de la matière active et l'application. Leur efficacité contre les nématodes dépend du type de sol, de sa profondeur, de la qualité de sa préparation et du savoir-faire de l'applicateur. Etant donné qu'il faut faire appel aux services de sociétés extérieures, il faut prévoir à l'avance son chantier de désinfection.
La désinfection des sols avec un gaz doit être réalisée dans des conditions strictes. La terre doit être à une température entre 12 et 18°C. L'humidité du sol est aussi un facteur de faisabilité, car l'excédent d'eau piège le gaz et réduit son efficacité. Le sol doit être émietté, préparé et ressuyé comme pour un semis. Ces conditions sont vérifiées par l'applicateur avec un thermomètre pieux qu'il enfonce dans la terre. ' Il permet aussi de détecter la présence d'une semelle de labour ', dit Alain Martin, applicateur dans le Vaucluse. Deux gaz sont homologués pour combattre les nématodes.
Le premier gaz est le dichloropropène, vendu sous les noms DD92 (BASF), Dorlone 2000 et Télone 2000 (Dow AgroSciences). Ce fumigant a une double action : nématicide et phytotoxique contre les radicelles des vignes. Le sol est immédiatement plombé derrière l'injection par les coutres, pour refermer les cheminées par lesquelles le gaz pourrait s'échapper. Ensuite, un passage au rouleau favorise sa rétention dans le sol. Le dichloropropène doit être appliqué trois mois avant la plantation. Une aération préalable favorise la libération des dernières vapeurs. En cas de doute sur sa présence dans le sol, il existe un test facile. Il consiste à comparer, dans deux bocaux, la germination du cresson sur de la terre traitée et non traitée. Si un retard est constaté, c'est que le gaz exerce toujours sa phytotoxicité. Ce traitement avoisine les 15 000 F/ha. Le second gaz est le métam-sodium. Touzan propose Esaco à 1 200 l/ha contre le court-noué. A 2 000 l, il protège aussi du pourridié. A ces dosages, le traitement coûte respectivement 17 000 F et 27 000 F/ha. Deux mois sont préconisés avant la plantation. Le sol ne doit pas être touché pendant les quatre semaines qui suivent le traitement. Enzone est le second produit homologué pour le pourridié. Vendu par Calliope et appliqué à 1 000 l/ha, il faut compter 25 000 F/ha.
Une autre molécule est agréée contre les nématodes, l'aldicarbe. Le Temik 10G ne peut être appliqué que par une entreprise de travaux agricoles agréée par Aventis. Les parcelles à traiter doivent répondre à certains critères afin de limiter les risques environnementaux. Jusqu'à maintenant, seules 7 % des parcelles auraient été refusées par la firme. Parfois, tout ou partie d'une parcelle peut ne pas être traité, car elle se trouve près d'un ruisseau ou d'un puits. Contrairement aux autres formulations, ce produit en granulés ne nécessite qu'un semoir pour l'enfouir dans les cinq premiers centimètres du sol. Les conditions d'application sont plus souples : tout sol du moment qu'il est bien émietté et suffisamment humide, à toute température, et un an après l'arrachage.
La plantation peut suivre immédiatement le traitement car les microgranulés ne sont pas phytotoxiques. La dose à apporter est de 200 kg/ha et l'opération complète coûte 18 500 F/ha. Le Témik 10G est préféré sur les parcelles difficiles d'accès pour le matériel d'injection des gaz, et sur celles qui n'ont pas pu être traitées à temps avec les fumigants. En plus, depuis l'instauration de la TGAP, ce produit devient plus compétitif.
Malheureusement, la désinfection ne permet que de retarder la contamination des ceps par le court-noué. Mais son impact sera moindre lors d'une contamination plus tardive. De nouvelles perspectives de lutte apparaissent grâce à l'obtention de porte-greffes résistants au nématode ou de vignes résistantes au virus, obtenus à partir de croisements avec d'autres plants du genre Vitis résistants. Mais leur usage n'est pas encore envisageable.