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Vallée du Rhône, une communication commune

La vigne - n°128 - janvier 2002 - page 0

Au cours de cette année 2001 et pour la première fois de leur histoire, les côtes du Rhône communiquent d'une seule et même voix. La nouvelle campagne de promotion grand public, lancée par Inter Rhône en décembre, associe toute la pyramide des vins de l'appellation : côtes-du-rhône régional, villages, et crus. L'appellation Gigondas, dont l'adhésion aux accords interprofessionnels a été officialisée le 9 novembre 2001, en fait également partie. En portant haut et fort le nom des crus les plus prestigieux (côte-rôtie, crozes-hermitage, vacqueyras...), l'interprofession espère mieux valoriser l'appellation régionale côtes du Rhône, force vive du vignoble.
Cette campagne publicitaire, qui sera dans la presse pendant plusieurs mois, marque un tournant dans l'histoire de l'appellation à d'autres titres. D'abord, en terme de budget : plus de 3 millions d'euros (20 millions de francs) lui sont consacrés. Avec cette somme, les côtes du Rhône se placent parmi les premiers investisseurs sur le marché publicitaire des vins en France. Ensuite, en terme de notoriété. ' Pour faire face à la concurrence, il faut aller vite et être innovant , souligne Philippe Verdier, responsable marketing d'Inter Rhône. Notre objectif est de devenir leader en terme d'image. ' Le thème et le traitement de la campagne, axée sur les cinq sens (goût, ouïe, odorat, vue et toucher) se veulent ainsi novateurs.

Le quatuor formé par les jeunes appellations de la vallée du Rhône (coteaux du Tricastin, côtes du Ventoux, côtes du Luberon, costières de Nîmes) a aussi adopté un langage de communication hors normes. Elles ont décidé de se regrouper pour travailler leur image auprès, cette fois, de la grande distribution. ' Ensemble, elles représentent 100 millions de cols, d'où l'intérêt de faire front auprès de ce circuit ', commente Philippe Verdier. De cette union est née La nouvelle Ecole de la vallée du Rhône. C'était cet automne. Les outils de communication ont été habillés à la mode des années 70 et font référence au pop art.
Toujours au niveau de la promotion, mais plus sobre, notons l'organisation, pour la première fois dans la région, des Journées de découverte en vallée du Rhône. Cette série de mini-expositions, destinées aux professionnels, s'est tenue dans l'ensemble du vignoble rhodanien en mars. ' Nous avons voulu faire découvrir la diversité des appellations et des terroirs de la vallée du Rhône ', annonce-t-on. La manifestation sera reconduite en 2003.
L'autre fait marquant de cette campagne 2000-2001 est la perte de parts de marché des côtes du Rhône sur le segment phare des premiers prix en France et en Europe. Avec une récolte 2000 moyenne, à 2,18 millions d'hectolitres, et un disponible équivalent à l'année précédente, l'appellation a démarré la campagne avec des cours fermes, entre 121,96 et 126,53 euros/hl (entre 800 à 830 F/hl). Le créneau des vins à moins de 1,52 euros la bouteille (10 F/bouteille) a été investi par les appellations concurrentes, notamment Bordeaux. Résultat : les sorties de chais sont en retrait de 6 %. Le chiffre d'affaires a cependant progressé de 3 %. ' Les belles cuvées de vin se sont bien vendues, signale Jérôme Villaret, responsable du service économie d'Inter Rhône. 20 % des vins des côtes du Rhône se sont échangés au-dessus de 129,58 euros/hl (850 F). '

Les gains de parts de marché au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et au Japon, demandeurs de produits à forte valeur ajoutée, ont également permis de maintenir un courant d'affaires positif. La qualité du millésime 2000 a donné un bon coup de pouce à ces marchés internationaux.
Dans ce contexte, l'appellation côtes du Rhône villages a enregistré un niveau record de récolte à 336 000 hl en 2000, contre 332 000 hl en 1999. ' Les marchés ont absorbé la progression. 323 000 hl ont été commercialisés en 2000-2001 , souligne Jérôme Villaret. C'est le signe que les opérateurs n'ont pas ménagé leurs efforts sur cette appellation, tant à la production qu'au négoce. ' Seule ombre au tableau : l'augmentation minime, mais régulière, des stocks d'une année sur l'autre. Le stock actuel n'inquiète pas encore les professionnels. La crainte qu'une production élevée en 2002 vienne ébranler l'équilibre actuel se profile cependant. Dans ce climat, l'appellation côtes du Rhône s'est élargie : neuf nouvelles communes dans le Gard et une dans le Vaucluse. Elle gagne ainsi 1 000 ha et un potentiel de 40 000 à 50 000 hl supplémentaires.

Les côtes du Rhône tirent les premières leçons de la mise en place du SAQ (suivi en aval de la qualité). Les premiers dossiers sont en train d'être transmis aux fraudes. ' Les goûts de bouchon constituent la première cause de non-qualité des vins ', indique Jean-François Ormières, responsable du service recherche et développement d'Inter Rhône à l'Institut rhodanien d'Orange (Vaucluse). Ce constat s'est soldé par la mise en place d'un groupe de travail sur les goûts de bouchon. Il doit aboutir à la création d'une base de données sur la qualité des bouchons utilisés par les embouteilleurs régionaux, et à l'établissement d'une méthodologie en matière de prévention. Dans la foulée, un programme ' Observatoire de la qualité ' a vu le jour. Toujours à partir du suivi des vins dans les linéaires, ce programme consiste à assurer un suivi des millésimes et des composés à risque. 2001 consacre ainsi la montée en puissance du SAQ, dont la mission s'étend à l'exportation. Les côtes du Rhône revendiquent aussi leur identité en matière oenologique : les laboratoires institutionnels et huit laboratoires indépendants ont signé une convention pour le développement d'une ' oenologie rhodanienne '. En matière phytosanitaire, un premier cas de flavescence dorée a été décelé entre les communes du Pègue et de Rousset-les-Vignes (Drôme).
La protection des terroirs est restée dynamique durant l'année 2001. Les vignerons de l'AOC Lirac se sont battus, sans succès, contre l'installation d'une entreprise spécialisée dans la fabrication d'aliments secs pour animaux sur la commune de Roquemaure (Gard). Un projet d'implantation d'éoliennes dans le Vaucluse suscite l'inquiétude du syndicat des vignerons des côtes du Rhône. Ce dernier a d'ailleurs créé un service juridique destiné à la protection des terroirs. D'autres services adaptés aux besoins des vignerons ont été mis en place : un conseil en droit social et un pôle d'assistance commerciale pour les unités de vinification.

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