Depuis la découverte des premiers foyers, en 2000, la flavescence dorée reste la principale préoccupation des professionnels savoyards. L'arrêté préfectoral, pris en février 2001, imposait l'arrachage des pieds contaminés et la lutte obligatoire contre la cicadelle vectrice sur vingt et une communes, soit une superficie de 480 ha. La campagne de prospection menée à l'automne 2001, et dont les résultats ne sont encore que partiellement connus, fait apparaître une forte progression de la maladie.
' La flavescence incube pendant au moins un an avant que les symptômes ne soient visibles. Elle a donc dû se propager rapidement en 2000, alors que nous ne l'avions pas encore détectée , explique Marie-Laure Mascia, technicienne à la chambre d'agriculture. En 2001, nous avons trouvé de nombreuses parcelles affectées car l'effort de prospection a été très important. Pour savoir si elles augmentent réellement, il faudra attendre l'automne 2002. '
Lors de l'assemblée générale du Syndicat régional des vins de Savoie, qui se tenait le 5 décembre dernier, les professionnels ont marqué leur intention de prendre dès à présent le problème à bras le corps. Ils ont voté une motion pour demander à la préfecture que tout le vignoble soit placé en zone de lutte obligatoire. Ils souhaitent par ailleurs que les pépiniéristes, nombreux en Savoie, réalisent systématiquement le traitement des plants à l'eau chaude afin de mener une action préventive contre la flavescence dorée. ' Ce traitement pose plusieurs problèmes, rappelle Philippe Grisard, président des pépiniéristes de Savoie. Tout d'abord, le surcoût est important : qui le supportera ? Ensuite, ce traitement peut entraîner un retard de débourrement de quinze jours à un mois, avec un taux de reprise inférieur. Qui paiera pour le remplacement ? Nous sommes prêts à réaliser le traitement à la demande des clients, mais chacun devra prendre ses responsabilités. ' Ces différents points sont en discussion avec l'ensemble des partenaires de la filière du département et de la région.
Economiquement, le vignoble savoyard se porte bien, avec des volumes commercialisés pratiquement stables. La légère augmentation des stocks - qui passent de 55 400 à 67 000 hl entre 2000 et 2001 - est liée au changement des dates de déclaration des stocks, et donc au fait que la campagne 2000-2001 ne comptait que onze mois. Les prix sont quant à eux restés stables, avec un réajustement des cours du vrac pour les plus bas prix. En terme de droits de plantation, les professionnels savoyards en ont obtenu 20 ha, alors qu'ils en demandaient 10 de plus.
' La règle du 1 % de la surface du vignoble est appliquée, explique Michel Bouche, directeur du syndicat. Il y a cependant une injustice, car un petit vignoble obtient forcément moins de droits qu'un grand. Pourtant, notre tableau de bord est précis et bon ; nos demandes, qui restent raisonnables, devraient donc être satisfaites. '
Les vins rouges, qui représentent environ un tiers de la production, restent très demandés ; on enregistrait une pénurie sur le marché du vrac en fin d'été 2001. Les quantités produites sont en effet à peine suffisantes pour couvrir le marché local.
Au niveau des plantations, la proportion rouge/blanc reste stable, car tous les secteurs géographiques ne conviennent pas pour produire des rouges de qualité. Cependant, au sein des vins rouges, on observe une réorientation des plantations vers la mondeuse au détriment du gamay. ' Les professionnels jouent la carte de la typicité et de l'originalité pour répondre aux attentes des consommateurs. Les gros efforts, réalisés depuis dix-quinze ans, permettent aux vignerons de produire des mondeuses de qualité et de bien les valoriser ', observe Michel Bouche.