Pour choisir un amendement ou un engrais organique adapté à sa parcelle et à ses objectifs agronomiques, plusieurs éléments doivent être pris en compte.
Dans le domaine technique, il y a des effets de mode qui recouvrent parfois simplement un retour aux sources ! Après avoir été négligée ces dernières décennies, la matière organique, qui occupait une place centrale dans les pratiques agronomiques anciennes, est à nouveau prise en considération. Mais il ne suffit pas d'amener ' de l'organique ' pour bien faire. Il existe plusieurs types de produits répondant à des usages différents. Pour clarifier l'offre, améliorer les garanties offertes aux utilisateurs et préserver les sols pour les générations futures, une vaste entreprise de révision des normes est en cours. Elle ne s'achèvera pas avant 2003, mais les principaux fabricants ont déjà commencé à utiliser de nouveaux critères permettant de mieux caractériser leurs produits.
Avant de réaliser des apports organiques, il faut connaître son sol, déterminer ses objectifs, puis choisir entre les engrais et les amendements.
Les engrais, constitués principalement de matières premières animales, ont avant tout un rôle de nutrition des plantes et de stimulation de l'activité biologique du sol. Les amendements, constitués essentiellement de matières premières végétales, permettent de rectifier ou d'entretenir le taux d'humus. Ils ont donc un effet, à long terme, sur la structure du sol et la nutrition des plantes. Ils agissent aussi à court terme, mais de façon plus réduite, sur la nutrition et l'activité biologique.
Ces deux catégories de produits ont chacune leur norme. Les engrais se caractérisent par leur teneur en éléments fertilisants (N, P, K). Ceux-ci seront libérés progressivement par la minéralisation et mis à la disposition de la vigne. L'intensité de la minéralisation dépendra du type d'engrais, du sol et du climat. Actuellement, des études sont en cours pour essayer de la modéliser.
Les amendements se caractérisent, en premier lieu, par un taux de matière organique. Pour calculer les doses à apporter, il faut tenir compte du pourcentage transformable en humus. Le coefficient isohumique, ou K1, établi au champ après trois années d'expérimentation, est connu pour les amendements classiques, mais pas pour les nouveaux produits. Pour évaluer leur aptitude à donner des composés organiques stables, de nouveaux critères sont utilisés depuis quelques années par les laboratoires d'analyses et par les fabricants, qui s'en servent pour choisir leurs matières premières et contrôler leurs produits finis.
L'indice de stabilité biologique, ou ISB, a été mis au point par l'Inra de Bordeaux, et l'indice de caractérisation biochimique de la matière organique, ou CBM, par la Sadef, dans le Haut-Rhin. Ces deux démarches reposent sur un même principe, mais différent dans le calcul final de l'indice. Une harmonisation est à l'étude dans le cadre de la révision des normes. ' Nous analysons la répartition des fractions de la matière organique, glucides solubles, hémicellulose, cellulose, lignine et cutine, qui ont des résistances différentes à la minéralisation. Cela nous permet d'évaluer en laboratoire la stabilité potentielle des amendements ', explique Monique Linères, de l'Inra de Bordeaux.
L'indice obtenu ne tient pas compte des conditions d'évolution de la matière organique une fois épandue, à la différence du K1, mais les deux critères donnent un classement des amendements comparable. ' Cela ne veut pas dire pour autant qu'il faille rechercher systématiquement la stabilité maximale. Celle-ci est utile dans certains cas pour corriger les propriétés physiques du sol. Mais un amendement de stabilité moyenne peut avoir un effet structurant et nutritif tout à fait intéressant, à condition de pouvoir évaluer les éléments qu'il apporte et d'en tenir compte dans le raisonnement de la fertilisation . '
L'Inra de Grignon mène des travaux complémentaires sur la fraction minéralisable des produits organiques. ' Nous avons mis au point une méthode qui permet d'évaluer en trois mois la vitesse de biodégradation du carbone et de minéralisation de l'azote, dans un sol de référence. Nous pouvons ainsi comparer le potentiel de fertilisation et d'activation biologique des différents produits ', dit Sabine Houot.
D'autres critères pratiques entrent en ligne de compte. S'il faut apporter de grandes quantités pour remonter le taux de matière organique, l'amendement retenu doit être, soit très pauvre en azote, soit très stable. ' Dans ce cas, mieux vaut se tourner vers des amendements simples produits localement, pour diminuer le coût unitaire et pouvoir apporter toute la dose nécessaire ', souligne Marie-Claire Pajot, du laboratoire LCA 33. Les contraintes d'épandage doivent également être prises en compte. Les bouchons, faciles à apporter avec un épandeur à engrais classique, conviennent bien à l'entretien des sols sans déficit important.
Enfin, avant d'apporter de la matière organique, il faut s'interroger sur l'activité biologique du sol. Si elle est trop faible, les apports ne pourront pas être valorisés.