Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2002

La filière du vin très touchée par la crise

La vigne - n°129 - février 2002 - page 0

L'Argentine est secouée par une grave crise financière et économique. La population est descendue dans la rue. La filière du vin est en difficulté.

Depuis plusieurs mois, l'Argentine fait la une de l'actualité internationale. ' Notre pays est ruiné ', a même déclaré son président. C'est également l'un des poids lourds de la viticulture mondiale (200 000 ha) qui vacille. Le 7 janvier, le peso argentin a dévalué de 40 %, un dollar est maintenant égal à 1,40 peso contre une parité auparavant. Avec la peur de l'inflation, le coût des matières premières se renchérit : de 5 à 15 % pour celles produites dans le pays (bouteilles, sucre...), de 30 à 40 % pour celles importées (bouchons, sulfate de cuivre...). Par ailleurs, les fournisseurs, méfiants, exigent souvent le paiement comptant... quand ils ne cessent pas de livrer les bodegas par crainte de l'impayé. ' Nous devons traiter la vigne, mais les distributeurs refusent de vendre ', déplore Osvaldo Domingo, directeur de Domingo Hnos, une bodega familiale de Cafayate (nord du pays). Pendant ce temps, les supermarchés continuent, eux, à régler leurs fournisseurs à 90 jours, voire 120 jours...
L'arrêt de l'activité bancaire pendant trois semaines et l'absence de liquidités (le peso, remplacé par des bons, ayant presque disparu de certaines régions) ont provoqué la rupture de la chaîne des paiements, mettant déjà certaines bodegas en situation de dépôt de bilan. Certains estiment, qu'au cours du premier semestre, les cessations d'activité vont se multiplier, notamment chez les bodegas les plus endettées. Le gouvernement modifiant sans cesse les règles du jeu, la filière du vin reste paralysée jusqu'à l'annonce du nouveau plan économique. Depuis la mi-décembre, les investissements sont arrêtés, aucun crédit n'est plus accordé.
La quarantaine de bodegas travaillant à l'export (seulement 7 % de la production nationale concernés) sont, de fait, moins touchées par la baisse de la consommation intérieure. Un phénomène fort puisque les classes sociales basses et moyennes, principalement affectées par la récession, perdent une grande part de leur pouvoir d'achat.
Humberto Ballestra est propriétaire d'une petite bodega orientée sur le vin de table consommé localement. Il y a quatre ans, avant le début de la crise, son prix de vente était de 35 centimes d'euros/litre (2,30 F), il a aujourd'hui chuté à 7 c (0,46 F)... alors que les coûts de production sont de 20 c/l (1,31 F). ' A ce prix, impossible de continuer. J'ai investi dans la qualité en plantant des variétés nobles pour l'exportation. Je cherche des débouchés au Brésil. ' Point positif de la dévaluation, ' elle nous rend plus compétitif à l'exportation ', explique Jose Zuccardi, président de l'Union vitivinicole argentine.
Selon Enrique Louis Thomas, président de l'Institut national de vitiviniculture, plus de 100 000 personnes vivent de la viticulture dans la région de Mendoza. Bien que les zones rurales montrent peu de signes d'agitation, les autorités sont préoccupées par la situation des bodegas. Les vendanges vont commencer en mars et certains producteurs, en l'absence de liquidités, ne savent pas comment payer les travailleurs occasionnels. Certains se demandent même s'ils vont récolter les variétés bas de gamme... Les premières mesures ont été prises fin janvier : 100 000 hl de vin en stock seront distillés. Rappelons que traditionnellement, environ 30 % de la récolte est destinée, en Argentine, à la fabrication de moût. Ce sera autant de moins sur le marché du vin...

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :