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Désherbage thermique : une alternative à l'étude

La vigne - n°129 - février 2002 - page 0

Plutôt que détruire les mauvaises herbes à l'aide de désherbants, une alternative consiste à les brûler. Elle suppose d'intervenir sur des plantes jeunes à une vitesse limitée afin de leur faire subir un choc thermique fatal.

Le désherbage thermique repose sur l'utilisation de gaz pour détruire les adventices par choc thermique. La partie aérienne de la plante est soumise à une brève et forte élévation de température, qui provoque son dessèchement dans les jours suivants. Comme l'enherbement naturel maîtrisé, cette technique a pour objectif de limiter la concurrence de la flore naturelle sans l'éliminer totalement. Elle repose sur des interventions à vue chaque fois que la couverture en adventices l'exige (hauteur de 15-20 cm). En fonction des conditions climatiques de l'année, quatre à sept passages sont nécessaires. Le premier doit être réalisé tôt, avant le débourrement, pour limiter le potentiel d'adventices et les risques de gel de printemps.
A l'heure actuelle, le désherbage thermique est plutôt envisagé comme une technique complémentaire. Il peut être ainsi combiné avec un désherbage de post-levée ou remplacer le travail du sol lorsque les conditions climatiques sont défavorables.
Plusieurs types de matériel sont disponibles, mais la plupart demandent encore une validation au niveau des vignobles. Ils reposent sur l'utilisation de brûleurs à flamme directement en contact avec la plante. Les brûleurs à infrarouge ont été abandonnés car ils nécessitent un temps de chauffe trop long. Selon le type de matériel, les brûleurs peuvent être munis ou non de protection. Lorsqu'ils sont nus, l'application dépend davantage du climat (vent) et la consommation de gaz est augmentée par les pertes de chaleur. Le gaz utilisé est du propane liquide, dont la combustion ne génère ni odeur, ni résidu autre qu'un dégagement de gaz carbonique. Le matériel peut être utilisé en vignes étroites ou larges. Mais les références concernant l'efficacité et les conditions optimales d'utilisation sont peu nombreuses. D'après les essais menés en Bourgogne et en Bordelais depuis 2000, la vitesse d'avancement doit rester faible, de 2 à 3 km/h. La pression de travail comprise entre 1,5 et 3,5 bars induit une consommation en gaz de 75 à 120 kg/ha/passage. Pour la sécurité de l'utilisateur, le matériel doit être correctement réglé et entretenu afin d'éliminer tout risque d'incendie.

A l'issue d'un passage, seules les parties aériennes sont détruites. Lorsque l'intervention est effectuée sur des adventices dont la hauteur n'est pas trop importante (moins de 15-20 cm), l'efficacité est comparable à celle d'un herbicide de contact classique. Cette efficacité reste cependant conditionnée par le stade et la sensibilité de l'adventice. Au stade cotylédon ou plantule, l'intervention provoque, en général, la mort de la plante. Sur des adventices développées, une repousse s'opère à partir des réserves accumulées dans les racines. Certaines plantes (chardon, laiteron) sont naturellement résistantes à la chaleur alors que d'autres (liseron, véronique) grillent plus facilement.
L'impact du désherbage thermique sur la vigne est variable selon le mode de conduite, la hauteur de travail des brûleurs et la maîtrise de la bulle d'air chaud générée en périphérie des flammes. Dans certains cas, il est possible d'observer des retards de végétation (grillures sur feuilles), voire des pertes de récolte (grillures sur inflorescences ou sur grappes). Ces dégâts peuvent aussi être la conséquence de prises de flamme sur des adventices de type graminée, qui ont été séchées par les passages précédents. Par ailleurs, la protection des remplaçants de manquants doit être particulièrement renforcée, sous peine de grever fortement le taux de reprise.

Signalons que l'impact sur la faune auxiliaire et la biologie des sols n'a pas encore été étudié. Cependant, des réalisations de profil thermique ont montré que la brève élévation de température lors d'un passage ne concernait que les tous premiers centimètres du sol. De plus, la technique autorise la présence d'un couvert herbacé temporaire, ce qui favorise l'activité biologique des sols.
Des références précises concernant les coûts de matériel, de main-d'oeuvre et de matières premières, sont en cours d'acquisition. Malgré ces inconnues, il est évident que le principal intérêt du désherbage thermiques réside dans le fait qu'il ne génère aucune pollution. Il constitue donc une alternative à l'emploi d'herbicides qui peuvent contaminer les nappes d'eaux.

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