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Fertiliser avec raison et précision

La vigne - n°131 - avril 2002 - page 0

Les vignerons se penchent plus sur les questions de nutrition et de fertilisation azotée. Les manques de connaissance et de conseils pratiques adaptés demandent à être comblés.

Les vignerons s'intéressent de plus en plus à la contribution du sol, essentielle à la croissance équilibrée de la vigne. Le souci de produire des vins de qualité fait remonter la réflexion à la source : la nutrition de la vigne. De multiples questions mettent en évidence des points d'ombre sur la nutrition et de la fertilisation. Le pilotage raisonné de la fertilisation azotée n'est pas encore au point.
Avec le désherbage chimique, la vigueur de la vigne s'était emballée. Les vignerons ont souvent limité la fertilisation azotée, ou en ont fait l'impasse. Mais depuis que l'enherbement est de mise, la vigne produit parfois des raisins carencés en azote, induisant des problèmes de fermentation. Cette technique a donc obligé les vignerons à changer de stratégie. Mais la relation entre la fertilisation azotée et l'excès de vigueur a bloqué longtemps certains d'entre eux.

Plusieurs cas d'école sont présents parmi les vignerons. Certains répètent inlassablement les mêmes apports d'engrais sans se poser de question, et ceci sur l'ensemble des parcelles, sans se préoccuper des besoins particuliers de chacune. D'autres se posent des questions sans obtenir de réponses satisfaisantes. Les techniciens proposent souvent des solutions assez standardisées. Celles-ci s'avèrent adaptées et performantes. Mais parfois non. Et même avec une analyse de sol, on est souvent désemparé pour diagnostiquer les besoins de la vigne. Ce manque de bases concrètes pour sa nutrition laisse place à de véritables ' gourous ', qui amènent une part de bonnes idées, mais aussi trop de ' poésie '. Dans une culture aussi traditionnelle et où les hommes prennent une place aussi considérable qu'en viticulture, les beaux discours sont souvent appréciés. Surtout lorsqu'il y a peu de données scientifiques pour se guider. Certains vignerons s'obstinent à épandre des engrais organo-minéraux. Mais ils contiennent au minimum 1 % de matière organique, le reste étant donc rapidement assimilable par la vigne. Ou alors lessivable. ' Dans un sol présentant une structure correcte et une vie microbienne active, pour être le plus précis, c'est la forme minérale qui est la meilleure ', explique Pascal Guilbault, de la chambre d'agriculture de Gironde. Ceux qui s'obstinent à épandre des engrais organiques prennent le risque de voir leur décomposition aboutir à des disponibilités d'azote en période où la vigne en profitera seulement pour prendre de la vigueur. De nombreux paramètres sont à envisager pour comprendre la libération d'azote par la matière organique.

' Les vignerons courent après une qualité mais, au fond, ils ne savent pas comment s'y prendre ', indique-t-on dans une firme d'engrais. La viticulture raisonnée ne comprend plus uniquement la lutte, mais également la fertilisation. Sur un sol sain, les besoins en fertilisation sont souvent faibles. On vise généralement un apport d'environ 30 u par hectare et par an, mais cela manque de précision. La zone et la période d'application sont stratégiques. Sur vigne enherbée, l'apport n'est efficace que sur le rang. La période pendant laquelle l'apport est vraiment nécessaire se situe entre le début du cycle végétatif jusqu'à la floraison. C'est à ce moment-là que la vigne croît principalement sur ses réserves. Un apport d'azote minéral assure une disponibilité lors de la floraison.
A l'ITV de Villefranche-sur-Saône (Rhône), pour préciser la conduite de la fertilisation, on met en place de nouveaux essais. Leurs objectifs : trouver un moyen pour mesurer le stress azoté de la vigne et rechercher des outils de mesure pour diagnostiquer ses besoins de correction. Un long travail est entamé, car les enseignements des essais sont toujours longs à obtenir en culture pérenne. La nutrition pourra être mieux abordée en considérant l'ensemble sol-vigne. ' On cherche maintenant plutôt à nourrir le sol afin qu'il fonctionne bien. La vigne pourra y prélever en fonction de ses besoins ', explique Pascal Guilbault.


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