L'habillage des bouteilles ne comporte pas obligatoirement une capsule. Un sertissage à la cire de couleur assortie à une étiquette donne un packaging plus original.
Packaging et tradition se côtoient sur les bouteilles de Jean-Claude et Josiane Dufour, à Saint-Amour, dans le Beaujolais. Cela fait dix ans qu'ils s'affairent à habiller leurs bouteilles de cire. Les gestes peuvent paraître simples, mais il a fallu les mettre tous au point. En une saison, ils ont appris à bien manipuler la cire. Aujourd'hui, ils sertissent environ 8 000 bouteilles chaque année.
Il leur a fallu d'abord choisir la cire. La rouge semble être plus facile à manipuler. ' J'ai plus de difficultés à obtenir la bonne consistance avec la cire bleue. Quant à la grise, elle reste plus épaisse que les autres ', explique Jean-Claude Dufour. La cire doit être chauffée jusqu'à l'obtention d'une consistance onctueuse. Il faut veiller à ce qu'elle ne boue pas. Dans ce cas, après refroidissement, des aspérités apparaissent à la place des bulles contenues dans la cire. Par ailleurs, sa couleur peut légèrement virer si sa température reste trop longtemps élevée. La texture de la cire est un autre élément à surveiller. ' Si elle est trop chaude, la paraffine intégrée dans la cire peut ressortir ', explique Jean-Claude Dufour. En effet, il ajoute de la paraffine pour rendre la cire plus liquide et plus onctueuse. Le suif peut aussi servir à cet effet. Quant à la résine, elle rend la cire plus adhérente, et l'empêche de craquer en séchant. Lorsque la cire est prête, le coup de main est simple.
Jean-Claude et Josiane Dufour prennent une bouteille dans chaque main et trempent leur goulot dans la cire chaude pendant une seconde. Puis ils les font égoutter, tête vers le bas, pendant environ dix secondes et les posent pour qu'elles refroidissent quelques minutes. Toutes les cinq minutes environ, la cire doit être remuée pour l'empêcher de coller au fond de la casserole et éviter les grumeaux.
Notre couple s'installe à son ' atelier cire ' en fonction des commandes. Ils y restent environ trois heures, quand leurs autres activités le leur permettent. ' Cela fait déjà pas mal ! ', s'exclament-ils. Ils n'ont d'ailleurs aucune idée du temps exact qu'il leur faut pour un nombre déterminé de bouteilles.
La cire a été choisie uniquement pour le packaging, malgré le temps que cela leur prend. ' L'ensemble est plus joli ', s'accordent-ils à dire. Ils voulaient habiller leurs bouteilles de bleu, et ont donc fait réaliser une étiquette à dominante bleue. Ensuite, il a fallu trouver une cire de teinte lui correspondant. ' Certains clients sont particulièrement sensibles à notre présentation ', affirme Jean Claude Dufour, mais il avoue que ' d'autres sont plus sceptiques sur la qualité du vin '. Ils changent vite d'avis car les bouteilles destinées à la cire sont les cuvées vieillies en fûts de chêne des appellations Saint-Amour et Saint-Véran, les magnums et les petites bouteilles de forme spéciale. Quels que soient la forme du goulot et le type de bouchon, la cire adhère bien. Mais, attention, la surface des bouteilles peut être légèrement enduite, empêchant la cire de bien adhérer.
Aujourd'hui, en remplacement du carnet de congé, une manipulation supplémentaire vient se greffer à l'habillage des bouteilles. Il faut maintenant ajouter une pastille autocollante en guise de CRD. ' Elles s'achètent par mille, ce qui n'est pas très pratique pour les petits vignerons comme nous ', regrettent nos interlocuteurs.
L'impact de la cire sur le bouchage semble inconnu. ' C'est la qualité du bouchon qui compte, rappelle Jean-Claude Dufour. Une bouteille fuyarde le sera même avec de la cire. ' Elle n'empêchera pas non plus le bouchon d'être poussé par la dilatation de l'air dans une bouteille conservée au chaud. Et un conseil pour les consommateurs : mieux vaut planter directement le tire-bouchon dans la cire. ' Il la casse de façon nette, ce qui évite de tacher la nappe avec les éclats de cire ', indique Josiane Dufour.