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Les ratés persistants des Bag-in-Box

La vigne - n°131 - avril 2002 - page 0

Lors d'une journée technique sur les Bag-in-Box (Bib), des conditionneurs ont fait part de leur mécontentement. Ils regrettent que les fabricants n'aient pas résolu les problèmes de fuite et d'oxydation prématurée signalés depuis longtemps.

C'est ce que l'on appelle se faire souffler dans les bronches. Fabricants et distributeurs de caisses-outres, communément appelées Bag-in-Box (1), ont eu droit à une volée de critiques, lors d'une journée technique organisée par le Laboratoire national d'essais (LNE), à Nîmes (Gard), le 14 mars. ' Nous avons des problèmes récurrents ', déplorait Thierry Durand, directeur général de Codivia-Rhône. Son entreprise, installée à Moulézan (Gard), tire près de 1 million de Bag-in-Box par an. ' Nous demandons que les outres ne fuient pas. '

Puis, il a évoqué un second problème, celui de l'oxydation prématurée. ' Dans un lot, sans savoir pourquoi, nous avons une outre mauvaise. De ce fait, à aucun moment, nous ne pouvons assurer nos clients qu'ils conserveront leurs vins pendant huit à neuf mois. '
Malgré son irritation, Thierry Durand a tempéré son propos. ' Le Bag-in-Box est un produit fabuleux, même si je peux le décrier. C'est un conditionnement superbe qui a anobli les vins de faible valeur ajoutée. Mais les fournisseurs doivent cesser de se regarder le nombril . ' A ses yeux, ils n'ont pas réagi à une étude réalisée en 1996 et 1997, restée confidentielle jusqu'à ce jour, et qui avait déjà pointé les défauts d'oxydation prématurée et de perte d'étanchéité. Les fabricants, tous présents dans la salle, n'ont pas émis d'objection à la suite de son intervention très applaudie. Auparavant, l'un d'entre eux avait admis que ' le principal problème est l'inconstance de la qualité . '
Au début de la journée, Jean-Claude Boulet, de l'Inra de Pech-Rouge (Aude), avait présenté quelques bribes du travail auquel Thierry Durand a fait allusion. En 1996 et 1997, ses collègues mesuraient des teneurs très variables en oxygène dissous dans les vins un mois après le tirage. Ils remarquaient que ces variations tiennent à la marque et au volume de la poche, à la mauvaise qualité de sa soudure avec le robinet, ou encore au froissement.
Jean-Claude Boulet n'a rien révélé quant aux marques. Il en est resté aux observations générales. Les outres de 3 l sont plus fiables que celles de 10 l. Une poche métallisée parfaitement lisse ne laisse entrer que 0,2 ml d'oxygène par litre de vin et par mois (O 2/l/mois). Au travers du même matériau froissé, il pénètre 3 ml d'O 2/l/mois, autant que dans une barrique. Or, si les vins élevés sous bois bénéficient d'un tel apport d'oxygène, il n'en est pas de même pour ceux, bien plus légers, qui sont conditionnés en Bag-in-Box. Dès lors, on comprend que des oxydations prématurées aient lieu.
En réponse à une question du public, Thierry Durand a chiffré les pertes qu'il subit. ' Nous remboursons 5 ? de nos Bag-in-Box et nous n'arrivons pas à avoir moins de 1 % de non-qualité . ' Le second de ces chiffres inclut les dégâts collatéraux provoqués par un contenant qui fuit sur ses voisins de palette.
La différence entre les deux taux tient au fait que l'entreprise décèle des emballages problématiques avant qu'ils arrivent chez le consommateur. Puis vint le tour de Michel Wack, directeur des achats de matières sèches des Chais beaucairois. ' Je risque d'être aussi négatif que Thierry Durand ', a-t-il prévenu après avoir présenté son entreprise, filiale de Casino. Cependant, il a annoncé des pertes moins importantes que son confrère. Les Chais beaucairois ont tiré 5,65 millions de Bib l'an dernier, dont 4,8 millions de 3 l qui, après conditionnement, ont fui dans une proportion de 0,8 ?. Ils ont détérioré 0,5 % de la mar- chandise avant qu'elle quitte le site de conditionnement.

En raison des risques de fuite, l'entreprise attend plusieurs jours avant d'expédier ses palettes. La plupart des autres conditionneurs prennent cette précaution, ce qu'ils regrettent d'avoir à faire. Codivia-Rhône n'en a pas la possibilité. ' Nous n'avons pas de place pour stocker ', explique Thierry Durand. Il expédie ses Bib sitôt tirés. De plus, il conditionne essentiellement en 10 l. Ce sont deux causes d'aggravation des pertes. Avant de se séparer, les utilisateurs et les fabricants ont convenu qu'il était temps de résoudre les problèmes évoqués. Certains ont proposé de constituer une association. ' Le mouvement doit venir des conditionneurs ', faisait remarquer Thierry Minaud, directeur de la division Bag-in-Box de Smurfit. A eux de s'unir pour faire valoir leurs exigences !

(1) Bag-in-Box est une marque déposée en France par Smurfit. Cependant, le terme est devenu générique. Il est couramment employé pour désigner tous les emballages constitués d'une outre enfermée dans une caisse en carton, quel que soit leur fabricant.



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