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Pour réussir le remplacement de ses manquants, Jean Sipp a choisi les hautes tiges

La vigne - n°132 - mai 2002 - page 0

Le concept du plant de vigne dont la portion de porte-greffe est très longue provient de Suisse et d'Allemagne. Ses avantages ont séduit des vignerons français.

Au printemps dernier, Jean Sipp a complanté 2 200 pieds sur ses 23 ha de vignes. Tous étaient des hautes tiges. Ces pieds, dont la hauteur avoisine les 80 cm, n'ont plus besoin de protection. Ils ne subissent pas l'enfermement induit par les manchons : manque d'éclairement et humidité. Et ils restent malgré tout hors de portée des lapins. ' Avec les greffés-soudés classiques, il fallait bien fixer les manchons. Car, avec le vent, ils cassaient parfois les jeunes pousses ', signale Jean Sipp, vigneron à Ribeauvillé, dans le Haut-Rhin. Par ailleurs, d'un point de vue esthétique, les jeunes pieds sont plus discrets dans les parcelles. Ils sont aussi moins étouffés par leurs voisins. ' Enfermés dans leurs manchons, les jeunes plants se développent souvent de façon tordue. A l'inverse, les plants à hautes tiges ne sont pas entortillés et sont plus faciles à former ', observe Jean Sipp.

L'un des points phares des hautes tiges est leur tronc composé d'un porte-greffe ne nécessitant aucun épamprage. En effet, lors de leur obtention, les pépiniéristes veillent à éliminer l'ensemble des yeux du bois américain. Ainsi, tout au long de leur vie, jamais un pampre ne risque de jaillir du tronc. C'est au moment de leur obtention qu'il leur faut le plus de soins. ' Ces plants sont plus délicats à manipuler en pépinière à cause de leur grande taille , signale Gilbert Jenny, pépiniériste à Sigolsheim (Haut-Rhin) et fournisseur de Jean Sipp. Ils nécessitent du matériel différent, un mode opératoire particulier, et plus de matière première : bois et paraffine. ' En effet, pour éviter leur dessèchement au moment de la plantation, les plants à hautes tiges sont recouverts de paraffine sur toute leur longueur, comme les jeunes pieds classiques.
Les hautes tiges présentent deux autres avantages concernant la conduite de la vigne. Ainsi, lorsqu'ils servent à complanter une parcelle, les jeunes pieds ne risquent pas les éclaboussures de désherbant. Même sans manchon, les feuilles sont au-dessus des projections puisqu'elles se situent au même niveau que celles des plants adultes.
Ensuite, lorsque Jean Sipp a commencé à utiliser les hautes tiges pour rallonger les rangs d'une parcelle, il a remarqué qu'' il n'y avait aucun souci particulier lors des travaux en arrivant en fin de rang '. Il a constaté la même facilité de conduite pour les pieds de remplacement en milieu de rang. De plus, lors des labours, ces jeunes plants ne risquent pas d'être recouverts de terre. Cependant, leurs longs pieds ont un inconvénient émanant de la nature du porte-greffe choisi. Le Riparia, comme le SO4, reste fin et nécessite un tuteurage plus longtemps.

Jean Sipp n'a déploré aucune mortalité de ses remplaçants grâce aux hautes tiges. ' Je veille à effectuer de grands trous pour accueillir les jeunes plants. En profondeur, il y a moins de risque de toxicité par les résidus d'herbicides ', explique-t-il. De plus, une plantation en profondeur facilite la reprise des jeunes pieds dans des sols légers ou sujets à l'érosion. Les hautes tiges permettent de moduler la profondeur de la plantation en fonction de la longueur de la portion du porte-greffe. ' Je conserve au moins 10 cm de racines après leur rafraîchissement ', ajoute-t-il.
Jean Sipp soigne au maximum ses complantations. Cela lui évite d'avoir à les recommencer l'année suivante en cas d'échec. Il économise le coût d'achat d'autres plants et le coût d'une seconde plantation.
Malgré tous ces avantages, les hautes tiges ont un inconvénient : leur prix est le double de celui des greffés-soudés habituels. Mais cet investissement est compensé par une mortalité moindre, l'absence d'épamprage et la facilité de conduite au sein d'une parcelle plus âgée.




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