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Financer son conseiller privé

La vigne - n°132 - mai 2002 - page 0

Des vignerons s'affranchissent des conseillers ' officiels ' ou des vendeurs de produits grâce à des techniciens privés, plus à l'écoute de leurs besoins.

es vignerons souhaitent de moins en moins exercer leur métier en autarcie. Ils font appel à des avis extérieurs : fournisseurs, conseillers ' officiels ', voisins, syndicats. Ils recherchent le dialogue avec des experts. De plus en plus de réunions d'information sont organisées dans toutes les régions viticoles. Les vignerons s'y rendent avec beaucoup d'intérêt. Mais ils demandent aussi aux conseillers de venir dans leur vignoble les aider individuellement. Malheureusement, les services de la chambre d'agriculture ne suffisent pas toujours.
Pour obtenir un conseil personnalisé, les vignerons s'entourent alors de professionnels, dont ils financent directement les services. Et pour limiter les dépenses, le meilleur moyen est de se réunir. Le financement de conseillers peut se faire de différentes façons : soit les vignerons se groupent pour créer une entité capable d'embaucher un technicien, soit ils font appel à des cabinets de conseil déjà existants qui leur proposent une adhésion individuelle.
Le groupement de vignerons peut s'effectuer au niveau du syndicat d'appellation.
C'est le cas dans l'AOVDQS des Fiefs vendéens. Les vignerons y financent pour moitié le conseiller viticole de la chambre d'agriculture. Depuis trois ans, ils cotisent à raison de 4,50 euros/ha/an pour que ce technicien consacre la moitié de son temps à leur vignoble. Il les conseille sur le terrain et via un répondeur consultable par tous. Il répond ainsi aux besoins d'une cinquantaine de vignerons sur 470 ha d'appellation. ' Notre système nous permet d'améliorer la qualité du raisin, tout en effectuant une économie d'échelle pour chaque exploitation. Cet investissement était nécessaire , explique Hubert Macquineau, président du syndicat d'appellation. Nous avons besoin d'un avis extérieur. Le discours du technicien a l'avantage d'être indépendant de celui des firmes. '
Les adhérents d'une cave coopérative peuvent aussi se doter d'un technicien viticole. Depuis 2000, de nombreuses coopératives de l'Aude et de l'Hérault ont entamé des embauches, souvent grâce à des emplois jeunes. Ces ' assistants techniques relationnels ' aident les vignerons dans la démarche de qualité des apports. Ils facilitent la communication entre l'admi- nistration de la coopérative et ses coopérateurs.

De façon plus ponctuelle, on peut citer vingt et un vignerons de Madiran (Sud-Ouest) qui se sont unis en Sica (Société d'intérêt collectif agricole) pour embaucher un technicien. Selon la taille du vignoble, les vignerons déboursent 150 euros/ha/an environ. Le technicien passe 20 % de son temps au conseil collectif, et le reste est partagé entre chaque exploitation. ' Il a même une activité de conseil en oenologie chez certains des vignerons ', signale Alain Bortolussi, président de la Sica.
Quand ce ne sont pas les vignerons qui sont à l'initiative de l'embauche d'un technicien, ce sont des sociétés qui se créent pour cette fonction. Des conseils indépendants existent déjà, comme le Groupement de consultants en viticulture indépendants (GCVI). C'est une association de huit techniciens dans les vignobles de Champagne, de Gironde, du Vaucluse, du Centre, des Pyrénées-Orientales, de l'Hérault et, depuis peu, d'Alsace.
Certains de ces consultants embauchent des techniciens pour élargir leur clientèle. La tarification de leur service dépend du membre du GCVI et du vignoble.

Par ailleurs, des distributeurs s'ouvrent à l'activité de conseil, sans pour autant être juge et partie. Ainsi, Euralis Agro Vigne (Gironde), Terres du Sud (Dordogne), Sud Agro Perret (Var) et, dernièrement, Caval (Maine-et-Loire) proposent un contrat de conseil nommé Optivigne. Ces fournisseurs ont embauché des techniciens, non pas à des postes de technico-commerciaux, mais comme conseillers uniquement. Ces techniciens donnent ainsi un conseil qui n'est pas influencé par la nécessité de vendre les produits du distributeur. Deux cents vignerons se sont dotés de cet appui technique en Gironde. Le coût de base de cette prestation s'élève à environ 2 600 euros/an.
Enfin, d'autres groupements pour le développement de la viticulture effectuent du conseil. Citons, par exemple, Magister en Champagne, qui est né il y a onze ans pour promouvoir la protection raisonnée. Aujourd'hui, ce GIE (Groupement d'intérêt économique) poursuit son objectif d'information et de formation de huit cents vignerons sur la protection et la conduite de la vigne. Même en sachant suivre leurs parcelles, les protéger et les conduire, les vignerons sont toujours demandeurs d'informations et de soutien technique. Les métiers du conseil ont de beaux jours devant eux.


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