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Caler le financement

La vigne - n°133 - juin 2002 - page 0

Pour leurs missions jugées d'intérêt public, par exemple les commissions de contrôle des conditions de production, les syndicats souhaiteraient obtenir un financement obligatoire.

C'est dans le Muscadet (Loire-Atlantique) qu'a eu lieu, fin mai, le congrès de la Cnaoc. Une tension était palpable sur trois sujets d'actualité. Premier point, une ' véritable bombe ' dans le monde des appellations d'origine contrôlée : le Beaujolais, en grande difficulté économique, est en discussion avec les pouvoirs publics pour distiller 100 000 hl ! Une première qui pourrait avoir lieu dans le cadre des dispositions européennes, à ce jour réservées en France aux vins de table et de pays ; tout en sachant, par ailleurs, que des pays comme l'Allemagne et l'Italie ont déjà récemment distillé des VQPRD... Le président de l'Inao, l'Angevin René Renou, présent lors des travaux, s'est montré très critique : ' Auprès des administrations, notre ligne politique est de prétendre nous autogérer. Si des AOC sollicitent des aides pour distiller, quelle sera notre crédibilité ? ' Surtout si d'autres AOC en difficulté s'engouffrent dans la brèche comme on le chuchote (Maçonnais...).
Deuxième point : les plantations. ' On a renforcé le travail sur les tableaux de bord depuis des mois et les pouvoirs publics envisagent unilatéralement une pause pour la campagne prochaine ! On ne tolèrera pas de ne pas obtenir de droits là où cela s'avèrerait nécessaire ', a indiqué Philippe Feneuil, président champenois de la Cnaoc. Le contingent est à définir ce mois-ci, sachant que Paris aimerait fournir à Bruxelles, sollicitée pour de nombreuses distillations, un gage de bonne volonté...
Troisième sujet : la mise en place des commissions de suivi des conditions de production, et leur financement. ' L'Inao n'a pas les moyens d'assurer seul ce chantier, qui relève de sa responsabilité. Avant de solliciter les vignerons pour un effort supplémentaire afin de financer un institut en difficulté, on demande une table ronde pour déterminer qui fait quoi sur ce volet ', explique-t-on.
En effet, les syndicats sont pris entre le marteau et l'enclume : d'un côté, l'adhésion ne peut être assise que sur des cotisations volontaires ; de l'autre, certains adhérents peuvent voir un ' flicage ' à travers ces commissions... en partie financées par leurs cotisations ; et au milieu, le financement de l'agrément (prélèvement maximal de 5 F/hl)... qui sert aussi à financer les structures syndicales. L'enjeu est de distinguer, au plan financier et comptable, ce qui relève du volontaire et de l'obligatoire. ' Si le syndicalisme viticole a une mission d'intérêt public, elle pourrait s'appuyer sur un financement obligatoire ', a précisé le président de la Cnaoc. On peut donc s'attendre à des cotisations nouvelles, à caler juridiquement. Des projets sont en cours.

Une partie du congrès a été consacrée à un débat sur la mise en bouteilles dans la région de production. En effet, de plus en plus d'AOC s'intéressent à cette disposition, tant elle est un gage de qualité et de traçabilité. ' Mon rêve serait que l'AOC exige une mise d'origine. Là où elle existe, c'est une stratégie gagnante, mais les enjeux économiques sont contradictoires ', a indiqué le président Feneuil. En Champagne - du fait de la réglementation sur la prise de mousse - et en Alsace depuis 1972, cette règle existe. C'est aussi le cas pour le muscadet-sur-lie. A Bordeaux, la règle pourrait être imposée dès 2003 pour les vins revendiquant la mention ' château '. Aucune décision n'a été prise, mais l'idée progresse.

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