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Quand le mildiou se déclare

La vigne - n°133 - juin 2002 - page 0

Difficile à cerner, l'attaque déclarée de mildiou s'estime selon l'expérience, la parcelle, le stade phénologique et la pression sur le terrain. A partir d'une tache par cep, on entre à coup sûr dans la phase critique.

Les services officiels recommandent ' de ne pas utiliser de spécialités à base de QoI (strobilurines, fénamidone, famoxadone), ni de spécialités à base d'anilides sur mildiou déclaré ', en raison du risque important de sélection de souches résistantes. Le diméthomorphe est également soumis à ce risque. Malgré cela, la note nationale mildiou ne dit rien quant à son emploi sur attaque déclarée. Seuls quelques prescripteurs régionaux recommandent de ne plus l'utiliser dans ce cas-là. Il faut dire que ce produit est régulièrement utilisé en ultime recours dans certains vignobles. Quoi qu'il en soit, savoir reconnaître une attaque déclarée est important afin de pouvoir respecter les préconisations officielles. Or, ce n'est pas si simple. La notion de mildiou déclaré est difficile à appréhender. Selon que l'on se place du côté du technicien ou du vigneron et selon les régions, la définition peut être très variable. ' On ne peut pas donner de seuil car c'est trop subjectif ', explique Claude Magnien, de la Protection des végétaux de Bourgogne. C'est pourquoi dans de nombreux cas, on se contente de savoir s'il y a ou non du mildiou.
En Charentes, Patrice Rétaud, de la Protection des végétaux de Cognac, fait part de son raisonnement : ' A partir du moment où le vigneron voit une tache dans sa parcelle, par précaution, on lui préconise de stopper les anilides. Pour les QoI, le conseil se fait au cas par cas en fonction des traitements réalisés l'année n et l'année n - 1, et selon la présence de taches . Il faut se méfier d'une apparition rapide de la résistance et du mélange de souches de mildiou qui s'opère avec les parcelles voisines. ' Claude Magnien précise la définition en tenant compte du stade phénologique : ' Jusqu'au stade nouaison, dès qu'un vigneron trouve du mildiou dans sa parcelle sans chercher, on lui déconseille les anilides et les QoI. Après la nouaison, on peut tolérer une plus grande présence de taches. Toutefois, il faut rester vigilant tant que les grappes sont sensibles . '
D'autres techniciens tentent de préciser les choses en donnant des seuils chiffrés. Pierre Speich, de la Protection des végétaux de Provence-Alpes-Côte-d'Azur, explique ' qu'en dessous d'une tache pour 10 ceps, la lutte reste strictement préventive. Entre une tache pour 10 ceps et une tache par cep, on passe alors d'une phase d'installation du mildiou à une phase de risque majeur. Une tache par cep reste la limite maximale '. Bernard Molot, de l'ITV de Nîmes (Gard), confirme ces propos et le seuil d'une tache pour 10 ceps au-delà duquel se situe l'attaque déclarée. En Champagne, le seuil est un peu plus élevé. ' Si dans une parcelle, on trouve plus d'une tache par cep ou des symptômes fréquents sur inflorescences, on est en situation de mildiou déclaré . '
D'autres conseillers accordent plus d'importance à l'aspect du mildiou et à la pression épidémique quant au nombre de taches. Nadège Brochard, de la chambre d'agriculture de Loire-Atlantique, précise : ' L'attaque déclarée se caractérise par du mildiou frais fortement exprimé sur feuilles ou sur grappes, c'est-à-dire par la présence d'un inoculum important, associé à une forte contamination en cours . ' Cet avis est conforté par celui d'Yvon Bugaret, consultant en viticulture.

Par ailleurs, Yvon Bugaret rajoute qu'on ne peut pas établir de règles strictes : ' Il faut faire très attention et tenir compte de la notion de risque épidémique lié aux conditions de l'année. Lorsque le risque épidémique est très élevé, la présence de quelques taches peut être dangereuse, car il peut en découler une multiplication phénoménale du mildiou, du fait de l'agressivité du parasite. Lorsque le risque épidémique est faible, ce ne sont pas quelques taches qui peuvent poser un problème. La règle présence-absence n'est judicieuse que les années à pression exceptionnelle, comme 2000 par exemple . '
Pour de nombreux techniciens, c'est l'observation et l'expérience qui permettent de juger de la situation. La connaissance des parcelles, la pression de la maladie, les conditions climatiques, le stade phénologique sont autant de facteurs qui vont influer sur la prise de décision.

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