Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2002

Vignoble de l'Hermitage

La vigne - n°133 - juin 2002 - page 0

Le vignoble de l'Hermitage, au nord de la vallée du Rhône, doit sa fortune à son sol, à son exposition et à ses cépages.

Vin prestigieux, avant-garde de la viticulture romaine dès le premier siècle de notre ère, le vin de l'Hermitage a toujours étonné les Français et les étrangers.
Sur un coteau d'origine granitique culminant à 273 m, dominant de plus de 100 m la rive gauche de la vallée du Rhône, exposé au sud-est de façon à ne rien perdre des rayons du soleil, parfaitement à l'abri des vents du nord, le vignoble de l'Hermitage (ou de l'Ermitage) donne des vins exceptionnels. Ici, on a retrouvé les restes de constructions romaines et un autel taurobolique transporté sur l'une des places de Tain, la petite ville qui se niche à ses pieds.
Au Moyen Âge, une chapelle Saint-Christophe se dresse à son sommet. C'est là, dit-on, qu'Henri-Gaspard de Stérimberg, l'Autrichien grand pourfendeur des malheureux Albigeois lors de la croisade de 1224, s'arrête. En signe de pénitence, il obtient de Blanche de Castille, mère de Saint-Louis, le droit de s'y installer dans un ermitage. Très vite, un pèlerinage naît et les pèlerins peuvent déguster le vin du coteau, jusqu'à la mort du dernier ermite en 1751.
Sa fortune, le vignoble la doit à son sol et à son exposition, mais également aux merveilleux cépages que sont la syrah, variété noire caractéristisée par son amertume dans les vins jeunes, la roussanne et la marsanne, deux cépages voisins qui produisent les grands vins blancs des côtes du Rhône septentrionales, viognier mis à part. La pratique ancienne de mêler les raisins noirs (sept huitièmes) et les raisins blancs (un huitième) pour l'élaboration des vins rouges a été officialisée par le décret de 1937 accordant l'AOC, puisqu'il est encore permis d'adjoindre 15 % de cépages blancs parmi les cépages noirs.

A cause de la distance, les vins de l'Hermitage n'arrivent pas à Paris en quantité appréciable avant 1650. Mais ces vins qui, jusqu'au XVI e siècle, sont commercialisés sous le nom de vins de Tournon, doivent beaucoup au cardinal François de Tournon qui, dès 1533, en fait connaître les mérites jusqu'à Rome. Il demande qu'on lui envoie de ces vins fameux ' non tant pou moy que pour en donner à mes amis de deça '. L'ouverture du canal du Midi, en 1680, autorise un autre débouché, Bordeaux, qui se sert souvent de ces vins pour ' remonter ' les vins du Médoc les mauvaises années et, par Bordeaux, l'Angleterre qui apprécie toujours la qualité et accepte de payer des droits énormes à l'importation. Avec 125 ha et 4 000 hl, l'Hermitage a atteint la plénitude avec ses vins de longue garde. Regrettons seulement que les vins de paille restent si confidentiels !


Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :