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La fructification du mildiou au travers d'un microscope

La vigne - n°133 - juin 2002 - page 0

Des chercheurs allemands et suisses ont observé, au microscope électronique à balayage (MEB), toutes les étapes de la fructification du mildiou. Elle commence à la tombée d'une nuit humide et s'achève en huit heures pour libérer une masse de spores infectieuses.

Le mildiou de la vigne est provoqué par Plasmopara viticola. L'épidémie commence à partir des oeufs d'hiver (ou oospores). Au printemps, ils provoquent les infections primaires, puis, quelque temps se passe avant que les premiers symptômes apparaissent. Selon la température, cette période d'incubation dure 5 à 14 jours au terme desquels on assiste à une sortie de taches d'huile. Ensuite, la fructification peut avoir lieu. Les sporangiophores sont prêts à émerger au bout d'une nuit humide. Ils portent les sporanges, organes de multiplication asexués. Cette dernière étape a été observée au microscope électronique à balayage (MEB).
Les sporangiophores sont visibles à la face inférieure des feuilles. A l'oeil nu, ils ont l'aspect d'un feutrage blanc. Les sporanges sont dispersés par le vent et les gouttes d'eau. Dès qu'ils baignent suffisamment longtemps dans de l'eau, ils libèrent des zoospores (photo n° 1). Ces derniers nagent pendant un temps très court à la surface des feuilles ou à l'ébauches de grappes, puis s'arrêtent à l'entrée des stomates. Là, ils s'accrochent, germent et pénètrent à l'aide d'un hyphe dans la plante (photo n° 2). L'agent infectieux commence à parasiter la vigne. Une nouvelle contamination démarre ; elle s'achèvera, elle aussi, par une fructification.
C'est la multiplication asexuée qui permet au mildiou de profiter d'un climat optimal pour produire des sporanges en masse. Ils ne se forment que la nuit lorsqu'il pleut ou que l'humidité de l'air dépasse 92 %. Ainsi, il est probable qu'au lever du jour, les feuilles soient humides, ce qui permet la germination des zoospores.

Vers la fin de la période d'incubation, le mildiou entre dans sa phase de reproduction. Son mycélium, particulièrement dense, se serre dans les stomates où se forment des vésicules. Lorsque l'humidité est suffisante, les vésicules se mettent à croître dès la tombée de la nuit, provoquant la sortie de plusieurs hyphes par stomate (photo n° 3). En peu de temps, ces hyphes s'allongent et se détachent nettement de la surface du feuillage (photo n° 4). En quelques heures, ils se transforment et se ramifient en sporangiophores (photos n° 5). Cinq heures suffisent pour qu'apparaissent des sporangiophores avec de multiples embranchements. Après six heures, les terminaisons des ramifications s'arrondissent, formant les précurseurs sphériques des sporanges (photo n° 6), lesquels se développent rapidement (photo n° 7). A ce stade, on reconnaît bien les sporanges, petites billes au bout des sporangiophores. Sept à huit heures après le début de la fructification, les spores commencent à mûrir (photo n° 8) et à se détacher. La photo n° 9 donne une idée de la quantité de sporanges qui peuvent naître d'une tache d'huile. Des sporangiophores fructifères sortent de tous les stomates.
Ces organes dégénèrent aussitôt que les sporanges se sont décrochés. Après chaque nuit favorable et pendant une certaine période, de nouvelles fructifications naissent des vésicules massées dans les stomates. On dit que les taches restent actives. Ce processus de sporulation se déroule de la même façon sur les feuilles, les fleurs, les jeunes baies et les rafles. Dès leur libération, les sporanges sont aptes à germer. Lorsqu´ils arrivent dans une goutte d'eau, ils disséminent des zoospores et de nouvelles infections ont lieu.
Le processus de sporulation s'achève en une nuit. Le mildiou peut profiter de l'humidité ou de la rosée matinale pour enclencher immédiatement un nouveau cycle infectieux. Il est à pied d'oeuvre avant que le soleil ne sèche les feuilles. Ces travaux mettent aussi en évidence le potentiel infectieux généré par un seul cycle de la maladie. Les données sur la durée des sporulations permettront d'optimiser les modèles de prévision des risques.


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