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Plus de souplesse pour positionner les insecticides

La vigne - n°133 - juin 2002 - page 0

Les futurs produits contre les vers de la grappe se font attendre. Ils offriront une plus grande souplesse d'intervention mais, en contrepartie, ils devraient demander une observation très rapprochée de la vigne.

Trois firmes nous font trépigner d'impatience avant même l'homologation de leurs nouveaux produits contre les vers de la grappe. En effet, la gamme des insecticides devrait s'étoffer, mais seulement en 2003, voire 2004... Avec ces nouveaux traitements, les tordeuses devraient être éliminées en grande partie au stade oeuf, avant qu'elles n'aient pu causer des dégâts sur les baies. ' Avec ces produits, nous ne devrions plus parler de lutte, mais de prévention contre les vers de la grappe ', insiste Georges Vidal, à l'ITV (Institut technique de la vigne) de Perpignan (Pyrénées-Orientales), qui les a testés.

Trois nouveaux produits à action ovicide sont attendus. Certaines des firmes restent prudentes vis-à-vis de la communication, en attendant l'homologation de leurs nouveaux produits. Mais nous disposons déjà d'éléments sur la future utilisation de ces molécules, si leur homologation se déroule comme prévu. Il s'agit tout d'abord du Steward (Dupont) qui sortirait en 2003. Il devrait être préconisé dès le début du vol, c'est-à-dire au début des pontes jusqu'au stade tête noire. Il a une activité à la fois ovicide et larvicide. Sa persistance lui confère une assez grande souplesse d'emploi, affirme-t-on chez Dupont.
Mais d'après les essais effectués à l'ITV de Perpignan, son efficacité serait la meilleure lorsque le traitement précède les pontes. Ensuite, citons le Spinosad (Dow Agro Sciences), qui sortirait aussi en 2003. Il serait homologué pour être positionné au stade tête noire. Contrairement au produit précédent, son action serait la meilleure sur les oeufs déjà pondus. Il serait plus délicat à positionner que le Runner, mis au point par Bayer, d'après Philippe Kuntzmann qui les a testés à l'ITV de Colmar (Haut-Rhin). Ce dernier produit serait commercialisé plutôt pour la saison 2004 et devrait être homologué pour son application en début de vol. Runner serait efficace jusqu'au stade tête noire, surtout sur la cochylis. En revanche, son efficacité serait la plus importante au début des pontes sur l'eudémis. Cette efficacité prolongée lui confère à nouveau une souplesse d'application. Il a également une action contre l'eulia et la pyrale, tout comme le Steward.
Les organismes ayant testé ces nouvelles molécules sont d'accord sur un point : elles offrent une plus grande souplesse d'application que les insecticides déjà existants. ' Les vignerons auront huit à dix jours pour intervenir ', explique Georges Vidal. Cela laissera suffisamment de temps pour effectuer tous les traitements dans toutes les parcelles concernées. Malgré la possible disparité de développement au sein d'une même génération, les résidus encore actifs des produits permettront d'éliminer aussi un grand nombre d'individus alors qu'ils sont au stade larvaire. Ces produits seraient donc plus faciles à positionner que les régulateurs de croissance des insectes (RCI) déjà utilisés.

Mais pour que ces produits soient efficaces dès la ponte, il faut suivre l'évolution des populations de papillons. La surveillance de l'avancée dans leur cycle doit être sans faille. L'appui technique des services de Protection des végétaux, des techniciens des chambres d'agricultures ou des distributeurs devient indispensable dans la mesure où les vignerons peuvent difficilement suivre eux-mêmes les populations de papillons. Les prescripteurs reconnaissent d'ailleurs le stade tête noire pour définir l'évolution des individus de papillons. Le feu vert des applications de ces futurs produits sera facilement donné. Les préconisations sont généralement transposables aux vignes qui ne font pas partie des réseaux d'observation car, sur une même région, le stade de développement de ces papillons fluctue peu. C'est surtout le taux d'infestation qui peut varier selon les zones. Steward, Spinosad et Runner s'inscriront dans l'arsenal de moyens pour effectuer la lutte raisonnée contre les vers de la grappe, et donc également contre le botrytis.

Malgré la nécessité de surveiller le vignoble, les vignerons seront gagnants avec ces nouvelles molécules. Ils devraient, avec un traitement bien positionné, écarter les risques de présence de vers, et donc éviter les dégâts sur raisin. Du point de vue environnemental, ces nouveaux produits devraient aussi être accueillis favorablement. En effet, Steward est composé d'une molécule active une fois dans l'organisme des insectes : c'est un insecticide bio-activé. D'autre part, Spinosad est un métabolite naturel microbien. Les vignerons devront encore attendre le verdict de la commission d'homologation pour passer leurs commandes.

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