Lors de son installation, Eric Petit a choisi de travailler avec un vendangeoir afin de se concentrer sur la culture de la vigne, tout en bénéficiant d'un revenu fixe tous les ans.
Créer de toutes pièces une exploitation viticole avec un BEPA horticulture, option pépinière, en poche est un véritable défi. Mais quand on a ' chopé ' le virus de la culture de la vigne, la difficulté ne fait pas peur.
' A l'issue de ma formation, j'ai trouvé un emploi de saisonnier chez un vigneron de Rosnay. Il m'a transmis sa passion de la vigne et initié à cette culture. Très soucieux de l'environnement, il raisonnait déjà ses traitements. C'était il y a vingt ans. A chaque intervention, il me donnait des explications. Cela rendait mon travail plus intéressant . ' Dès lors, Eric Petit envisage de s'installer et commence à rechercher des vignes en location. Lorsque l'on n'est pas originaire du milieu, c'est laborieux et la patience est de rigueur.
Après cinq ans passés chez son ' mentor ', il intègre un poste de salarié agricole à la maison Mourat, propriétaire récoltant de 44 ha, mais aussi négociant possédant un vendangeoir à Mareuil-sur-Lay- Dissais. Il restera trois ans. Cette expérience ne fait que renforcer son désir de s'installer, tout en l'enrichissant sur le plan technique.
En 1996, la chance lui sourit. A la suite de divergences familiales, 5 ha de vignes sont mis en location. Eric Petit saute sur l'occasion et signe quinze jours après l'offre. ' Je possédais un peu de matériel et je pouvais compter sur la maison Mourat pour les débouchés. Ce n'était pas gagné d'avance, il y avait beaucoup de travail à effectuer. La première année, j'ai exploité ces vignes tout en conservant mon emploi, afin de me garantir un revenu en attendant la première récolte . '
Eric Petit s'attache ensuite à agrandir son domaine à l'aide des droits de plantation, mais également par l'achat et la location de nouvelles terres. ' Travailler avec un vendangeoir est un gros avantage lorsque l'on s'installe. On se concentre sur la culture de la vigne, sans avoir le couteau sous la gorge pour trouver des clients. C'est la garantie de bénéficier d'un revenu fixe tous les ans, tout en permettant l'acquisition du matériel et des connaissances nécessaires à la vinification et à la vente. '
Dans ce vendangeoir de 5 000 hl, qui vinifie un tiers de la récolte vendéenne et produit 800 000 bouteilles par an, tous les vignerons se connaissent. Il n'y a pas de contrat, juste des accords tacites renouvelés d'année en année. L'entraide est primordiale, car l'isolement de la Vendée occasionne des difficultés pour trouver des appuis techniques. Lorsqu'un pulvérisateur tombe en panne, le réparateur ne se déplace pas tout de suite. Compter sur son voisin est alors une sécurité. En 1999, une Cuma est créée, et Eric Petit prend un saisonnier en commun avec deux autres vignerons. ' Les producteurs se regroupent, car les structures sont trop petites pour embaucher une personne à temps complet . '
Depuis plusieurs années, la maison Mourat mise sur la qualité en se positionnant sur un marché plus haut de gamme à l'échelle régionale. Elle encourage les neuf fournisseurs du vendangeoir à faire des efforts dans ce sens. Les prix versés varient de 99 à 114 euros/hl, selon le terroir et le cépage. La conduite raisonnée est aussi valorisée. ' Des contrôles de maturation sont effectués sur toutes les parcelles pour fixer les dates de vendanges. Chaque vigneron procède au coût de la chaptalisation de sa parcelle s'il y a lieu de le faire, afin de décourager l'apport de raisins pas mûrs. Depuis plusieurs années, je participe à la sélection de parcelles pour réaliser les meilleures cuvées. Avec Jean Mourat, nous nous sommes lancés cette année dans la viticulture raisonnée et nous adhérons au réseau Ariane de l'APIVN, association s'inscrivant dans la démarche Terra Vitis. En travaillant à la parcelle, j'espère mieux exprimer le terroir et obtenir un produit plus authentique. En Vendée, c'est notre intérêt si nous voulons nous démarquer, surtout si l'on possède une petite exploitation. '
En collaboration avec le technicien de la chambre d'agriculture de Loire-Atlantique, Eric Petit a mis en place un plan de fumure sur cinq ans. Grâce à ses conseils, il réalise un chaulage et des apports de magnésie. La stratégie sera affinée après l'observation du feuillage et des bois, complétée par des analyses foliaires. Pour le désherbage, il a abandonné le diuron, s'est lancé dans l'ENM (enherbement naturel maîtrisé) et le travail du sol.
' Grâce au réseau, j'ai appris à mieux appréhender les maladies et les ravageurs, et à raisonner les dates d'intervention. Toutefois, l'éloignement de la Vendée par rapport au vignoble nantais est un handicap. Nous ne pouvons pas assister à toutes les réunions et le technicien vient moins souvent. Pour avoir des informations précises, j'envisage de m'équiper d'une station météo. '
Mais Eric Petit ne veut pas en rester là. Il projette de vinifier lui-même une partie de sa production à la prochaine récolte. ' Travailler avec un vendangeoir a un petit côté frustrant, car on ne va pas au bout du produit . ' Sans formation oenologique, mais désireux de valoriser sa production en créant une cuvée haut de gamme à base de négrette, il apprend sur le tas. Encore un défi à relever !