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Forte coulure dans le Sud

La vigne - n°134 - juillet 2002 - page 0

Dans le Sud-Ouest, le Midi et les Côtes du Rhône, il a fait froid durant la fleur. Le merlot et le grenache, mais aussi d'autres cépages habituellement non coulards, sont très touchés.

La coulure est constatée sur l'ensemble du vignoble bordelais de façon disparate. C'est surtout le merlot qui a été touché, comme à Saint-Emilion. Le temps froid et humide est survenu alors que les capuchons floraux n'étaient pas tombés. Les fleurs n'ont alors évolué que très lentement. Les capuchons floraux sont souvent restés collés du fait de l'humidité, ce qui a parfois favorisé l'installation du botrytis. Aujourd'hui, les grappes sont très lâches, ce qui évitera peut-être l'installation de la pourriture grise en fin de saison.

Des parcelles ont vu leur potentiel de récolte chuter de 20 à 50 %, estime-t-on à la chambre d'agriculture de la Gironde. Mais la coulure a sévi de façon très irrégulière et, début juillet, il était encore trop tôt pour donner une évaluation fiable du manque à gagner en terme de volumes. Les parcelles de merlot plutôt précoces ou plutôt tardives sont passées entre les gouttes : leurs ceps n'ont pas fleuri pendant la pluie et le froid. La majorité des cabernets, plus tardifs, ont aussi échappé à ce phénomène. Mais certains ont tout de même coulé. Pour y voir plus clair et dresser un bilan des pertes, il faudra attendre la fermeture de la grappe.
La qualité du millésime risque aussi d'être dépréciée. Elle pâtira du millerandage et, probablement, de l'hétérogénéité de maturation. Sur une même parcelle, d'une grappe à l'autre, les stades phénologiques allaient de ' pleine floraison ' à ' baies à taille de grains de plomb ' en juin. Ces écarts risquent de se retrouver à la récolte. Malheureusement, on ne peut rien faire face à la coulure. ' Nous pouvons tout au plus essayer de comprendre ce qui s'est passé, chercher à savoir si le problème a été accentué par une trop forte vigueur, et arranger cet aspect de la conduite dans le futur ', explique Etienne Laveau, à la chambre d'agriculture de la Gironde.
Autres victimes : les vignobles du Sud-Ouest et du Midi. Le merlot a fortement coulé en Dordogne, dans le Lot-et-Garonne et jusqu'au Gard. A Buzet, certaines parcelles auraient perdu la moitié de leur potentiel. Le tannat d'Irouléguy n'a pas non plus apprécié la fraîcheur durant sa floraison. Les vignes de Gaillac ont subi des précipitations de plus de 100 mm pendant la floraison. La coulure y serait également très forte. Par ailleurs, dans ces régions du Sud-Ouest, le millerandage touche ponctuellement des cépages comme le gamay et le duras.
La floraison a été perturbée jusque dans les Côtes du Rhône. Là, elle a été anormalement longue. ' Elle a débuté le 20 mai pour se terminer le 18 juin, selon les secteurs , indique Bernard Ganichot, d'Inter-Rhône. Elle a duré jusqu'à vingt jours dans certaines parcelles. L'an passé, elle s'était achevée en une semaine . ' C'est surtout le grenache qui a coulé dans les parcelles habituellement sensibles du bassin méditerranéen. Malgré ce phénomène, ce cépage conserve un fort potentiel de récolte. Ce qui n'est pas forcément le cas pour le mourvèdre ou la syrah.

Les explications physiologiques de la coulure sont encore floues. Cette année, c'est indéniablement le facteur climatique qui a le plus joué. Une succession d'épisodes frais et de fortes chaleurs aurait favorisé le développement végétatif de la vigne, laissant peu de ressources aux appareils reproducteurs. Mais le facteur aggravant la coulure est déjà identifié : c'est l'excès de vigueur. Les vignes, qui coulaient toujours un peu chaque printemps, l'ont fait dans des proportions bien supérieures cette année, mettant de nombreux vignerons dans l'embarras. L'été permettra peut-être de réduire les écarts de maturité. Si cela ne se produit pas naturellement, les vignerons les plus aisés pourront à la fois effectuer de la vendange en vert, pour éliminer les grappes trop en retard, et récolter en plusieurs passages.
Dans le Sud, un autre problème se greffe à la coulure : les réserves hydriques sont faibles. Les baies, peu nombreuses, risquent de rester petites. La faible quantité d'eau en profondeur laisse craindre des accidents : mort des plus jeunes plants, blocage de la maturation des baies, ou encore chute des feuilles à la base des sarments. Les vignerons espèrent voir quelques orages apporter l'eau nécessaire pour la maturation... puisque l'irrigation n'est pas autorisée, même en cas de déficit préjudiciable à la qualité du millésime.

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