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Vendange mécanique, de nouvelles percées

La vigne - n°134 - juillet 2002 - page 0

Dans le sud de la France, plus de 85 % des vignes seraient vendangées à la machine. En Beaujolais, 200 à 300 ha de gamay devraient être récoltés mécaniquement en 2002. C'est une première.

Après la phase euphorique des années quatre-vingt, période pendant laquelle une grande majorité de vignerons français se sont équipés, le marché de la machine à vendanger connaît une phase de stagnation. Avec un parc de 19 000 machines, dont 12 000 automotrices, environ deux tiers des surfaces viticoles françaises seraient vendangées mécaniquement.
' Il s'agit surtout d'un marché de renouvellement, mais on observe quelques régions où il subsiste une marge de progression , analyse Gaëtan Archambault, responsable de ce secteur chez Pellenc. C'est le cas dans certains endroits du Languedoc-Roussillon, des côtes du Rhône ou encore du Var, où des parcelles viennent juste d'être rendues mécanisables . '
C'est également vrai en Bourgogne et en Alsace, où l'on estime que seulement la moitié du vignoble serait récoltée à la machine.

Cette moyenne cache de grandes diversités : à Chablis, la vendange mécanique est très répandue, alors qu'elle reste rare dans certaines AOC de Côte-d'Or. La taille des exploitations et l'encépagement expliquent ces disparités. ' Le pinot noir fait partie des variétés les plus difficiles à récolter par secouage, car on observe une forte adhérence des baies sur leurs pédicelles , précise Yves Heinzlé, responsable du secteur mécanisation à l'ITV. En revanche, le chardonnay et, surtout, le cabernet sont bien adaptés à une vendange mécanique. ' C'est en Aquitaine, en Charente, dans le Gers et le Midi que la machine est la plus présente, avec un taux de ramassage estimé à plus de 85 %.
Outre l'intérêt de pouvoir récolter à la maturation optimale, la machine permet de s'affranchir de la gestion des vendangeurs et de réaliser de belles économies. La différence de coût entre la vendange manuelle et la récolte mécanique varie du simple au double. Selon la densité de plantation des vignes, le coût de la vendange mécanique oscille entre 450 et 900 euros/ha, contre 1 220 à 1 830 euros/ha pour la récolte manuelle. ' Dans les premières années de la mécanisation, l'écart est moins important , précise Yves Heinzlé, car on doit adapter le vignoble et la cave. '
La machine reste interdite dans quelques régions viticoles, essentiellement pour des raisons techniques. A Châteauneuf-du-Pape, il est obligatoire d'opérer un tri des raisins à la parcelle, ce qui implique une vendange manuelle. 5 à 20 % de la récolte - il s'agit du ' rapé ' - doivent être écartés des cuves de châteauneuf-du-pape pour être vinifiés en vin de table. En Champagne, le décret d'appellation stipule que les raisins doivent arriver entiers au pressoir. Dans cette AOC, plus de 75 % des raisins sont noirs (pinot noir et pinot meunier) et une vendange mécanique colorerait obligatoirement le jus. ' De plus, une vendange mécanique remettrait en cause le fractionnement des jus lors du pressurage , précise-t-on au Comité interprofessionnel des vins de Champagne. Or, la région a fait de gros efforts sur ce point au cours de la dernière décennie. ' Il y a une dizaine d'années, des essais auraient été menés sur des parcelles de chardonnay et de pinot noir, de manière très confidentielle. Les crémants sont aussi issus de vendange manuelle, tout comme de nombreux liquoreux.
Le Beaujolais reste l'autre grande région où la machine est interdite... mais pour combien de temps encore ? Le sujet est très sensible dans cette région aux coûts de production élevés. Des essais ont été effectués pendant quatre ans entre 1996 et 1999. A l'issue de cette période, les vignerons de l'AOC Beaujolais s'étaient prononcés pour l'utilisation de la machine, ceux du Beaujolais villages et des crus - où les vignes sont rarement accessibles à une machine - restant attachés à la vendange manuelle.

En 2000, la demande de modification de décret stipulant l'apport de raisins entiers avait été déposée au comité national de l'Inao. Il s'était prononcé contre l'usage de la machine à la suite du rapport de la commission d'enquête, ce qui avait valu l'incompréhension d'un grand nombre de vignerons. En décembre 2001, la commission s'est élargie de quelques membres et le dossier a été représenté en mars 2002. En juin dernier, le comité national de l'Inao a donné une réponse positive à la mise en place d'expérimentations en Beaujolais non primeur, qui pourraient toucher 200 à 300 ha.
En contrepartie, les vignerons devront notifier les parcelles concernées, lesquelles seront visitées au préalable par une commission professionnelle. Ils devront aussi se soumettre à un agrément spécifique des vins issus de vendange mécanique. De plus, un échantillon des vins issus de vendange manuelle sera également prélevé. Une brèche vient de s'ouvrir, à la satisfaction du comité de défense des nouvelles pratiques vitivinicoles du Beaujolais qui compte 350 adhérents. Les partisans de la machine espèrent transformer l'essai et obtenir la modification du décret. De nouvelles réunions en perspective...

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