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Le vin se bonifie, les ventes aux enchères aussi

La vigne - n°134 - juillet 2002 - page 0

En 2001, un million de bouteilles de vin ont été adjugées lors des 310 ventes aux enchères publiques, qui ont eu lieu en France. Prix attractifs et rareté des millésimes font la joie des collectionneurs, consommateurs, particuliers ou professionnels.

Le vin est devenu une valeur financière et de nombreuses personnes s'y intéressent. Et quel est le meilleur endroit pour faire des affaires ? Les salles de vente, dont la fréquentation s'est considérablement accrue ces dernières années. En 2001, 310 ventes aux enchères ont eu lieu en France, contre 295 en 2000. Un million de bouteilles ont été échangées pour un chiffre d'affaires moyen de 35 Meuros, selon iDealwine, premier courtier en ligne de vin. Avec un prix moyen de 35 euros/b lle, la création d'une cave grâce à ces ventes est devenue un exercice prisé. Il faut dire que les acheteurs peuvent dénicher des bouteilles de 30 à 40 % moins cher que chez les cavistes, et des millésimes introuvables dans le commerce.
Plusieurs études ont donc misé sur la création d'un département vin à Paris. Citons Lombrail et Teucquam, qui réalise le plus gros chiffre d'affaires sur ce segment, Tajan, Poulain Le Fur et Artus. Pari réussi puisque cette diversification leur permet désormais de drainer davantage de clients.
Côté approvisionnement, les sources sont très diverses : déstockage des cavistes, restaurants ou GMS. Mais les principaux fournisseurs sont les particuliers : successions, faillites, divorces, déménagements, revente par les collectionneurs et spéculations sont autant d'événements qui peuvent amener des ventes. La tendance actuelle est aussi de rajeunir sa cave. ' Certaines personnes préfèrent les vins plus jeunes car le goût se modifie. Elles vont donc vendre une partie de leur cave pour racheter d'autres vins, en adéquation avec leur goût 'parkérisé' ', explique Alexandre De Clouet, expert en vin.
La source est en perpétuel renouvellement, mais il est de plus en plus difficile de trouver de vieilles caves. Les vieux millésimes ne représentent qu'une part infime dans les ventes, mais ils sont très recherchés. Claude Maradier, expert pour l'étude Lombrail et Teucquam, explique : ' Les millésimes antérieurs aux années soixante ne concernent que 5 % de leur catalogue, ceux de 1960 à 1980 50 %, et ceux de 1980 à 1999 45 % . ' Ce qui est rare est cher et certains en font leur business. C'est le cas d'un acheteur suisse, spécialiste des vieux vins, qui courre 30 à 40 ventes par an pour dénicher des perles rares et les faire déguster au cours de dîners, dont il fait payer le droit d'entrée.

La majorité des acheteurs sont des particuliers avertis. Le choix qui leur est proposé est éclectique et s'adresse à toutes les bourses. Les bordeaux représentent plus de 60 % des transactions. Actuellement, il existe un regain d'intérêt pour les vieux bourgognes, le romanée-conti en tête : en 2001, un millésime 1978 a été adjugé 4 116 euros et un 1990 a atteint 4 085 euros. La vallée du Rhône a connu aussi une belle progression en 2001, notamment pour les trois grandes appellations Côte-Rôtie, Hermitage et Châteauneuf-du-Pape. La demande surtout étrangère est telle que des millésimes comme 1978, 1990 et 1995 sont devenus rarissimes. L'Alsace fait l'objet d'une redécouverte pour ses vins blancs et les années 1961, 1971 et 1976 sont les plus recherchées. La vallée de la Loire se distingue avec ses liquoreux, mais certains sont sous-évalués (1928, 1937, 1947 par exemple). Les côtes de grandes appellations du Sud-Ouest (Cahors, Monbazillac, Madiran, Jurançon) progressent et les millésimes anciens sont rares. Les champagnes sont recherchés par les collectionneurs du monde entier. Même les années médiocres peuvent trouver un acquéreur du fait des anniversaires.
Ludiques, amusantes, mais aussi stressantes, les ventes aux enchères sont très prisées par les jeunes cadres qui se découvrent une passion pour l'oenologie. ' Les vins qu'ils achètent leur permettent d'épater leurs invités, d'où l'importance pour eux d'avoir une étiquette en bon état ' , explique un expert. Pourtant, une étiquette tachée par l'humidité est un critère de bonne conservation. Eric Rosaz, directeur de la CNCP (Confédération nationale des caves particulières) et fervent amateur de ventes aux enchères, explique que les salles de ventes sont des lieux privilégiés où l'on peut voir des choses extraordinaires. ' Mais je n'achète que des millésimes récents afin de limiter le risque de me retrouver avec de mauvais vins que je ne pourrais pas consommer . '

35 % des ventes sont concentrés sur novembre et décembre, époque des meilleures affaires. Les acheteurs ne pouvant assister à toutes les ventes, les enchères montent moins que le reste de l'année. Pour se lancer dans l'achat aux enchères, il existe plusieurs guides des cotations : le Bradfer, de Clouet et Maratier, publié chaque année chez Hachette, et le Guide Arthur Choko, spécialisé dans les ventes à l'international. Toutefois, ils représentent la vision du marché douze mois auparavant. Pour des informations récentes, il faut consulter des sites spécialisés comme www.idealwine.com qui donne les cotations en temps réel et permet d'acheter les crus aux enchères en ligne. Avec plus de 3 000 adhérents, iDealwine connaît un franc succès.


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