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L'automne sonne l'heure d'un bilan de santé

La vigne - n°136 - octobre 2002 - page 0

Un passage dans les vignes à l'automne permet de repérer certains symptômes, et de mettre en parallèle la qualité du raisin avec l'itinéraire technique réalisé. Des informations ressortent pour préparer celui de l'année suivante.

N'oubliez pas vos vignes après les vendanges ! A l'automne, les vignerons s'empressent dans leur cave pour faire le maximum d'efforts lors des vinifications. Mais pendant ce temps-là, la vigne est encore en activité et son évolution est riche d'enseignements. Après les vendanges, elle poursuit sa mise en réserve et son aoûtement. Elle démarrera d'autant mieux, l'année suivante, si elle est en bon état général.
Un bilan de la campagne donne au vigneron des signaux à interpréter, afin de mieux établir l'itinéraire technique suivant. Certains symptômes sont facilement observables à cette période. Mais surtout, en fin de saison, le moment est propice pour effectuer un bilan agronomique.
L'observation du vignoble s'achève le plus souvent lors de la décision de vendanger. A l'issue du suivi de maturité, on ne se préoccupe plus guère de ses vignes. Des conseillers techniques conservent un oeil sur elles à l'automne. Quelques vignerons commencent à leur demander des conseils en fin de saison. ' Même si un repos compensateur serait le bienvenu, la conduite du vignoble demande encore quelques efforts ', observe un conseiller viticole.

Que peut-on encore voir dans ses vignes à l'automne ? A condition de prendre son temps, les parcelles montrent des symptômes de maladies et des carences. Le mildiou, sous forme de mosaïque, peut se déclarer. Le degré d'atteinte des feuilles aura une incidence sur la mise en réserve des ceps. La chute précoce des feuilles l'empêche de bien constituer ses réserves. Le démarrage printanier de la vigne sera d'autant moins vigoureux, surtout si les vignes sont jeunes.
L'oïdium visible sur bois est un bon révélateur d'une attaque passée. Le degré d'atteinte aura également une répercussion sur le potentiel infectieux de la maladie au printemps prochain.
L'enroulement s'observe particulièrement bien en fin de saison : le feuillage des cépages rouges rougit entre les nervures. Mais il ne faut pas confondre ces symptômes avec la flavescence dorée, avec laquelle les bois n'aoûtent pas. Pour les cépages blancs, l'enroulement est plus difficilement décelable. Le court-noué est encore observable en automne, car la panachure poursuit son développement. L'esca risquant de se développer davantage avec l'interdiction de l'arsenic de sodium, il doit être surveillé de très près. Avant la chute des feuilles, il faut repérer des pieds atteints et les marquer, l'arrachage étant actuellement le seul moyen pour limiter la propagation de cette maladie. C'est également le moment de marquer les pieds atteints de black dead arm, dont les symptômes sont proches de ceux de l'esca.
Des carences sont aussi facilement détectées à la fin de l'été et tôt dans l'automne. La carence en magnésie est la plus manifeste à cette période. Elle se voit par un rougissement ou un jaunissement des feuilles, respectant les nervures. La carence en potasse est, elle aussi, bien visible. Elle provoque un rougissement ou un jaunissement périphérique sur le limbe qui s'incurve.
Une fois que l'ensemble du feuillage entame sa sénescence, il est trop tard pour déceler une anomalie. Après les vendanges, c'est donc la période idéale pour effectuer les observations dans les parcelles. ' Mais attention, prévient Bernard Molot, à l'ITV de Nîmes, après une vendange mécanique, il est plus difficile d'interpréter le comportement des pieds de vignes. Il faut donc rester prudent. ' Effectivement, les secousses des machines à vendanger peuvent engendrer des anomalies de circulation de la sève.
En plus des symptômes, l'observation automnale permet de mettre en parallèle la qualité du raisin, sa maturité, sa quantité, son état sanitaire et celui du feuillage, et l'aspect général des pieds de vigne. C'est un bilan agronomique de la parcelle. ' Ce bilan n'a pas pour finalité une intervention dans la saison , explique Laurent Panigaï, au CIVC (Comité interprofessionnel des vins de Champagne), il sert plutôt dans l'optique d'un ajustement de l'itinéraire technique de l'année qui suit . ' Le bilan de campagne peut aussi mettre en parallèle l'objectif en termes de qualité et de quantité des raisins avec ce qui a été obtenu. On peut donc juger de l'efficacité des pratiques, et même parfois de leur légitimité.

Le bilan agronomique peut révéler certains problèmes récurrents, et d'autres plutôt liés aux accidents de l'année. Il faut être capable de les discerner. Une dernière visite permet, par exemple, de faire la relation entre la vigueur et l'état sanitaire du feuillage. Au sein d'une même parcelle la nutrition azotée est différente. ' Il faut zoner les parcelles, indique Jean-Marie Balland, consultant en viticulture à Sancerre. Les parties supérieures de plusieurs parcelles, ayant le même comportement, sont considérées comme une unité . ' Les logiciels de gestion des informations parcellaires sont ici bien utiles. ' Il faut baliser, au sein d'une même parcelle, les unités de comportement des vignes, que ce soit par rapport à la fertilisation, aux maladies ou à la couleur du feuillage . '
Certains conseillers en viticulture préfèrent effectuer le lien entre la qualité du raisin et l'aspect des vignes avant les vendanges. Dans ce cas-là, une visite accompagnée par l'oenologue est encore plus enrichissante. Ce dernier apprécie la qualité du raisin et prévoit plus facilement les étapes de la vinification. La relation entre la viticulture et l'oenologie devient encore plus manifeste.
Les visites de fin de saison servent à finaliser l'enregistrement de l'itinéraire technique. Ce qui a été observé à ce moment-là doit être noté. Ces observations seront retrouvées au printemps prochain. Le vigneron saura ce qu'il doit ou ne doit pas faire pour mener sa vigne au mieux, car la mémoire est parfois insuffisante. Autant que les enseignements recueillis, lors d'une saison, servent au moment des prises de décisions les années suivantes.

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