Avec la réforme des contributions indirectes, les interprofessions suivent plus précisément les sorties de chai et les stocks à la production. Pour obtenir les mêmes informations du négoce, elles ont passé des accords avec lui.
La mise en application de la réforme des contributions indirectes apporte de nouveaux éléments d'information économique aux interprofessions. Pour l'instant, ces dernières sont dans une phase de transition, car elles en ont souvent profité pour recaler leurs propres procédures d'appel de cotisations et d'enregistrement des données. Mais une fois ces évolutions intégrées, elles devraient être à même de mieux cerner la commercialisation des appellations au cours de la campagne.
Désormais, tous les mois, les douanes transmettent aux interprofessions une copie des déclarations récapitulatives mensuelles (DRM) établies par les vignerons récoltants, mentionnant les sorties de chai et l'évolution théorique des stocks par appellation et par couleur. En revanche, elles ne transmettent pas les DRM établies par les négociants. De toute façon, celles-ci ne permettraient pas de réaliser un suivi par appellation. En effet, les négociants ne sont pas tenus de déclarer leurs sorties appellation par appellation. Ils se contentent de détailler les volumes par catégorie réglementaire de vins.
' Pour avoir des informations plus complètes, nous nous sommes rapprochés de l'Union des maisons du Rhône. Ce syndicat interroge ses adhérents et nous transmet, tous les mois, une évaluation des stocks par appellation au niveau du négoce. Nous n'enregistrons ces chiffres que depuis 2002. A partir de l'année prochaine, nous allons pouvoir commencer à faire des comparaisons, en tenant compte des phénomènes saisonniers, comme les foires aux vins par exemple. Nous pourrons ainsi compléter notre tableau de bord avec un indicateur sur les stocks au négoce ', explique Jérôme Villaret, d'Inter-Rhône.
' Nous avons constitué un panel d'entreprises qui nous communiquent leurs chiffres. Nous sommes en train d'évaluer son poids précisément par rapport à l'ensemble du négoce régional. La prochaine étape sera de cerner les volumes embouteillés dans et hors de la région , explique Dominique Toillon, de l'Union des maisons du Rhône. Les informations transmises par le panel Secodip arrivent avec trois mois de décalage, et pour l'export, c'est encore plus long. Si nous pouvions approcher la consommation finale avec un délai raccourci, nous serions à même de réagir plus vite. ' Le développement de l'informatisation, que ce soit au niveau des entreprises, des douanes, des syndicats ou des interprofessions, devrait contribuer à atteindre cet objectif.
Au CIVB (Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux), une procédure a été mise en place il y a près de vingt ans pour avoir des informations annuelles sur les stocks au négoce. ' Au moment où les négociants réalisent l'inventaire physique pour établir leur déclaration de stocks, ils remplissent un formulaire supplémentaire destiné à l'interprofession, qui comporte le détail par appellation. Ce document nous est ensuite transmis par les douanes, après suppression des éléments d'identification de l'entreprise. Nous recevons ainsi 300 à 400 fiches anonymes qui nous permettent de reconstituer, une fois par an pour chaque appellation, les stocks détenus par le négoce ', explique Jean-Philippe Code, du CIVB.
Ces données permettent d'estimer, en fin de campagne, le taux de couverture du négoce régional. Elles contribuent à éclairer son comportement durant la campagne suivante. Elles facilitent la compréhension sur la vie de la filière.
Mais la réforme des contributions indirectes a également permis de mieux cerner les ventes à la propriété. ' Avec les DRM, nous avons enfin des informations mensuelles détaillées par appellation, ce qui n'était pas le cas auparavant ', souligne Jean-Philippe Code. En face des sorties de chai, les vignerons précisent les numéros des contrats de vente, ce qui permet à l'interprofession de suivre l'écoulement des volumes commercialisés de façon précise. ' Comprendre ce qui se passe sur un marché ne règle pas tous les problèmes. Mais quand des difficultés apparaissent, il est essentiel de les cerner rapidement et de pouvoir les expliquer. '