William Auréjac est chargé d'affaires viticoles au Crédit agricole du Midi, à Montpellier. Avant de discuter d'un prêt, il suit ses vignerons dans leurs vignes et leurs chais. Il doit connaître la vie des exploitations pour les conseiller au mieux.
'Je suis fier de voir les vignerons réussir. J'ai cru en eux, le Crédit agricole du Midi a pris des risques en les accompagnant, et ils ont réussi à réaliser leurs projets . ' Voilà le plaisir que trouve William Auréjac dans son métier de banquier qu'il exerce depuis six ans. Mais il n'est pas qu'un financier. De par sa formation d'ingénieur agronome, il saisit les spécificités et les nécessités des vignerons de l'Hérault, car les banquiers sont devenus des hommes de terrain. ' Je passe les deux tiers de mon temps en rendez-vous chez mes sociétaires ', précise William Auréjac. En effet, pour bien accompagner son portefeuille de trois cents vignerons dans leur installation et leur développement, il les rencontre régulièrement. ' Cela ne m'empêche pas de faire des visites supplémentaires par courtoisie, même pendant la période des vendanges. Cela cimente nos relations ', se réjouit-il.
Une à deux fois par an, William Auréjac prend rendez-vous avec les vignerons qu'il suit. La rencontre dure généralement d'une heure et demie à trois heures, et débute par la visite du vignoble. Elle se poursuit dans la cave et se termine souvent par une dégustation. ' Cette visite est très conviviale, nous parlons d'égal à égal. Ce dialogue me permet de suivre la vie de l'exploitation. ' Les plantations, les traitements contre les maladies, les soucis climatiques, les vinifications, les assemblages, les difficultés du marché sont abordés. Ensuite, le vigneron expose ses projets d'achat d'une cuve, d'un pressoir ou d'un tracteur... A l'issue de la visite, les protagonistes se mettent autour d'un bureau, généralement en présence du comptable. Le vigneron présente son programme d'investissements, ainsi que ses ventes de vins, ses objectifs à court et à moyen termes, puis ses comptes prévisionnels. ' Nous analysons la comptabilité et son évolution, pour déterminer un schéma d'investissements et la possibilité de le financer , explique William Auréjac. Les vignerons sont devenus de véritables chefs d'entreprises. Je vérifie si la perspective envisagée est bien réalisable, que l'emprunt sera remboursable et pas trop lourd à supporter ', poursuit-il. Il faut déterminer la capacité d'endettement, le taux d'autofinancement, et la hauteur du remboursement. William Auréjac demande parfois des précisions sur un ou plusieurs points comptables ou dans un compte de résultat prévisionnel. Cela peut donner l'objet d'un rendez-vous ultérieur. ' Il faut parfois refaire un bilan prévisionnel, en revoyant à la baisse un chiffre d'affaires, par exemple. Nous envisageons un scénario optimiste et un plus pessimiste ', souligne-t-il. La santé du marché est donc capitale pour apprécier l'avenir des exploitations. C'est pourquoi ce banquier s'informe grâce aux journaux et revues spécialisés sur l'agriculture et la viticulture. A l'issue de la réunion, William Auréjac donne son point de vue sur le projet. Ayant en tête la santé de l'entreprise et pouvant apprécier son devenir, notre banquier peut se prononcer sur le prêt.
' Après mon entretien, j'ai mon avis. Si le dossier se tient bien, je donne mon accord le jour même. Je ne dis jamais 'non' d'emblée ', remarque-t-il. Cependant, si le dossier mérite d'être approfondi, notre banquier le reprendra la tête reposée de retour à son bureau. ' Je réalise une expertise supplémentaire. Je redéfinis, par exemple, le type de prêt ou sa durée ', précise-t-il. Ainsi, sa réponse est donnée en moins de deux jours. Mais, selon l'encours, William Auréjac n'est pas en mesure d'accorder tous les prêts. Il doit, selon la somme, présenter le dossier à son supérieur, le responsable agricole ou au directeur des crédits, ou encore devant le comité des crédits de la banque. Dans ces cas-là, la réponse est donnée dans les cinq jours, ou après la tenue du comité, dont les dates sont fixées d'avance. William Auréjac accorde seul presque un tiers des prêts demandés. Depuis le début de l'année, il a validé plus de 107 millions d'euros de crédits. Quand le projet est refusé, William Auréjac explique pourquoi il a pris cette décision, pour poursuivre sa mission de conseil. ' Ce n'est pas toujours facile d'expliquer notre raisonnement clairement, mais c'est indispensable ', ajoute-t-il.
Le chargé d'affaires viticoles du Crédit agricole est de plus en plus sollicité par les vignerons. Il leur apporte beaucoup de ses compétences, grâce à sa forte proximité et à sa connaissance du monde viticole. Il leur propose non seulement des solutions bancaires, mais aussi des aides à la gestion du patrimoine, du conseil à la constitution de leur retraite, à l'optimisation de leur fiscalité et de leur comptabilité. ' Je suis donc bien plus un partenaire qu'un fournisseur ', analyse William Auréjac.
Quand il n'est pas sur des exploitations, William Auréjac actualise ses dossiers et prospecte. Il participe aussi à la formation des conseillers professionnels des agences du Crédit agricole, qui gèrent les comptes et les affaires bancaires au quotidien : complément de retraite, assurances...
Sa présence sur les salons professionnels comme Vinisud, Dionysud ou le Sitévi, est appréciée. ' Le Crédit agricole lie des relations à très long terme avec les vignerons, pour les accompagner tout au long de leur vie professionnelle, dans les bons moments, mais aussi dans les moins bons. Les hommes font notre banque : nous n'avons pas de produits prédéfinis, nous les adaptons à chacun. Car chaque vigneron est un cas particulier et, chaque année a aussi ses particularités ', conclut William Auréjac.