La maîtrise de la vigueur et des rendements doit se faire dès la plantation. Or, le premier facteur sur lequel on peut agir, c'est le choix du porte-greffe. Les essais montrent que l'association d'un cépage déjà naturellement vigoureux, comme le grenache, à un porte-greffe vigoureux, comme le 140 R ou le SO4, nuit à la qualité des vins. Ceux-ci sont caractérisés par une faible intensité colorante qui vire rapidement à l'orangé, et par une évolution anticipée. La syrah est moins vigoureuse que le grenache, mais comme elle est sujette à des problèmes de mortalité précoce, il faut favoriser une implantation plus lente afin d'obtenir un bon enracinement. Pour cela, il est important d'éviter la production de raisins les premières années, de remonter les cordons et d'éviter les surcharges. Les porte-greffes trop vigoureux comme le SO4 sont, là encore, déconseillés car ils vont à l'encontre de ces recommandations, ou donneront davantage de travail aux vignerons qui ne maîtrisent pas forcément leurs rendements par l'éclaircissage.
De plus, ils ont souvent tendance à trop absorber le potassium, ce qui engendre des problèmes de carence magnésienne et de dessèchement de la rafle. Pour toutes ces raisons, les porte-greffes vigoureux, tels que le SO4 et le 140 R, sont déconseillés de notre cahier des charges visant l'amélioration qualitative. Ils ne sont préconisés que dans les sols superficiels. Nous incitons les vignerons à diversifier le choix de leurs porte-greffes et à en essayer plusieurs sur une même parcelle, afin de comparer leurs différentes aptitudes. Pour le cépage syrah, notre position est un peu moins tranchée, car les vignerons peuvent se retrouver confrontés à des problèmes de disponibilité du matériel. Il faut savoir que chez les pépiniéristes, les porte-greffes disponibles sur la syrah sont, en premier, le 140 R, en second, le SO4. Ce problème de disponibilité peut être évité en commandant les plants suffisamment à l'avance.