ImprimerPour être efficace, le viticulteur a besoin d'avoir des sécateurs tranchants. Or, leur affûtage est complexe : biseau, contre-biseau et évidage doivent être aiguisés suivant des principes très précis.
Le mauvais affûtage des sécateurs entraîne divers problèmes. Tout d'abord, il génère une perte de productivité : comme les lames coupent moins bien, la vitesse de coupe diminue. Ensuite, cela augmente le nombre de maladies tendineuses et musculaires : les sécateurs rentrent plus difficilement dans le bois, donc le poignet doit compenser. En conséquence, l'aiguisage des lames est important.
En général, ' les sécateurs neufs sont fabriqués avec une bonne qualité d'acier, mais ils ont des défauts : angle du biseau trop important ou trop faible, ou bavures sur la lame ', remarque un observateur.
Pour avoir des sécateurs performants, il faut commencer par les démonter et retravailler les lames à l'aide d'une meule à eau. La première étape est l'évidage de la lame. Cette phase consiste à amincir la partie en biais de la lame nommée évidage. On enlève de la matière afin de faciliter la pénétration des lames dans le bois, en frottant celle-ci contre la meule. Ensuite, il faut aiguiser le biseau et le contre-biseau pour obtenir une coupe optimale. L'angle d'aiguisage le plus efficace est compris entre 22 et 28°. Pour y parvenir, il faut positionner la lame sur la meule de manière à former l'angle recherché, et la maintenir dans cette position. La dernière étape consiste à polir les lames afin d'enlever les bavures pour qu'elles soient lisses. Les lames ainsi traitées sont prêtes à l'emploi.
Cependant, ' après environ deux heures d'utilisation, il faut affûter la lame, car il ne faut pas attendre qu'elle ne coupe plus pour l'aiguiser. Sinon, c'est trop tard ', estime Philippe Pringuay, conseiller en affûtage chez Tact (Techniques d'affûtage et conseil en tranchage), à Ploemeur (Morbihan). Cet affûtage est réalisé soit avec une pierre à aiguiser (pierre corindon par exemple), soit avec une pierre grise céramique, toutes deux à utiliser avec de l'eau pour lubrifier, soit avec un affiloir carbure.
' Les pierres à aiguiser s'utilisent plutôt pour des lames bien entretenues : elles enlèvent peu de matière. Par contre, l'affiloir retire plus d'acier et est recommandé pour des lames très abîmées ', explique Philippe Pringuay. Ces outils sont à utiliser sur le biseau et le contre-biseau de la lame, et sur le biseau de la contre-lame. Il faut les passer en suivant la courbure de la lame et son angle, de préférence avec un mouvement linéaire.
Parallèlement à ce travail sur l'acier, il faut nettoyer les lames régulièrement avec du white-spirit, de l'acétone ou des dissolvants vendus par les fabricants de sécateurs, afin d'enlever la sève et la graisse qui s'y accumulent. Le démontage mensuel ou bi-mensuel des sécateurs et leur nettoyage total sont recommandés. De plus, il ne faut pas hésiter à changer le dispositif de maintien de la lame (vis et écrou) afin d'éviter le jeu entre les deux lames. Enfin, il faut appliquer du frein filet (genre de colle liquide qui durcit en l'absence d'air) entre l'écrou et la vis, afin de colmater les trous entre ces deux parties et d'éviter le jeu.
Si un bon affûtage est primordial, un affûtage mal fait peut être aussi nuisible que pas d'affûtage du tout. Certains gestes sont à éviter. ' Lors de l'aiguisage de la lame supérieure, il faut veiller à ne pas supprimer sa courbure , avertit Philippe Pringuay. Si elle est trop droite, la pression exercée pas le poignet est nettement supérieure et induit plus de problèmes musculo-squelettiques. De même, il ne faut pas donner un angle trop important au biseau, sinon, le travail à fournir est plus important. Enfin, si l'angle du biseau est trop faible, les sécateurs coupent bien, mais pas longtemps, et la lame peut même casser. '