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Prélevée : en mai, ça marche !

La vigne - n°141 - mars 2003 - page 0

En repoussant l'utilisation des herbicides de prélevée, on peut réduire les doses, tout en améliorant l'efficacité du désherbage. Les matières actives utilisables sont le diuron, l'oryzalin et le norflurazon.

Le désherbage mixte suppose d'intervenir en deux temps. Il consiste à appliquer, en sortie d'hiver, un herbicide foliaire (de postlevée) puis, fin mai-début juin, un herbicide de prélevée associé à un postlevée. Cette stratégie est travaillée par les techniciens du groupe vigne du Columa depuis 1996. Au vignoble, elle est encore marginale, mais devrait se développer, eu égard à la préservation de l'environnement et dans la limite où les mélanges prélevée + postlevée concernés seront autorisés. Retarder l'application de l'herbicide de prélevée permet de diminuer les doses. ' Sur le plan de l'efficacité, c'est une solution intéressante. C'est même plus efficace que d'appliquer l'herbicide de prélevée en une fois avant le débourrement, car on évite les trous en été ', constate Eric Chantelot, de l'ITV de Nîmes. En effet, la persistance d'action est plus longue et, surtout, le vigneron peut ' tirer à vue ', c'est-à-dire raisonner le choix des produits selon les adventices de sa parcelle. Ce n'est pas le cas en sortie d'hiver, où on est obligé de faire des suppositions sur sa future flore.

C'est aussi une porte de sortie pour ceux engagés dans l'ENM (enherbement naturel maîtrisé) qui subiraient une pluviométrie élevée, favorable à la levée des mauvaises herbes. Dans ce cas, l'application d'un prélevée, associé à un postlevée, en mai-juin évite un troisième passage avec un postlevée.
Forts de ces arguments, les prescripteurs tentent de préconiser cette méthode depuis deux à trois ans. Mais elle n'est pas applicable dans tous les vignobles du fait du mode de conduite. Elle peut aussi poser des problèmes d'organisation car, en mai-juin, les travaux à la vigne se bousculent. Mais surtout, elle demande une grande technicité. Comme pour l'ENM, la conduite de la vigne doit être parfaite lors de la deuxième application : absence de rameaux sur le sol et palissage soigné. Quant au matériel, mieux vaut utiliser des caches de protection ou des rampes capotées. ' Attention, il ne faut pas voir l'utilisation de matériel spécifique comme une assurance. Il faut avant tout raisonner la date d'application selon le risque de vent ', prévient Eric Chantelot.
Par ailleurs, toutes les molécules de prélevée ne peuvent pas être appliquées en mai et juin. ' La plus adaptée reste le diuron, à condition de bien raisonner la quantité d'herbicide foliaire à associer en fonction des espèces présentes et de leur stade ', explique Eric Chantelot.
Rappelons que le diuron seul est interdit de vente depuis le 30 septembre 2002, mais qu'il est encore possible de l'utiliser à la dose maximale de 1 500 g/ha/an jusqu'au 30 juin. Il ne reste donc que les produits associant le diuron à un postlevée. Le Surflan (oryzalin), à la dose de 4 à 6 l/ha, et le Zorial (norflurazon autorisé jusqu'à la fin décembre 2003), à 1,5 kg/ha, donnent de bons résultats en application tardive, à condition qu'il y ait une humidité suffisante.

La terbuthylazine n'est pas conseillée parce qu'elle est régulièrement retrouvée dans les eaux, mais également parce qu'elle présente une efficacité médiocre sur les levées estivales. L'oxyfluorfène (Goal 2E) n'a jamais été travaillé pour cet usage, du fait du risque de phytotoxicité. De plus, il se dégrade à la lumière. Même constat pour Péral pro, où l'oxyfluorfène est associé à la propyzamide, également photodégradable. Ce produit, tout comme Prowl 400 (pendiméthaline), risque de causer des phytotoxicités par vapeur. Il est donc déconseillé en mai-juin. Quant au Cent 7 (isoxaben), son positionnement est déjà délicat en prédébourrement, car il nécessite de la pluie.
Depuis 2002, le Columa (Conférence sur la lutte contre les mauvaises herbes) étudie les désherbages au Katana (flazasulfuron), à 0,1 kg, et au Pledge (flumioxazine) à 0,6 kg. D'après les premiers résultats, l'application tardive de Katana serait envisageable, en respectant bien les conditions d'application et en ne touchant pas la végétation. Pledge serait plus difficile à maîtriser, du fait des risques de phytotoxicité par éclaboussures lors de pluies violentes (splashing) ou d'embruns. Ces expérimentations doivent être affinées et validées avant une quelconque préconisation.

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