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Pulvérisateur : le plein en toute sécurité

La vigne - n°141 - mars 2003 - page 0

Deux incidents peuvent survenir au moment du remplissage du pulvérisateur et causer des pollutions : le débordement et le retour d'eau. De simples précautions réduisent considérablement leur risque de survenue. Le viticulteur doit aussi penser à sa propre sécurité.

Le remplissage du pulvérisateur mérite une attention particulière. Cette étape n'est pas banale puisqu'elle peut être à l'origine d'une pollution des milieux naturels ou d'une contamination du réseau d'eau potable. En effet, deux incidents peuvent survenir lors du remplissage : le débordement de la cuve et le retour de bouillie dans le réseau de distribution d'eau. L'utilisation d'une aire aménagée est donc une exigence de l'agriculture raisonnée.
La conception d'un poste de remplissage relève surtout du bon sens. Il peut être équipé à un coût raisonnable. Il doit être éloigné de tout point d'eau (puits, fossé, périmètre de captage...), installé sur un sol étanche et à proximité du local de stockage des produits phytosanitaires. Avant sa construction, il est nécessaire de s'assurer qu'il respecte la réglementation locale.
L'opérateur doit aussi veiller à sa sécurité. Il utilise des produits concentrés. Il doit donc porter un matériel adapté : gants, masque à filtre (A2B2P3), combinaison spécifique et bottes. Ces équipements doivent résister aux produits phytosanitaires. La protection des mains nécessite le port de gants en nitrile, matière imperméable aux solvants.
L'étiquette peut également délivrer des instructions particulières, liées à la manipulation du produit. Il convient de la lire attentivement. Par ailleurs, le tuyau de distribution d'eau ne doit jamais être en contact avec la bouillie car, souillé, il pourrait contaminer les autres utilisateurs.

Lors du remplissage, l'essentiel est de rester toujours vigilant. L'opérateur doit être présent en permanence.
Pour éviter les débordements et limiter les volumes résiduels, en fin de traitement, il est nécessaire de connaître le volume d'eau introduit dans le pulvérisateur. Ce dernier doit être équipé d'une jauge précise et visible depuis le poste de remplissage. Lors de la mise en service d'un pulvérisateur, il est nécessaire de calibrer la jauge. L'utilisation d'un compteur d'eau ou d'une vanne volumétrique branchée sur l'arrivée d'eau apporte une précision supplémentaire. La vanne volumétrique permet d'arrêter automatiquement le remplissage après le passage d'un volume d'eau préprogrammé. Dans tous les cas, le volume de liquide déjà présent dans le pulvérisateur doit être pris en compte.
Une cuve, de même volume que la cuve du pulvérisateur, peut également s'avérer utile. En l'équipant d'un dispositif d'arrêt automatique (de type chasse d'eau), elle peut se remplir seule, pendant que l'opérateur traite. Ce gain de temps est très appréciable. Par ailleurs, si on y adapte un tuyau de fort diamètre (60 ou 80 mm), on peut vider rapidement son contenu dans le pulvérisateur. Si on équipe ce tuyau d'une vanne quart de tour, on peut couper instantanément l'écoulement de l'eau, ce qui est un moyen supplémentaire de se prémunir contre tout risque de débordement. Le débordement est également lié à la formation de mousse. Pour cette raison, un flacon d'antimousse doit toujours être à disposition de l'opérateur. De plus, il faut bien doser l'agitation dans la cuve du pulvérisateur. Elle doit permettre la dissolution du produit sans former une mousse abondante.
Idéalement, les débordements seront dirigés vers un puisard pour être récupérés et réincorporés dans le pulvérisateur ou éliminés dans un centre agréé. Dans tous les cas, une réserve de produit absorbant doit être disponible (sciure de bois...).

Malgré toutes ces précautions, un autre phénomène peut survenir : le retour d'eau. Il se traduit par l'inversion du sens de circulation de l'eau dans le réseau. Un tel incident est causé par une dépression sur le réseau d'adduction d'eau (pic de consommation, casse de canalisation...). Si le tuyau de remplissage trempe dans la cuve au moment où la dépression se produit, la bouillie est aspirée. Le réseau d'eau potable est ainsi contaminé et véhicule une eau polluée ! Contrairement aux idées reçues, ce phénomène est fréquent et pas seulement en milieu agricole. Le retour d'eau constitue environ 20 % des grosses pollutions d'origine phytosanitaire (source Agence de l'eau Seine-Normandie).
En cas de problème, le viticulteur en est responsable, la jurisprudence ayant déjà considéré l'imprudence comme un délit. Par ailleurs, il existe une réglementation spécifique en matière de protection contre les retours d'eau polluée : ' Les conditions d'utilisation des installations intérieures ne doivent pas, notamment à l'occasion de phénomènes de retour d'eau, perturber le fonctionnement du réseau auquel elles sont raccordées ou engendrer une contamination de l'eau distribuée (décret du 5 avril 1995, n° 95-363, article 31). Pour éviter qu'un tel incident se produise, il suffit de maintenir le tuyau de remplissage hors de la cuve. Aucun contact avec la bouillie ne doit avoir lieu !
Il existe une manière complémentaire de se protéger contre le retour d'eau. Elle consiste à installer des clapets antiretour, soit sur la canalisation, soit sur le robinet. Ces clapets antipollution doivent être agréés ' NF antipollution (NF 045) '. Forts de toutes ces précautions, les viticulteurs peuvent remplir leurs pulvérisateurs en toute sécurité pour eux, leurs proches, les personnes alentours et l'environnement.


EN SAVOIR PLUS
L'ITV a réalisé un film de sensibilisation disponible auprès de Claudine Fournaud au prix de 15 euros. Tél. : 04.99.23.33.00.
E-mail : claudine.fournaud@itvfrance.com.
Groupama, en collaboration avec l'ITCF et l'ITV France, a édité une plaquette sur le sujet.



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