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L'excoriose menace à nouveau

La vigne - n°141 - mars 2003 - page 0

Ces trois dernières années, l'excoriose a progressé à la faveur des printemps humides et de l'abandon de l'arsénite de soude. Les vignerons doivent se montrer vigilants contre cette maladie, d'autant plus préjudiciable, que l'on taille court.

'Souvent les vignerons sont obsédés par le mildiou, et ils en oublient les autres maladies dites secondaires ', constate Hélène Archidec, de la chambre d'agriculture du Gers. L'excoriose fait partie de ces maladies mineures ne nécessitant pas une lutte systématique. Mais elle ne doit pas être prise à la légère car, en cas de fortes infestations sur une parcelle, les dégâts sont importants. Elle engendre des pertes quantitatives de récolte parce que les bourgeons atteints ne débourrent pas. Elle cause aussi des difficultés au moment de la taille. Les vignerons doivent donc se montrer vigilants, d'autant que l'excoriose a progressé.
' Depuis deux à trois ans, l'excoriose a fait son retour. On en voit même sur l'ugni blanc pourtant réputé moins sensible ', constate Magdelena Girard, de la chambre d'agriculture de Charente-Maritime. Pourquoi ? La raison principale incombe aux conditions météorologiques, car l'excoriose se développe au gré des printemps doux et humides. ' Les pluies favorisent les contaminations ', explique Magdelena Girard. Les vignobles de la façade atlantique (Val de Loire, Charente, Bordelais et, dans une moindre mesure, le vignoble de Midi-Pyrénées) sont particulièrement concernés du fait de leur pluviométrie élevée au printemps.
L'intensité des attaques dépend aussi des conditions de débourrement, la période critique se situant entre les stades 06 (D, éclatement du bourgeon) et 09 (E, deux à trois feuilles étalées). ' Plus la vigne débourre vite, moins le champignon a le temps de coloniser le rameau, moins il y a de symptômes ', rappelle Nadège Brochard, de la chambre d'agriculture de Loire-Atlantique.
Les vignes conduites en taille courte (cordon, gobelet) sont particulièrement pénalisées, car ce sont les bourgeons de la base qui sont atteints en premier. Dans le cas de taille à deux yeux, la totalité de la récolte sur un bras peut être perdue, si la maladie n'a pas été endiguée. En cas de symptômes, mieux vaut tailler un peu plus long.
Un autre événement explique la progression de l'excoriose : ' Nous avons une poussée plus forte depuis l'interdiction de l'arsénite ', constate Freddy Manceau, rapporteur national excoriose à la Protection des végétaux de Poitou-Charentes. Avant son retrait, l'arsénite de soude permettait un bon contrôle de la maladie en prédébourrement, car il détruisait les pycnides présents sur les écorces. Depuis son abandon, il ne reste que les traitements de postdébourrement et la prophylaxie.

Forts de ces constats, beaucoup de techniciens tirent la sonnette d'alarme. ' Les vignerons doivent se montrer vigilants. Ceux qui voient des symptômes d'excoriose dans leurs vignes, ne doivent pas oublier en début de saison, les deux traitements contre cette maladie ', explique Hélène Archidec. En effet, la lutte contre l'excoriose consiste soit à faire deux applications de fongicides de contact (mancozèbe, folpel...), le premier lorsque 30 à 40 % des bourgeons ont atteint le stade 06 et le deuxième, lorsque 40 % des bourgeons ont atteint le stade 09, soit une application de fosétyl d'Al au stade 06, éventuellement à renouveler au stade 09 avec un contact. Or, constatent les techniciens : ' A cette époque, les vignerons ont du mal à sortir leur pulvérisateur. ' Mais ils peuvent optimiser leur passage en traitant d'autres maladies. ' S'ils utilisent des produits à base de cuivre et de mancozèbe, ils peuvent traiter la nécrose bactérienne en même temps que l'excoriose ', calcule Magdelena Girard.
En Saône-et-Loire, Benjamin Alban, technicien à la chambre d'agriculture, explique que la lutte contre l'excoriose pourrait s'intégrer dans une stratégie d'entretien pour assainir les vignes en début de saison. ' Les vignerons pourraient contrôler l'excoriose, l'érinose et l'acariose en traitant, soit une fois tous les cinq ans toutes les parcelles de leur exploitation, soit chaque année une parcelle différente . ' Pour ces traitements précoces, les techniciens conseillent l'utilisation de panneaux récupérateurs. ' La pulvérisation est plus précise, d'où une meilleure efficacité des traitements. Cela permet aussi de faire des économies de produit et de limiter la dérive ', justifie Jean-François Allard, de la chambre d'agriculture de Charente. Et Freddy Manceau de rajouter : ' Les vignerons doivent impérativement respecter les doses par hectolitre. '

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