La famille Vaillant est installée en Gaec sur son domaine des Grandes vignes, dans le Maine-et-Loire. Les tâches de chacun sont clairement définies. Grâce à cette complémentarité, la propriété poursuit une progression homogène.
Jean-François, l'aîné, s'occupe essentiellement de la vinification. Il est également impliqué dans la vie municipale et syndicale, et fait partie de diverses associations. De plus, il suit de nombreuses formations qui lui permettent de maintenir l'exploitation au courant des nouvelles technologies et des recherches en cours. Dominique dirige la viticulture et les relations avec les acheteurs. Laurence, leur soeur, gère la comptabilité de l'entreprise, accueille les clients et prépare les commandes.
En 1985, Jean-François s'associe avec sa mère sur la propriété, son père étant à la retraite. Le domaine est alors constitué d'un cheptel de vaches laitières, de terres céréalières et de 15 ha de vignes. Dès son arrivée, Jean-François change l'orientation de l'exploitation, la spécialisant dans la viticulture. Pour cela, il échange les parcelles agricoles contre d'autres classées en AOC, et il achète des droits de plantation. Il essaie également de regrouper ses parcelles. Le vignoble familial s'étend progressivement.
Parallèlement, Jean-François développe la vente directe de vin. Du temps de ses parents, tout était vendu en vrac aux négociants de la région. Dans les chais, il commence à travailler sur la vinification, notamment des vins blancs.
Vers la fin des années 80, Dominique rejoint son frère. Baisse des rendements, tailles courtes et enherbement des sols profonds sont de rigueur. Le but est de récolter un raisin de bonne maturité et de qualité. ' Avec une bonne matière première, c'est un jeu d'enfant dans les chais ', explique Jean-François.
En 1992, avec l'arrivée de Laurence, l'équipe est au complet. La famille Vaillant peut mener à bien ses ambitions, à commencer par des innovations en vinification.
Après la réorganisation de la propriété, la priorité est donnée à la conduite de la vigne. Le but avoué est de produire de la qualité tout en respectant l'environnement. Jusqu'au début des années 90, la famille travaille beaucoup avec les techniciens du GDDV (Groupement départemental de développement viticole), afin de trouver les techniques qui conviennent à la fois à leur terroir et à leurs cépages.
Le domaine des Grandes vignes produit des vins de huit appellations différentes : Anjou-villages et Anjou pour les rouges ; Rosé d'Anjou, Cabernet d'Anjou et Rosé de Loire pour les rosés ; Anjou, Coteaux du Layon et Bonnezeaux pour les blancs. La plupart de ces vignes sont enherbées et le cavaillon est travaillé à l'intercep mécanique. La vigne est taillée à douze yeux et, au printemps, un oeil sur deux est supprimé, ce qui permet d'obtenir une baguette aérée.
Depuis 1996, au moment de la floraison, la vigne est effeuillée au niveau des grappes, afin de les amener à une maturité optimale. Parallèlement, Dominique a surélevé le palissage. ' Outre une meilleure maturité, l'effeuillage permet d'aérer le raisin, et donc de limiter les problèmes de botrytis ', témoigne Jean-François. Depuis 1999, la famille Vaillant a même arrêté de traiter contre cette maladie.
Grâce à toutes ces précautions, les chenins et les cabernets (220 mg/l d'anthocyanes) ont de belles maturités. Les premiers atteignent régulièrement 13° naturels. Les seconds renferment au moins 220 mg/l d'anthocyanes. Jean-François peut leur appliquer des remontages énergiques et des macérations longues.
Pour des raisons économiques et écologiques, la famille Vaillant essaie de ne traiter qu'à bon escient. Les raisins sont vendangés manuellement ou à la machine, suivant les crus.
Toutes ces mesures s'inscrivent dans la démarche Terra Vitis suivie par les Vaillant depuis 1998. Le credo de l'association est ' d'observer, de respecter pour produire ', c'est-à-dire de faire un vin de qualité en produisant selon des règles basées sur l'observation de la nature. Ces considérations se rapprochent de l'agriculture biologique, ce qui fait dire à Jean-François que l'' on est proche du bio. Le seul problème, c'est que l'on met des herbicides et des produits antimildiou interdits en viticulture biologique. Mais on est en pleine réflexion pour savoir si on va ou non s'y convertir. '
Les Vaillant se distinguent également par leurs méthodes de vinification. Les anjous rouges effectuent leur fermentation alcoolique et leur malo en cuves. Par contre, les anjous-villages réalisent leur fermentation malolactique en barriques où ils restent environ deux ans. Ensuite, ils sont mis en bouteilles sans filtration, ni collage. Depuis 1993, les blancs font leurs deux fermentations en fûts de chêne. Ils ne sont pas chaptalisés et le vin est élevé au moins un an dans les fûts.
Grâce aux efforts fournis par les différents membres du Gaec, leurs vins décrochent de nombreuses médailles lors de concours nationaux et régionaux, et sont remarqués par de nombreuses revues. Cependant, ils ne sont pas très bien vendus, en partie à cause de la mauvaise notoriété de certaines AOC. Pour essayer de développer les ventes en CHR, un commercial vient d'être embauché en contrat à durée déterminée par le Gaec.
L'exploitation en dates
1985 : Jean-François s'associe à sa mère
1989 : Achats de fûts. Arrivée de Dominique
1992 : Laurence remplace sa mère
1993 : Fermentation des blancs secs en barriques
1996 : Effeuillage manuel
1997 : Acquisition de la dernière parcelle et création d'une chaîne d'embouteillage
2001 : Construction d'un chai de 1 400 m²