Sur son domaine de 25 ha en Touraine, ce vigneron respecte au mieux la réglementation, même si elle génère des surcoûts. Pour lui, il est logique d'avoir un pulvérisateur en bon état, mais aberrant d'interdire les mélanges de fongicides.
Face à la réglementation, certains vignerons baissent les bras. ' Trop, c'est trop ! ' D'autres retroussent leurs manches et s'adaptent. Du moins, ils essaient. Jacky Marteau en fait partie. A la tête d'un domaine de 25 ha en appellation Touraine, il est secondé par sa femme et deux ouvriers. Il commercialise 75 % de sa production en direct. Le reste va au négoce. Depuis trois ans, il s'investit dans la démarche Terra Vitis au sein de l'Association de production intégrée du Loir-et-Cher. Il est soumis à un cahier des charges précis.
' Le contrôle des pulvérisateurs fait partie de la démarche. En ce qui me concerne, ce n'est pas un problème, car il me paraît logique d'avoir un pulvérisateur en bon état. Sinon, on risque un problème phytosanitaire. Chaque année, en début de saison, je vérifie l'état de la pompe, son fonctionnement, la pression de la membrane, les filtres, le débit des différentes buses et je calcule le débit par hectare. Je regarde aussi s'il n'y a pas de fuites. Cela me prend environ une heure, ce qui n'est pas très long. Tous les trois ans, je dois faire contrôler mon pulvérisateur par un organisme agréé. Je l'ai fait en 2001 dans le cadre de Pulvé Mieux. Le technicien est venu sur place et le contrôle a pris environ une heure. Il n'y avait aucun problème. J'ai donc reçu un macaron que j'ai collé sur mon appareil. Cela m'a coûté 99 euros, auxquels il faut soustraire une subvention de la MSA de 30,50 euros et une remise de participation de 12,20 euros. Je ne vois pas trop l'intérêt de cette vérification par un tiers, alors que je le fais moi-même tous les ans. Mais cela fait partie des obligations . '
La question de la mise aux normes de ce pulvérisateur ne se pose plus, car il va investir cette année dans un pneumatique neuf, qui traite face par face. ' Je souhaite travailler dans de bonnes conditions et avoir une qualité de pulvérisation permettant d'optimiser, voire de diminuer les doses de matière active. Avoir un matériel aux normes de sécurité est primordial. Les accidents n'arrivent pas qu'aux autres, et je fais tout mon possible pour les éviter . '
Jacky Marteau projette également de construire une aire de lavage et de remplissage dans le cadre du CTE car, pour le moment, elle fait défaut. Reste qu'à ce sujet, la réglementation est un peu floue. Coût de l'opération : environ 6 100 euros. ' C'est une contrainte financière. '
Pour le local de stockage des phytos, ' j'ai acheté un container Beiser de 10 m³ pour 1 830 euros. Si j'avais aménagé un petit local sous un hangar, cela m'aurait coûté plus cher. De plus, je peux le déplacer avec un chariot élévateur. J'ai juste rajouté un récipient étanche dans lequel je pose les produits liquides. Mais je n'ai pas mis d'étagères, car le local est assez grand pour s'en dispenser. Les produits sont stockés dans leur emballage d'origine, mais j'avoue ne pas posséder les fiches de données de sécurité (c'est une obligation réglementaire !) , car je ne connaissais pas ce point. Je respecte ce que je sais, mais la réglementation évolue tellement vite que l'on a beaucoup de mal à suivre '.
Au niveau de ses approvisionnements en produits phytosanitaires, il n'a pas été contraint à des changements. L'interdiction de certaines molécules ne l'a pas gêné. A l'exception de l'arsénite de soude, il n'utilisait aucune de celles qui viennent d'être retirées du marché. ' Mon seul souci est l'interdiction de l'arsénite de soude, et surtout l'absence de produit de remplacement. Je commence à avoir des symptômes d'esca sur toutes mes parcelles. ' Autre point qui l'inquiète, les mélanges. ' Je ne sais pas comment je vais gérer cette situation aberrante. Pour les herbicides, cela ne me pose pas de problèmes, car je n'applique que du glyphosate. Pareil pour les insectides, car je les utilise toujours seuls. La difficulté sera pour les antioïdium et les antimildiou et je crains d'avoir des problèmes de gestion du personnel si je dois faire plusieurs passages . ' Quant aux zones non traitées, il explique qu'il n'est pas concerné, aucune de ses parcelles n'étant située à proximité d'un cours d'eau.