Les matières actives trop toxiques ou trop polluantes vont disparaître. Le désherbage sera plus compliqué. La lutte chimique contre l'esca est dans l'impasse.
En vigne, pas loin de trente molécules vont disparaître à la fin de l'année, victimes du grand ménage orchestré par la Commission européenne. ' Le retrait de la plupart des molécules est presque bénéfique du fait de leur toxicité ', constate un distributeur champenois. Mais quelles sont les conséquences sur le plan technique ? Aucune en matière de lutte contre le mildiou, l'oïdium et le botrytis. Pour la lutte insecticide, pas de difficultés insurmontables. La disparition du parathion-méthyl (Méthyl Bladan 40) ou du quinalphos (Ekalux) sont à relativiser. Ceux qui ont un rattrapage tardif à faire, peuvent encore compter sur le méthomyl (Lannate 20 L) ou le thiodicarbe (Larvin,) dont l'action de choc est identique à celle du parathion-méthyl : 25 jours.
De nombreux vignerons ont déjà pris toutes les dispositions pour ne plus se retrouver dans de telles situations. Ils misent sur les régulateurs de croissance des insectes qu'ils positionnent précisément. Peu de temps après leur intervention, ils en vérifient l'efficacité. ' Les vignerons qui observent sont en passe de devenir majoritaires, constate Jacques Oustric, du Groupement de développement viticole du Gard. Mais ceux qui sont en dehors du circuit d'information risquent de rencontrer des difficultés . '
Pour le désherbage, la palette d'herbicides a été fortement amputée. Les possibilités d'alternance sont moindres et les produits restants ont un coût élevé. Dans le Beaujolais, des impasses techniques risquent d'apparaître à court terme. ' Dans les vignes en gobelet, il n'y a guère plus que le Katana (flazasulfuron) que les vignerons pourront appliquer en prélevée. Or, cet herbicide a un trou énorme : la morelle ', déplore François Uzel, chez Soufflet Vigne. En Champagne, la disparition du Zorial (norflurazon) est également problématique. ' Ce produit était intéressant sur les mercuriales et les érigérons. Les solutions herbicides n'étant plus très nombreuses, demain, nous risquons d'avoir des problèmes avec ces herbes ', constate Luc Truchon, de la CSGV.
Reste que contre l'esca et le black dead arm (BDA), l'interdiction de l'arsénite de soude a débouché sur une impasse. Seule la prophylaxie peut limiter ces maladies du bois, en passe de devenir le problème phytosanitaire n° 1 si des solutions de rechange ne sont pas trouvées.