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Adapter la dose à la pousse

La vigne - n°142 - avril 2003 - page 0

La surface foliaire varie au cours du cycle végétatif et selon les parcelles. L'ITV cherche à la mesurer pour réduire de manière notable les intrants, tout en préservant l'efficacité de la protection phytosanitaire.

Les doses de produits phytosanitaires homologuées le sont pour des situations extrêmes : attaque parasitaire forte en pleine végétation. Pour la médication humaine, on adapte la posologie à la masse corporelle et à la fébrilité. On ne donne pas la même dose à un nourrisson qu'à un boxeur de 100 kg ! Dans le cadre du projet Optidose, Marc Raynal, à l'ITV de Blanquefort, mène des travaux visant à adapter les doses au développement de la vigne et au risque parasitaire. Il se base sur la modélisation des maladies et la mesure de la surface foliaire totale (SFT), l'équivalent de la masse corporelle dans la médecine humaine.
Les mesures effectuées montrent que la surface foliaire dépend non seulement du stade de développement de la vigne, mais aussi de la parcelle. Jusqu'à mi-juin, les surfaces foliaires développées ' sont relativement homogènes ', selon Marc Raynal, oscillant dans un rapport de 1 à 3 entre les parcelles. Ensuite, les entre-coeurs se développent et prennent une place plus ou moins importante dans la SFT, selon la vigueur de la parcelle. Les surfaces mesurées en pleine végétation varient ainsi de 1 à 6 ha de feuilles par hectare de sol. L'adaptation doit donc également prendre en compte les caractéristiques de la parcelle.
L'optimisation de la dose est déjà pratiquée dans le cas des pulvérisateurs à jet projeté (pendillards), pour lesquels le réglage se fait sur le point de ruissellement, qui dépend de la surface foliaire. ' L'idée du projet Optidose, c'est de fournir les outils pour un raisonnement similaire avec les autres types d'appareils ', explique Marc Raynal.

L'évaluation de la SFT reste un passage obligé, mais sa mesure est contraignante. Il faut compter le nombre de rameaux, de feuilles par rameau, mesurer la longueur des nervures et reproduire ce travail sur les entre-coeurs, avant de pouvoir calculer la SFT. Cette méthode n'est pas applicable au vignoble, car elle est trop lourde. Les chercheurs travaillent donc sur une simplification. La donnée la plus facile à connaître est le volume de la haie foliaire, mais l'approche statistique a montré une meilleure estimation par le nombre de rameaux primaires et d'entre-coeurs. Dans le cadre d'Optidose, un modèle déterminant la SFT en fonction de ces paramètres est en cours de validation.
Pour Eric Serrano, l'objectif pourrait être ' de définir trois ou quatre stades phénologiques, en précisant le pourcentage à appliquer par rapport à la dose finale '. Ce pourcentage dépendra également de la surface foliaire finale de la parcelle.
Sur ce paramètre, ' il y a un effet millésime, et donc des variations de la surface d'une année sur l'autre, admet-il. Mais il ne doit pas être très important si la conduite reste la même '. Il suffirait donc de caractériser la surface foliaire totale en fin de cycle pour chaque parcelle, donc sa vigueur ou son régime hydrique.

Il faut rester conscient qu'une diminution de la dose représente un risque supplémentaire que doit accepter le viticulteur, de même pour la modélisation des maladies. En optimisant les doses contre le mildiou, l'oïdium et le black-rot, l'ITV de Blanquefort a obtenu des efficacités proches des doses pleines. Ces traitements ont permis des réductions d'intrants de 40 à 50 %, dans des situations de pression parasitaire faible à moyenne en 2001 et 2002. ' C'est à l'utilisateur de déterminer la part de risque qu'il est prêt à accepter, insiste Marc Raynal, sachant que la dose homologuée est établie pour couvrir un risque maximal, heureusement pas toujours présent. ' Dans la plupart des cas, le viticulteur doit pouvoir protéger sa vigne, tout en réduisant le niveau d'intrants utilisés, donc à la fois ses coûts de production et les risques de pollution.
Des travaux similaires sont menés en Suisse par Werner Siegfried, au centre de recherche de Wädenswil. La problématique n'est pas tout à fait identique, car les doses homologuées ne sont pas les mêmes en Suisse ou en Allemagne qu'en France. Dans ces deux pays, elle est adaptée au stade phénologique.



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