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archiveXML - 2003

Les restrictions à l'usage des phytos se multiplient

La vigne - n°142 - avril 2003 - page 0

La réglementation relative à l'application des phytos s'est considérablement durcie dans un but louable : limiter la pollution et sécuriser les pratiques. Mais l'accumulation des interdits devient pesante.

Dans l'esprit du touriste qui aperçoit des vignerons en tenue de cosmonaute sur leur enjambeur, ceux-ci appliquent des produits de plus en plus toxiques et polluants. Ce que notre touriste ne sait pas, c'est que la réglementation s'est accrue, afin justement de limiter la pollution et de sécuriser l'application des phytos. Et les vignerons s'arrachent les cheveux, car traiter s'apparente désormais à un casse-tête chinois. Etat des lieux ! A la suite de la procédure de réhomologation des produits phytosanitaires, de nombreuses molécules ont été retirées du fait de leur toxicité, ou parce qu'elles n'ont pas été soutenues par les firmes. D'autres molécules sont sur la sellette. Il s'agit de l'aldicarbe et du paraquat, qui pourraient passer prochainement à la trappe.
A cela, rajoutons les décisions prises par la France. La dernière en date est l'interdiction de la terbuthylazine, entérinée lors du Comité d'homologation du 14 mars. Reste à fixer les délais d'écoulement des stocks. L'avis devrait paraître prochainement au JO. N'oublions pas non plus les restrictions d'emploi qui frappent des molécules comme le diuron, dont la dose autorisée pourrait passer de 1 500 à 1 200 g/ha. Son délai de carence est de 120 jours. Jusqu'à présent, personne ne s'en souciait. Mais il vient d'être imposé à un herbicide. Or, c'est incompatible avec les périodes d'application.
La Commission des toxiques a été sollicitée pour voir s'il n'est pas possible de le ramener à 60 jours car, comme le signale Benoît Herlemont, rapporteur vigne à la Protection des végétaux, ' il n'y a pas d'intérêt à garder le diuron, si le délai d'emploi avant récolte de 120 jours est conservé '.

Alors que les vignerons commençaient à jongler avec ces interdictions, l'administration leur a donné le coup de grâce en leur annonçant que, désormais, tout mélange devra faire l'objet d'une évaluation et d'un enregistrement pour être autorisé. Un vaste chantier auquel la France est le seul pays européen à s'atteler. A ce jour, seuls trois mélanges ont reçu une autorisation provisoire en vigne, mais d'autres devraient arriver fin avril. Sur ce point, 2003 sera une année de transition.
A priori, en 2002, les agents de la Protection des végétaux n'iront pas vérifier si les vignerons mélangent des produits. Mais ils surveilleront les distributeurs afin de s'assurer qu'ils ne préconisent pas de mélanges non autorisés. Du côté du matériel et des installations, là aussi plus question de faire n'importe quoi. Depuis le 5 décembre 2002, les pulvérisateurs doivent être mis aux normes de sécurité. Le vigneron doit également veiller à stocker ses produits dans un local digne de ce nom, et à avoir une aire de lavage et de remplissage au point.
Et ils ne sont pas au bout de leurs peines, car d'autres réglementations sont en attente, comme le contrôle obligatoire des pulvérisateurs et l'instauration de zones non traitées à proximité des points d'eau. Quant à la Commission de l'environnement du Parlement européen, elle a adopté, le 19 février, un rapport musclé, réclamant des actions urgentes et obligatoires afin de réduire de moitié les quantités de pesticides utilisées d'ici à dix ans. Les vignerons peuvent s'attendre à un nouveau tour de vis.










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