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L'identification des cépages

La vigne - n°142 - avril 2003 - page 0

Une enquête, lancée en 1767, marque le début du recensement des cépages. A l'époque, il devient nécessaire de sortir de la confusion entretenue par la multiplicité des synonymes.

C'est l'abbé Rozier qui lance la première grande enquête sur les cépages en 1767. Il en donne les raisons : ' Les noms varient dans chaque province. Il serait à souhaiter que quelques amateurs fissent une collection exacte de toutes les espèces de plants que l'on cultive en France, afin que les cultivateurs puissent s'entendre les uns et les autres dans la nomenclature . ' Hélas, cette initiative n'aboutit qu'à des résultats très partiels.
C'est l'intendant de Guyenne, Nicolas-François Dupré de Saint-Maur, qui mène la recherche dans le Sud-Ouest. Cependant, il faut attendre 1782 pour que l'enquête redémarre et, 1783, pour qu'elle aboutisse. Les archives de la Gironde conservent un précieux document résultant de l'enquête.
D'un seul coup, trente noms de cépages apparaissent avec beaucoup de synonymies dans cette liste. Ainsi, on sait que le cabernet franc, ou carmenet, est le bouchy du Béarn, que le malbec est le cot ou le noir de Pressac, que le fer du Tarn est le mansois en Aveyron... Par ailleurs, on découvre l'omniprésence du bon-blanc, terme passe-partout qui désigne en fait un bon cépage blanc.

Le bon-blanc sert aussi bien pour le chasselas de Savoie, que le colombard de Vendée, le camaralet de Jurançon, le courbu du Béarn, la graisse, dite encore blanquette, l'ondenc du Tarn-et-Garonne, le pascal de Provence, le roublot de l'Yonne.
En 1774, le marquis de La Corée, intendant de la Franche-Comté, en poste à Besançon, communique quelques noms : en blanc, l'altesse ou roussette, le naturé ou savagnin ; en noir, le plant d'Arbois, c'est-à-dire le pelossard ou pulsard, ploussard, poulsard, plant fin du Jura, d'un noir bleuté qui rappelle la couleur de certaines prunes (pelosses). Ce cépage est déjà connu, depuis 1386, sous la graphie polozard.
De façon dispersée, nous parviennent d'autres noms. En 1767, on trouve trace du persan, ou persagne, jadis très commun dans le Lyonnais et le Beaujolais. En 1770, l'aleatico de Corse est référencé, mais il est d'abord donné comme un cépage toscan.

En 1781, la célèbre syrah est ainsi mentionnée : ' On ne fait presque usage dans les vignes de l'Hermitage que d'une seule espèce de raisin, nommée sur les lieux lasira. '
En 1755, on recense le crouchen, un blanc originaire des Pyrénées. En 1766, apparaît le gringet de la vallée de l'Arve (Haute-Savoie), qu'on assimile au célèbre traminer. En 1770, c'est au tour du beurot, depuis longtemps connu sous le nom de fromenteau ou de pinot gris.
En 1780, vient le knipperlé d'Alsace, encore appelé petit mielleux. En 1781, voici la roussanne et la marsanne dans le vignoble de l'Hermitage, le viognier de la Côte Rôtie.
On peut regretter que M. de Chazerat, intendant d'Auvergne, à Riom, n'ait pas répondu à l'appel lancé par M. Dupré de Saint-Maur. Mais bien d'autres intendants de régions viticoles sont restés muets et ont donc repoussé au XIX e siècle la découverte d'autres cépages.

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