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Les commissions se rodent au contrôle de la charge des vignes

La vigne - n°142 - avril 2003 - page 0

Dans plusieurs régions, les syndicats sont prêts à contrôler les conditions de production. Ils se sont décidés sur la manière de choisir les parcelles, sur les critères à évaluer et sur les méthodes à utiliser.

Le suivi des conditions de production est actuellement au centre des préoccupations des syndicats d'appellation, mais tous ne sont pas prêts à le mettre en oeuvre dès ce printemps. Organiser quelques journées de visite dans un but uniquement pédagogique, c'est une chose. Mobiliser dans la durée des vignerons et des techniciens pour réaliser un suivi qui peut déboucher, éventuellement, sur des déclassements, c'en est une autre.
Le décret du 5 novembre 2002 introduit le suivi des conditions de production dans les règles de base communes à toutes les appellations. Mais avant de s'y mettre, chaque syndicat doit détailler, si nécessaire, ses conditions de production, se fixer des objectifs et choisir la façon dont il va procéder, en partenariat avec l'Inao, qui agrée les commissions et les règlements intérieurs.
Pour déterminer les parcelles à visiter, certains réalisent d'abord un repérage visuel des vignes où les conditions de production ne paraissent pas respectées. Dans le Médoc, une technicienne a été embauchée en 2002 pour tourner dans le vignoble, repérer les parcelles, organiser les tournées et accompagner les commissions. La procédure sera reconduite en 2003. Les résultats de l'agrément ou du suivi en aval de la qualité pourront être croisés avec ceux du suivi des conditions de production, pour plus d'efficacité.

En Val de Loire, c'est l'Inao qui prend en charge le repérage. ' Je détache trois techniciens pour ce travail. Ils tournent systématiquement sur certaines communes, circulent de façon aléatoire dans les autres, et ciblent également les exploitations des vignerons ayant eu des problèmes répétés à l'agrément ', explique Pascal Cellier, chef de centre de l'Inao d'Angers. Les listes des parcelles repérées sont transmises aux syndicats. Ceux-ci organisent ensuite les visites des commissions.
En Minervois, l'objectif est de passer de façon systématique dans plusieurs communes. ' En 2002, nous avons visité 1 600 parcelles couvrant 1 100 ha, ce qui représente 20 % de notre surface. Douze techniciens et trente-sept vignerons ont été mobilisés. A ce rythme, nous aurons visité toute l'appellation en cinq ans, si les volontaires ne se lassent pas ', explique Marie Vigneron, directrice technique du syndicat du Minervois.
A Fronton, pour limiter les surfaces à visiter sans cibler des vignerons en particulier, car ils pourraient se sentir montrés du doigt, le choix se fait de façon aléatoire. ' Chaque année, nous tirons au sort dix vignerons et huit parcelles chez chacun d'eux ', précise Emmanuelle Duffar, technicienne du syndicat. L'objectif n'est pas de passer à terme dans toutes les exploitations, au nombre de 185, mais plutôt d'amener progressivement l'ensemble des vignerons à mieux raisonner leur production. Tous ne seront pas visités, mais chacun d'entre eux se sentira concerné puisqu'il peut être tiré au sort.
Les commissions peuvent intervenir à plusieurs périodes, mais l'objectif reste de passer suffisamment tôt pour que les vignerons aient le temps de réagir, si nécessaire, avant la véraison. En Minervois, la première tournée commence fin mars et dure trois semaines. ' Au débourrement, les comptages sont faciles à faire et les vignerons sont disponibles ', précise Marie Vigneron. Un deuxième passage suffit à vérifier si les mises en conformité demandées ont été réalisées.
Les commissions contrôlent que la parcelle existe, qu'elle n'est pas en friche, et que le cépage indiqué est le bon. Les éléments du décret (densité, mode de taille, nombre d'yeux par cep, par courson ou par baguette) sont vérifiés. L'état cultural est évalué visuellement et classé en bon, moyen ou insuffisant. Des conseils peuvent être donnés selon les observations faites. ' Pour 2003, nous avons mis au point une fiche avec des cases à remplir. Pour une parcelle, le travail prend 10 à 15 min. Ce document est formulé de telle manière qu'il peut être utilisé directement pour rendre compte de la visite, évitant d'avoir à faire un courrier. Nous tenons à informer tous les vignerons, y compris ceux qui travaillent bien ', dit Marie Vigneron.
A Fronton, l'objectif est d'évaluer le potentiel de rendement avec précision, pour ne pas prendre de risques en demandant aux vignerons de faire tomber des grappes. ' Nous passons une première fois avant l'ouverture des boutons floraux, tant que la végétation n'est pas trop importante, pour compter les grappes. Puis nous repassons au stade de la fermeture des grappes pour mesurer leur volume, en utilisant une méthode mise au point par l'ITV. La dernière visite, juste avant les vendanges, n'est faite que sur certaines parcelles pour évaluer l'état sanitaire ', précise Emmanuelle Duffar.
Cette méthode, basée sur une mesure du volume du cône formé par la grappe, permet de prévoir son poids à la récolte, avec une précision supérieure à celle obtenue avec des moyennes pluriannuelles. ' Pour notre principal cépage, la négrette, la formule est calée. Nous réalisons des comptages de grappes et des mesures de volume sur huit placettes de cinq ceps. Nous passons environ une heure dans chaque parcelle. En tenant compte des déplacements, il nous faut dix jours pour en visiter quatre-vingts . ' Pour cerner le potentiel à la parcelle, il reste à évaluer le pourcentage de manquants, ce qui n'est pas évident sans un comptage exhaustif.

L'expérience et le coup d'oeil peuvent être des outils utiles pour gagner du temps. ' A force de tourner dans les vignes, nous nous forgeons des repères visuels. Nous réalisons des comptages de grappes uniquement si la charge semble bien au-dessus du seuil, ou s'il y a manifestement plus de 25 % de manquants. Au-delà des chiffres, nous tenons aussi compte de l'équilibre entre charge et vigueur, et pour rendre un avis, nous nous appuyons sur la discussion avec les professionnels au sein de la commission ', explique Pascal Cellier, de l'Inao.
Le suivi des conditions de production n'a pas pour vocation de devenir un processus d'assurance qualité. Au-delà du rappel des règles, il s'agit avant tout de se confronter à un regard extérieur et de partager son expérience avec celles des autres, pour progresser ensemble. Comme le souligne le syndicat du Minervois, ' ces commissions constituent un excellent outil de communication interne pour développer l'esprit d'appellation '.


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