Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2003

Le palis sage à six fils

La vigne - n°143 - mai 2003 - page 0

Au château Maris, un système de palissage à quatre fils releveurs a été mis en place, sur la moitié des parcelles, dans le but d'améliorer la qualité finale du raisin.

Daniel Berthalon a installé un système de palissage à six fils sur 25 ha du château Maris, sur des vignes plantées à 2,50 m. Il y a un peu plus d'un an, il a remplacé les piquets existants par des piquets plus hauts. Ceux qu'il a installés sont en pin et mesurent 2,50 m au lieu de 2 m. Ainsi, leur hauteur hors sol atteint 1,85 m, ce qui signifie que la végétation peut monter jusqu'à 2 m. Deux fils ont également été rajoutés entre les fils releveurs et le fil du haut. On se retrouve alors avec un fil en bas, puis deux paires de releveurs, et un fil en haut, soit six au total.
Cette installation a nécessité un apport financier de départ de 7 228 euros HT/ha, et chaque année, cela représente une augmentation des charges de main-d'oeuvre puisqu'il y a deux fils de plus à remonter. ' On effectue un passage de plus, ce qui fait que l'on passe deux fois plus de temps à monter les fils. Sachant qu'une personne seule fait 80 ares par jour, cela représente un coût non négligeable, même si cette perte est un peu compensée par l'absence de rognage ', considère Daniel Berthalon.
Ce système a été installé sur presque tous les cépages de la propriété : la syrah, le grenache et le mourvèdre, pour peu que la vigne possède une expression végétative importante. Seul le carignan est conduit en gobelet.

Pour le relevage, Daniel Berthalon procède de la façon suivante : ' Je descends d'abord les deux releveurs du bas, dès que les pousses ont atteint entre 5 et 20 cm. En théorie, on peut le faire dès la taille, mais comme chez nous, les vignes sont décavaillonnées, on ne peut pas le faire aussi tôt. Ensuite, on les relève entre le 20 et le 30 mai et, en même temps, on baisse les deux releveurs du haut. Ces derniers fils sont remontés fin juin . '
Ce procédé évite la formation d'un chapeau végétatif qui empêche la maturation des baies. De plus, ce palissage a un rôle prophylactique. Daniel Berthalon s'explique : ' Sur presque toutes nos parcelles, il y a de la pourriture : l'entassement de végétation favorise la création d'un microclimat humide au niveau de la plante. Les raisins étant protégés des éléments extérieurs par le feuillage, ils ne développent qu'une pellicule très fine. Au moment de l'équinoxe, nous avons des arrivées marines, et les raisins risquent de pourrir, car leur pellicule n'est pas assez épaisse. Les grappes vont alors se dégrader avant d'avoir atteint une bonne maturité et on risque de perdre toute notre récolte. En plus, le palissage à six fils permet une meilleure répartition et pénétration des produits phytosanitaires. La vigne est donc beaucoup mieux protégée . ' Pour Daniel Berthalon, le coût supplémentaire engendré par ce palissage est largement compensé par le bon niveau sanitaire de la vendange.

' L'année dernière, sur une parcelle palissée traditionnellement, la totalité de la récolte a pourri avant maturité. C'est le genre de choses que nous cherchons à éviter à l'avenir, et le but est même d'arriver à faire mûrir une à trois grappes de plus par cep ', témoigne-t-il.
Il estime que ' l'année dernière, sur toutes les parcelles palissées à six fils, la récolte a été de bien meilleure qualité, que sur les autres, tant d'un point de vue sanitaire que d'un point de vue maturité '.
Cependant, ce type de palissage ne convient pas à tous les types de vigne : ' un système à six fils ne peut être installé que sur une vigne saine, à forte expression végétative et ayant un très bon plan racinaire. En effet, en augmentant la hauteur de palissage, on augmente la surface foliaire. L'évapotranspiration de la vigne est donc supérieure, d'où un plus grand besoin en eau. Si son système racinaire n'est pas suffisant, elle peut souffrir de stress hydrique et toutes les feuilles du bas risquent de tomber, annulant ainsi tout l'effet bénéfique du palissage ', remarque Daniel Berthalon.
Ce procédé est donc efficace pour des vignes ayant un bon potentiel végétatif, mais souffrant de problèmes sanitaires ou de maturation. ' Plus la vigne est en situation limitante, plus ce système est intéressant ', conclut Daniel Berthalon.


Daniel Berthalon, régisseur au château Maris, à La Livinière (Aude)
2 ans d'ancienneté
50 ha en production sur l'AOC Minervois La Livinière
30 à 35 hl/ha de rendement moyen
2 salariés permanents, quelques saisonniers ou des entrepreneurs
4 sites en responsabilité en plus du château Maris





Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :