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Minervois et Cognaçais fixent le destin du vin dès la vigne

La vigne - n°146 - septembre 2003 - page 0

Ces deux régions ont décidé qu'il fallait définir, bien avant la vendange, quel produit récolter sur une parcelle donnée.

Comme pour tous les produits soumis aux aléas climatiques, il est difficile de prévoir, à l'avance, le volume de vin que l'on pourra mettre en marché. Cette anticipation relève presque de la mission impossible dans les régions mixtes. Là, il faut attendre les déclarations de récolte pour connaître la superficie en appellation !
Aux risques climatiques s'ajoute le choix commercial du vigneron. En effet, celui-ci peut déclarer le vin issu d'une parcelle classée en aire d'AOC et en vin de pays, dans l'une ou l'autre des deux catégories. En fonction des opportunités du marché, il peut être plus intéressant de produire 80 hl de vin de pays vendus à 75 euros/hl que 50 hl d'appellation, valorisés à 80 euros/hl.
Pour éviter que les volumes commercialisés ne jouent au Yo-Yo d'une année sur l'autre, certains ont eu l'idée de préaffecter chaque hectare en production à une destination commerciale. C'est l'une des propositions émises par le groupe de travail de Jacques Berthomeau.
Les producteurs du Minervois sont les premiers à avoir organisé un tel système, via leur engagement triennal. Marie Vigneron, technicienne du syndicat, explique : ' Les viticulteurs promettent de conduire une parcelle identifiée selon les règles de l'AOC, pendant trois ans. Par exemple, au printemps 2003, ils ont reçu les fiches récapitulant leur engagement pour la récolte 2003 et 2004. Par ailleurs, on leur a demandé leurs intentions pour 2005. La démarche est à la fois volontaire et obligatoire. Volontaire, car le vigneron identifie les parcelles qu'il souhaite. Obligatoire, car pour produire de l'appellation, il faut avoir préidentifié les parcelles... L'engagement est triennal, mais il est possible, une année donnée, que le vin provenant d'une parcelle identifiée en appellation ne soit pas, au final, déclaré dans cette catégorie de vin. En revanche, si le producteur procède ainsi deux années consécutives, sa parcelle n'est plus identifiée comme étant d'appellation. Il lui faudra attendre deux récoltes pour revendiquer à nouveau l'appellation . '

Comme le rappelle Philippe Coste, président du syndicat du Minervois, ' à l'origine, ce système a été mis en place pour assurer de meilleures conditions de production et permettre un contrôle de la conduite de la vigne '. Même si l'objectif initial n'était pas économique, le système adopté a eu un impact sur les structures de production. Les exploitants ont choisi leur camps : AOC ou vin de pays.
Du côté des metteurs en marché, on reconnaît que l'affectation permet une meilleure gestion des volumes. Pour Jean-Yves Barsalou, directeur de Val d'Orbieu, ' cela facilite le dialogue entre les opérateurs '.

A Cognac, le Minervois a servi de modèle pour mettre en place un schéma d'avenir viticole. Toutefois, les professionnels regroupés au sein de l'interprofession sont allés plus loin que leurs collègues du Midi. Ils ont défini les besoins pour chaque produit issu des blancs de la région. A partir de ces ' objectifs à atteindre ', ils en ont déduit la surface qu'il fallait affecter à chaque production. Le raisonnement s'est appliqué pour les quatre débouchés : cognac, pineau des Charentes, VDT et VDP, produits industriels (vins de base pour mousseux ou jus de raisin).
Pour définir le niveau optimal de production, les professionnels se sont fondés sur les besoins passés du marché. Ils ont aussi sondé les metteurs en marché. Au final, un total de 72 500 ha devrait être affecté à une destination commerciale précise : 55 000 ha pour la production de cognac, 1 000 ha pour celle de pineau, 5 500 ha pour le marché des vins de table et de pays et 11 000 ha pour les débouchés industriels. Comme aujourd'hui, il y a 75 000 ha en production, cela signifie que les professionnels vont devoir arracher ou reconvertir en cépages rouges 2 500 ha.




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