La notation des vignes est un élément de progression pour la cave des vignerons de Saumur. Elle permet à chacun de se positionner et d'identifier ses marges de progrès.
A la Cave des vignerons de Saumur, le suivi technique des parcelles a commencé à la fin des années 90 sur les lieux-dits. Des groupes de travail ont alors vu le jour, stimulant les autres producteurs. Mais, ' sur 180 adhérents, il y avait encore des viticulteurs à la traîne que nous n'arrivions pas à faire évoluer ', précise Barbara Duplessy, responsable du vignoble de la cave coopérative. Le passage en viticulture raisonnée, pour répondre à la demande pressante des clients, a été l'occasion d'instaurer un système favorisant l'évolution collective. En 1999, un cahier des charges de viticulture raisonnée est rédigé au sein de la cave. En 2000, l'adhésion à ce contrat devient obligatoire pour tous les viticulteurs adhérents. Pour contrôler l'application de ces règles et ' permettre l'évolution de tous les viticulteurs, nous avons décidé en 2001 de noter les points importants du cahier des charges ', poursuit le vice-président de la cave, Philippe Guilloteau.
' Nous avons constitué une commission vigne. Elle réunit cinq viticulteurs qui travaillent 'bien', dans des orientations complètement différentes, afin de ne pas figer le modèle à appliquer ', explique Barbara Duplessy. Cette commission a participé à la rédaction d'une grille de notation, qui a été appliquée une première fois en 2001, sans aucune conséquence financière. Elle examine également les évolutions de la notation, de concert avec la technicienne.
L'enjeu est de taille. Pour ' mettre les gens en face des réalités ', selon les mots du vice-président, les résultats sont utilisés pour le paiement de la récolte. De ce fait, les ' procès-verbaux ' de passage dans les vignes sont systématiquement signés par le viticulteur lors de la visite et contresignés par un administrateur : les deux signatures empêchent les contestations. Chaque année, au moins 50 % de la surface de chaque exploitation est visitée. Ainsi, la note sanctionne le mode de travail d'un viticulteur, et non une parcelle. En 2000 et 2001, le travail à la vigne, évalué sur 20 points, était noté au cours de deux inspections annuelles, en juin et à la veille de la vendange. En 2003, seuls des conseils ont été prodigués en juin ; la note sur 20 n'est attribuée qu'en septembre. A cela se rajoute une note sur 9, dépendante de la qualité du raisin et du tonnage. Le total de la note sur 29 permet de situer les viticulteurs les uns par rapport aux autres. Il ne s'agit pas d'obtenir un 14,5/29, mais d'être dans la bonne moitié des adhérents. La moyenne annuelle de tous les adhérents est calculée, et chacun reçoit un rapport détaillé qui comprend un plan de progression.
' Les viticulteurs sont payés sur la base du kilo-degré, explique Philippe Guillotteau. De là, on leur retire environ 150 euros/ha par point en dessous de la moyenne générale. ' Cet argent finance les plus-values pour les viticulteurs mieux notés. Pour eux, la valeur du point dépend de la somme ' économisée ' auprès des ' mauvais élèves '. Ainsi, l'opération est financièrement neutre pour la cave ; ce sont les viticulteurs qui en supportent tout le poids. ' L'objectif, souligne Barbara Duplessy, c'est qu'au fur et à mesure tout le monde se situe autour de la même note ', cette dernière étant amenée à monter de plus en plus.
Pour améliorer encore le système en 2003, la grille de notation a été simplifiée. ' Certains viticulteurs jouaient les points : ils obtenaient une note correcte, en réalisant tel ou tel travail précis, mais en négligeaient d'autres ', explique le vice-président. Ils ne remplissaient pas complètement leur contrat. Il y a moins de points notés en 2003 et ils sont moins précis. Désormais, une note globale est affectée à l'enherbement et à l'entretien du sol, quand la grille précédente évaluait séparément l'enherbement des pourtours, la qualité du désherbage, sa nature (foliaire uniquement) et l'enherbement des rangs.
' La difficulté reste de noter l'état sanitaire ', conclut Barbara Duplessy, car l'étendue du vignoble d'apport fait que les différentes zones ne sont pas homogènes.
BARBARA DUPLESSY, responsable du vignoble et du laboratoire de la Cave des vignerons de Saumur (Maine-et-Loire)
5 ans d'expérience sur le vignoble de la cave
1 600 ha de vignoble sur le Maine-et-Loire et la Vienne
180 adhérents à la cave
85 000 hl en Saumur, Saumur-Champigny, Cabernet de Saumur, Saumur mousseux, Crémant de Loire