La fabrication d'un bouchon exige de multiples interventions manuelles. Les bouchonniers recourent aussi à des technologies avancées pour éliminer les défauts à tous les stades. Reportage chez Amorim & Irmãos, au Portugal.
Les bouchons en liège représentent la majeure partie du marché du bouchage du vin. Leur fabrication reste un processus artisanal, qui emploie beaucoup de main-d'oeuvre et demande du temps. Du temps, il en faut d'abord pour l'obtention du liège. La première récolte ne peut se faire avant que le chêne-liège ait atteint un diamètre de 70 cm, soit vingt-cinq ans. Mais ce liège ' vierge ' n'est pas utilisable pour l'industrie bouchonnière. Entre chaque récolte, il faut ensuite respecter un délai de neuf ans pour permettre la reconstitution d'une écorce suffisante. La seconde récolte n'est pas non plus destinée à la bouchonnerie. C'est donc après quarante-trois ans de vie que l'arbre commence à fournir le liège qui sera utilisé pour boucher le vin.
Les bouchonniers achètent soit du liège ' prêt à l'emploi ', soit de l'écorce brute. Dans ce dernier cas, ils peuvent s'approvisionner toute l'année, et sous-traiter le stockage aux propriétaires de forêts ou l'assumer eux-mêmes. De grands groupes, comme Amorim, ont choisi de gérer le stockage et la préparation, étapes essentielles pour la qualité. Cela implique qu'ils aient d'autres activités liées au liège que la bouchonnerie, afin d'en utiliser les résidus (fabrication de parquets, d'isolants, de joints de culasse...). En effet, seule la moitié du liège rentré est apte à produire des bouchons, dont seulement 20 % seront mis en oeuvre.
' Une autre problématique liée à l'achat de liège est l'absence de cours stables, d'autant que le prix et la qualité vont rarement de pair ', explique le directeur technique d'une usine de préparation.
Cauchemar des bouchonniers, le TCA est traqué le plus en amont possible. Les conditions de stockage sont contrôlées, le liège ' vert ' (mal séché) éliminé, car suspecté de provoquer des bouteilles couleuses et des goûts de bouchon. Des analyses sont réalisées régulièrement tout au long du process. Les bouchonniers mettent au point des techniques pour éviter les contaminations lors du bouillage. Ainsi, la société Amorim a breveté le système Convex pour traiter l'eau de bouillage au cours du processus et éviter les contaminations : l'eau passe dans une sorte de colonne de distillation, dans laquelle les composés volatils sont forcés à s'évaporer. Il y a peu, elle lançait le procédé Rosa, qui fonctionne par entraînement à la vapeur pour éliminer le TCA des granulés pour agglomérés. Son adaptation au traitement des bouchons naturels (Rosa 2) doit être achevée à l'automne.