Pour répondre à la demande de puissance des outils viticoles, les tractoristes préconisent leurs nouveaux vignerons équipés de pompes à haut débit, mais leur réservoir est trop petit pour éviter la surchauffe. Les constructeurs d'outils, quant à eux, voient la solution dans l'ajout de centrales hydrauliques.
Ces dernières années, les exploitants viticoles ont vu se multiplier divers outils gourmands en hydraulique et s'en sont équipés. Il s'agit des effeuilleuses, palisseuses, rogneuses et prétailleuses. La rogneuse de Tordable nécessite un débit de 35-40 l/min, tout comme celle de Binger. Chez Pellenc, la prétailleuse consomme entre 35 et 55 l/min.
Or, le tracteur doit aussi faire face à ses propres demandes. La direction hydrostatique nécessite un débit d'huile d'à peu près 10 l/min, et le relevage environ 15 l/min. La somme de tous ces besoins s'élève, au minimum, à 60 l/min. Le système hydraulique des anciens tracteurs ne peut pas les satisfaire.
Le développement d'une nouvelle génération de tracteurs, dotés de pompes pouvant délivrer un débit d'huile nettement supérieur, entre 55 et 75 l/min suivant les constructeurs, répond à ces besoins. Mais ces pompes sont onéreuses. La MégaFlow TM de New Holland, par exemple, qui fournit un débit de 66 l/min, vaut aux alentours de 1 500 euros.
Sur le terrain, les résultats observés avec des tracteurs dotés de telles pompes, ne sont pas toujours à la hauteur de la dépense engagée.
Mais surtout, les tracteurs vignerons ont une configuration particulière due au faible écartement interrang. Ils sont très compacts, ce qui laisse peu de place pour le réservoir d'huile. Il est limité à 12-13 l en moyenne, voire à 20 l pour les nouveaux Fendt. Il n'y a donc que peu d'huile pour alimenter le circuit. En conséquence, elle tourne énormément, son écoulement devient turbulent. Elle s'échauffe, ses molécules se cisaillent mécaniquement, sa viscosité et son pouvoir lubrifiant diminuent : elle se lamine. L'efficacité de l'huile baisse, le circuit hydraulique fonctionne moins bien.
Pour enrayer ce phénomène de laminage, il est conseillé de choisir un tracteur équipé d'un circuit hydraulique composé de deux parties distinctes, dotées chacune d'une pompe : une pour la direction et le frein remorque, et une pour les asservissements hydrauliques et le relevage. Ainsi, l'huile qui actionne les outils est séparée de celle qui lubrifie la boîte de vitesses, ce qui limite les problèmes d'échauffement, de pollution et évite que la boîte de vitesses ne devienne un réservoir hydraulique.
Mais même avec deux pompes séparées et de capacité importante, des problèmes de surchauffe surviennent. Les tractoristes proposent alors deux solutions, compatibles entre elles. La première est d'installer un refroidisseur de plus grande capacité, afin de descendre la température d'un plus grand volume d'huile. C'est ce qu'a fait Fendt sur ses 200 V. ' Après diverses plaintes de viticulteurs et de concessionnaires qui rapportaient que lorsqu'ils passaient leur prétailleuse ou leur rogneuse, l'huile chauffait , explique un responsable technique, nous avons installé un refroidisseur ayant une plus forte capacité sur nos tracteurs. Depuis, nous n'avons plus eu de plaintes . ' Néanmoins, lorsque de grosses chaleurs sévissent, ce système reste insuffisant.
Un autre outil, permettant de limiter les phénomènes de surchauffe, est l'installation d'un circuit hydraulique à centre ouvert, à signal de charge, load sensing. Ce système ' informe ' la pompe sur les demandes du circuit. Un diviseur de débit est situé à la sortie de la pompe. Ainsi, seule la quantité d'huile nécessaire part vers les distributeurs. Le reste repart directement dans le réservoir. Une fois dans le circuit, l'huile peut partir d'un élément hydraulique qui n'en a plus besoin, vers un autre qui est sollicité, sans devoir passer par la pompe. Cela évite des échauffements inutiles. Mais évidemment, un tracteur équipé d'un load sensing est plus onéreux qu'un tracteur avec un circuit à centre ouvert classique : il faut compter environ 600 euros de plus.
Les constructeurs d'outils ont, eux aussi, réfléchit au problème, mais ils penchent vers une autre solution. ' Les tractoristes ont augmenté la capacité de leurs pompes hydrauliques , reconnaît Jacques Cervolles, de Pellenc. Cependant, la taille des réservoirs d'huile n'a pas évolué . Après plusieurs heures d'utilisation, l'huile chauffe tellement que le tracteur est inutilisable. Au bout du compte, pour ne pas avoir de problème, le plus simple est d'équiper l'outil d'une centrale hydraulique indépendante. ' Ce qui revient à dire qu'il faut soit acheter une centrale hydraulique, convenant à tous les outils, soit s'équiper d'outils préalablement munis de centrales hydrauliques, intégrées dans le châssis. Ces dernières sont alors inadaptables sur d'autres outils. Cela revient également cher : chez Pellenc, il faut compter 2 500 euros HT, sortie usine, pour une centrale hydraulique adaptable, d'un débit d'huile de 28 à 48 l/min.
Il n'y a donc pas de solution parfaite à l'heure actuelle. L'hydraulique des nouveaux tracteurs n'est pas suffisante à cause de la configuration des tracteurs vignerons, mais acheter une centrale par outil n'est pas non plus la meilleure solution. Le plus intéressant est l'achat d'une centrale adaptable à tous les types d'outils.