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Le remplacement des manquants s'organise

La vigne - n°147 - octobre 2003 - page 0

Le remplacement des manquants se développe et se simplifie. Les chantiers s'organisent, la prestation devient courante, les manchons protègent les jeunes pieds et des plants spéciaux, plus hauts, sont commercialisés.

Rebrochage ou repiquage dans le Beaujolais, entre-plantation dans le Cognaçais, complantation dans le Bordelais ou dans le Midi. Autant de termes pour désigner le même travail. Autant d'habitudes différentes pour remplacer les manquants. Mais les principes de base sont partout les mêmes.
' Il ne faut pas attendre que les souches meurent pour les remplacer ', soutient Cédric Lecareux, de la chambre d'agriculture de l'Aude.

En effet, les pieds en dépérissement créent de l'hétérogénéité dans les parcelles bien avant de mourir. ' De toutes façons, les ceps malades sont amenés à disparaître, renchérit Philippe Menard, technicien à la chambre d'agriculture du sud-Charente. Autant organiser des chantiers d'entre-plantation plus importants et tout régler en un seul passage . '
De plus en plus de techniciens préconisent l'organisation de chantiers, chaque année, sur une partie du vignoble, et donc d'effectuer une rotation entre les parcelles. Afin de rentabiliser le chantier, il faut repérer les ceps malades après les vendanges, pour procéder à leur arrachage et à leur remplacement en même temps que les pieds morts. Cette organisation est conseillée quand l'arrachage est mécanisable. ' Le recours à une tarière, montée sur un enjambeur, facilite le travail et permet un ameublissement, même léger, du sol ', insiste Philippe Menard. ' Dans un vignoble comme celui d'Alsace, cela n'est pas possible du fait du palissage, note Jean-Michel Speich, de la chambre d'agriculture du Bas-Rhin. Les viticulteurs doivent alors recourir au 'bricolage' et piocher pour préparer le terrain . ' Ils remplacent les ceps au fur et à mesure.
Dans le vignoble cognaçais, les maladies du bois se développent et l'entre-plantation fait l'objet d'une attention particulière. Philippe Menard recense actuellement les pratiques disponibles, dans le but d'organiser des journées d'information au cours du mois de novembre. Il s'interroge également sur le désherbage : ' Faut-il modifier ses pratiques l'année précédant l'entre-plantation ou l'année du chantier ? '
En Alsace, Jean-Michel Speich ne s'embarrasse pas de ces questions. Il souligne que les herbicides posent peu de problèmes : ' Pour les viticulteurs qui emploient des résiduaires, il suffit d'enlever la terre superficielle. D'ailleurs, ces herbicides sont employés près d'un an avant la replantation et ont peu d'effet. De plus, les herbicides de prélevée se développent, ce qui réduit encore les risques . ' En revanche, après plantation, il faut protéger les jeunes plants des projections d'herbicides, par l'utilisation de manchons. La chambre d'agriculture de l'Aude a mis en place plusieurs expérimentations depuis 2002. Elles portent notamment sur le désherbage de prélevée en plein.

Quant au choix du matériel végétal, il repose toujours sur les mêmes critères. ' Les jeunes plants sont plus précoces, expose Jean-Michel Desperrier, responsable de la sélection et du matériel végétal à la Sicarex du Beaujolais. Il faut choisir les greffons et les porte-greffes afin de limiter le décalage de maturité entre les complants et les pieds en place. ' Le greffon doit donc être plus tardif. A moduler, bien sûr, selon la précocité de la parcelle.
De même, le choix du porte-greffe n'est pas innocent. D'abord parce que la complantation est l'occasion de prendre en compte l'hétérogénéité de la parcelle, comme la présence d'une veine chlorosante. Ensuite, et surtout, il faut favoriser l'implantation du nouveau plant. Pour cela, le porte-greffe sera choisi ' plutôt costaud, comme le 140 Ruggeri ou le RSB dans le Cognaçais '. Pour faciliter la reprise, un apport d'engrais organique à effet retard est à prévoir, au fond du trou.

La technique de remplacement dépend ensuite des habitudes et des possibilités régionales. Certains viti- culteurs recourent aux hautes tiges. Les porte-greffes sont plus longs, environ 40 cm, ce qui évite d'utiliser des manchons de protection des plants, contre les désherbants notamment. ' Dans le Beaujolais, on réfléchit à rebrocher avec ce type de matériel ', évoque Jean-Michel Desperrier. Mais il nuance : ' S'il y a des avantages certains, il y a aussi quelques précautions à prendre. ' Le porte-greffe doit notamment grossir rapidement pour ne pas devoir tuteurer la plante toute sa vie. Dans tous les cas, il faudra prévoir le tuteurage à la plantation. Autre contrainte du système : les porte-greffes sont des variétés plus sensibles à la gelée d'hiver que les greffons. Ils peuvent être touchés à partir de - 15 ou - 18°C. Sur des hautes tiges, la partie aérienne du porte-greffe est plus importante, donc plus fragile. Cela peut poser des problèmes lors des grands froids d'hiver, sur des vignes de moins de dix ans.
C'est pourtant une technique très employée en Alsace. ' On évite ainsi l'écueil du désherbage, commente Jean-Michel Speich. De plus, le feuillage est tout de suite plus haut, il y a moins de concurrence pour la lumière. '
De son côté, Cédric Lecareux recommande plutôt la plantation de racinés, puis le greffage en place un ou deux ans plus tard, pour assurer une meilleure reprise. ' Une année comme 2003, on a constaté moins de dégâts sur ce type de complants que sur les greffés-soudés, qui ont mal supporté la sécheresse ', insiste-t-il. Mais cette pratique reste confidentielle ' car peu de viticulteurs savent greffer. De plus, la prestation est plus onéreuse que l'achat de greffés-soudés '.
Pour des raisons de coût et de facilité, certains viticulteurs pratiquent le provignage. ' C'est plus de travail ', objecte Philippe Menard. Les adeptes de ce système clament que non. Et le technicien remarque l'excellent état des parcelles ainsi complantées : ' La reprise est généralement bonne et les vignes se tiennent bien . ' Ceux qui font ce choix remplacent ainsi leurs manquants tous les ans. Selon les régions, cette pratique est plus ou moins anecdotique. ' En Alsace, provignage et greffe en place ont complètement disparu depuis longtemps ', conclut Jean-Michel Speich.

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