L'été caniculaire et sec a des conséquences sur l'aoûtement des bois. Après les vendanges, des vignes ont repoussé au point qu'il a fallu, dans quelques parcelles, rogner avant de tailler.
La canicule et la sécheresse ont eu un fort impact sur la récolte, mais leurs conséquences sur les vignes sont moins certaines. Dans les vignobles septentrionaux, l'aoûtement s'est plutôt bien passé grâce à une longue arrière-saison, sauf en Alsace pour les sylvaners qui ont souffert de la sécheresse.
Dans le Sud, la situation est plus contrastée. Les défoliations des parcelles très stressées ont gêné l'aoûtement. Dans la Drôme et le Vaucluse, le mildiou mosaïque a aussi défolié des vignes, perturbant leur mise en réserve. Dans le Languedoc, le grenache aoûte souvent mal. Ce cépage est coutumier du fait, mais le phénomène a pris de l'ampleur cette année. ' Nous observons des sarments aoûtés sur toute la longueur, mais seulement d'un côté ', explique Cédric Lecareux, à la chambre d'agriculture de l'Aude. Réputé adapté à la sécheresse, le grenache est souvent planté dans des parcelles stressantes, ce qui a peut-être accentué ses difficultés à aoûter.
Par endroits, à la suite des pluies et du radoucissement d'octobre, la végétation est repartie. C'est le cas dans le Languedoc ou à Gaillac : ' Les vignes qui avaient vraiment souffert de la sécheresse sont reparties en végétation, ce qui risque de poser des problèmes pour la mise en réserve ', s'inquiète Jean-Noël Jarno, à la chambre d'agriculture. ' Les sols sont restés chauds après les vendanges, indique Cédric Lecareux. Tout s'est passé comme en situation tropicale : la vigne a commencé un deuxième cycle. Mais on ne vendangera qu'une fois cette année ! '
En Côte-d'Or, certains viticulteurs ont dû rogner afin de faciliter la taille. Dans le Loir-et-Cher aussi, il y a eu une repousse. ' Mais avec une faible récolte, la vigne a peu exporté cette année, donc la mise en réserve devrait être bonne ', estime Michel Badier, de la chambre.
En Gironde, sur Pomerol et Lalande-de-Pomerol, l'impact des défoliations s'est surtout ressenti sur la qualité des raisins, mais peu sur les vignes. ' On peut redouter des symptômes de thyllose au débourrement l'an prochain ', avertit Bertrand Sutre, chez Biovitis. En effet, le stress hydrique peut provoquer la formation de thylle (bouchons calleux) dans les vaisseaux et engendrer un flétrissement l'année suivante.
Les vendanges terminées, les viticulteurs ont pu se consacrer à la réfection des palissages, au travail du sol ou aux semis. Ils ont effectué les arrachages et, parfois, les replantations. A la fin du mois d'octobre, quelques gelées matinales ont provoqué la chute des feuilles.
En Côte-d'or, le prétaillage a débuté mi-octobre : ' Il y a toujours des personnes pressées, même quand les feuilles ne sont pas tombées ', s'exclame Pierre Petitot, à la chambre d'agriculture.
En Alsace, la taille a commencé sur l'auxerrois et le riesling. Les techniciens conseillent de tailler court les vignes qui ont subi un stress hydrique, car elles auront moins de réserves. Dans le Midi, pour les mêmes raisons, il ne faudra pas se précipiter sur le grenache.