ImprimerEn 1999, les cours du cognac sont au plus bas. A la suite d'une formation, Jean Croizard décide de se reconvertir et de se diversifier.
Jean Croizard s'est installé en 1977, sur l'exploitation familiale, à Roullet-Saint-Estèphe (Charente), en Gaec avec son père et son frère. En 1988, le Gaec est dissout et Jean se retrouve seul. A cette époque-là, l'exploitation est en polyculture, et comprend 8 ha de vigne et 35 ha de céréales. Vins et cognac sont élaborés et vendus par la coopérative. ' Jusqu'en 1989, tout allait très bien, les cours du cognac étaient au plus haut ', se souvient Jean Croizard. En 1992, ils commencent à s'effriter.
En 1998, Jean Croizard est dans une situation difficile : ' Du jour au lendemain, la coopérative a refusé de distiller . J'étais désemparé. ' C'est alors qu'il décide de réagir : après avoir discuté avec le conseiller de son centre de gestion (CER), il s'inscrit à la formation ' Entreprendre et réussir '. A l'issue de ce stage, Jean Croizard revient avec un projet : commercialiser lui-même son cognac et produire un vin de pays rouge. Pour ce faire, en 1999, il s'agrandit, passant à 11 ha de vignes, dont 40 ares de rouge.
A ce moment-là, la région met en place un plan de reconversion du vignoble. Jean Croizard profite donc des aides de l'Onivins pour arracher 2 ha d'ugni blanc en 1999, et les replanter en merlot en 2000 et 2001. Son but : produire un vin de pays qu'il vinifiera et commercialisera lui-même. Ainsi, en 2001, sa propriété compte 8,60 ha de blanc et de 2,40 ha de rouge. Toujours dans le but de produire davantage de rouges, en 2003, Jean Croizard achète 1,30 ha de terres avec droits, qu'il prévoit de replanter en merlot, en 2004.
En attendant que la récolte de rouges soit suffisante, Jean Croizard et son épouse se diversifient. Ils lancent huit produits entre 1998 et 2003 ! Tout d'abord, avec leur ugni blanc, ils font du jus de raisin gazéifié et pasteurisé. Ensuite, ils élargissent ce produit en y ajoutant 30 % de pommes. Ces deux jus de fruits se vendent très bien du fait des campagnes antialcoolisme.
Le couple commercialise aussi des vins gazéifiés de trois sortes : nature, aromatisé à la pêche ou à la framboise. Ces produits se développent actuellement dans la région. Toujours dans le secteur des boissons alcoolisées et pétillantes, Jean Croizard lance une ' liqueur gazéifiée '. C'est un pineau non agréé, qui peut se vendre plus rapidement, auquel il rajoute du CO 2. Début 2000, il commence également à produire du pineau (avec du cognac de 1999 et des moûts de 2000). Enfin, avec du cognac de 1995, Jean Croizard embouteille, cette année, du cognac VS pour élargir sa gamme. Parallèlement, sa coopérative élabore et vend toujours du vin blanc de consommation, ce qui lui assure de la trésorerie.
Quant au cognac, 7 ha lui sont actuellement dédiés. Les moûts sont distillés à la coopérative, mais les Croizard se chargent de sa commercialisation : ils conservent 20 hl qu'ils vendent à de la clientèle particulière ; les 30 hl restants partent vers le négoce.
Du point de vue commercial, Jean Croizard et son épouse écoulent tout sur la région, que ce soit au caveau, sur des marchés, dans des restaurants, ou dans les deux dépôts qu'il a chez le boulanger et le fromager de sa commune. Le succès de leurs produits est tel que ' le vin rouge est réservé avant même d'être récolté ', confie Jean Croizard. Juste retour du grand engagement du couple : tous deux font les marchés tous les samedi et dimanche matins, dans un rayon de 100 km autour de l'exploitation. Ils participent à de nombreuses foires au vin ou gastronomiques. En juillet-août, ils vont tous les mercredis soirs aux marchés des producteurs, organisés par les communes de Charente. De plus, ils font partie de l'Association de producteurs fermiers, mise en place par la chambre d'agriculture de la Charente. A ce titre, ils participent tous les ans aux journées portes ouvertes organisées par la chambre.
En un week-end, plus de 400 personnes viennent sur la propriété. Enfin, tous les étés, ils assistent à la Fête du cognac qui réunit plus de 15 000 personnes. Toutes ces manifestations leur permettent d'écouler la totalité de leur production.
En conséquence, le chiffre d'affaires est en augmentation constante depuis 1999. Néanmoins, le résultat fiscal a chuté entre 2001 et 2002, à la suite des investissements de cuverie et de chai pour les rouges. Cette année, Jean Croizard va emménager dans un nouveau chai, car il est trop à l'étroit. Il espère que ces frais supplémentaires seront compensés par la hausse de production de ses vignes rouges.