En Aquitaine, Univitis, union de caves coopératives, a résisté à la défection d'un de ses membres et à la chute des cours. Elle a multiplié ses acheteurs et mis en place un programme d'économie, tout en continuant à investir.
'Nous réussissons, non seulement à nous maintenir malgré la récession , mais nous avons surmonté notre crise interne de 1999 ', confie Laurent Bouiges, directeur général de l'Union des caves coopératives Univitis, à Sainte-Foy-la-Grande (Gironde). Initialement composée de quatre caves (Gensac-Vayres, Lèves, Villefranche-de-Lonchat et Cocumont), Univitis reçoit un choc cette année-là : la cave de Cocumont part. Elle fournissait, à elle seule, près de la moitié du vin mis en bouteilles, soit 5 millions de cols ! Cet épisode fait momentanément plonger Univitis, mais ce groupe réagit. Pour remonter la pente, il procède à de nombreuses coupes dans ses budgets et traque la moindre économie. Entre 2001 et 2003, son chiffre d'affaires augmente de 10 % en dépit du marasme économique ambiant.
Après l'assainissement de sa situation financière, le groupe se réorganise. Dans un premier temps, tout le personnel des caves adhérentes, tel que les oenologues, est centralisé chez Univitis, qui facture ensuite aux différentes coopératives. Cela entraîne un gain financier non négligeable. Du point de vue commercial, ' après 1999, analyse Laurent Bouiges, Univitis a opté pour une stratégie de diversification. Le groupe a besoin de s'appuyer de manière uniforme sur ses deux piliers : le vrac et la bouteille. Cela lui évite de boiter '. En 2002, il vend 57 300 hl en vrac et 57 700 hl en bouteilles. Cet équilibre lui permet de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier. En outre, dans chaque secteur, au lieu de miser sur un gros client, il ' atomise la clientèle ', comme se plaît à le répéter Laurent Bouiges. Ainsi, dans le secteur de la bouteille, il est passé de 500 à 1 000 clients : grandes surfaces, grossistes du secteur traditionnel, importateurs, etc. Cette diversité limite les risques. Face aux grandes surfaces, Univitis applique le même principe. L'Union a opté pour une ' stratégie de contournement '. Ses commerciaux passent rarement par les centrales d'achat, auxquelles ils préfèrent les acheteurs locaux.
Néanmoins, un point noir subsiste, celui de l'approvisionnement. Cette année, le groupe a vendu plus de vin que n'en ont produit les caves adhérentes. Les ventes de bouteilles sont passées de 6,34 millions en 2000 à 7,63 M en 2002. Le but de l'Union est d'atteindre à nouveau les 10 M de cols, comme du temps de Cocumont. Mais elle ne dispose pas d'une telle quantité de vin. Univitis recherche donc de nouveaux adhérents. Dans cette optique, le groupe essaie de renforcer sa présence sur le terrain. Il a ainsi monté plusieurs sociétés civiles immobilières avec des viticulteurs afin de les aider à acheter des terres. Ces derniers doivent ensuite lui vendre leur récolte durant une période définie. Toujours dans le but de pouvoir honorer ses commandes, le groupe commence à acheter du vin chez des viticulteurs. Ces derniers sont un peu mieux rémunérés que les adhérents, mais ils sont également liés à Univitis par un contrat de cinq ans. Mais cela n'est pas suffisant. Laurent Bouiges ' espère trouver d'autres caves adhérentes '.
Si l'Union rencontre une telle demande, c'est parce qu'elle est bien structurée en aval. En effet, Univitis a fondé deux filiales : Terroirs SA et Terraland. La première écoule les vins d'entrée de gamme, afin de ne pas nuire à l'image de marque d'Univitis. Leur prix consommateur va de 2,30 à 3,00 euros la bouteille. Terraland est une marque ombrelle, abritant un Groupement européen d'intérêt économique (GEIE). Ses vins sont positionnés sur un créneau coeur de gamme : 3,80 à 5,40 euros/bouteille. L'objectif de cette branche est de concurrencer le Nouveau Monde sur des marchés difficiles. Elle met une large gamme de vins à la disposition de ses clients.
Univitis peut d'autant plus se consacrer au développement de ses ventes qu'elle est au point sur le plan technique. ' Nous cherchons à être innovants et réactifs ', soutient le directeur. Le groupe réalise de nombreux investissements en cave. Ce sont souvent des adaptations dérivées de l'industrie laitière. ' Nous investissons à partir du moment où cela ne déséquilibre pas notre ratio financier ', explique Laurent Bouiges. Cette année, Univitis a investi 4 Meuros dans l'agrandissement de la cuverie des Lèves et de Gensac. Le groupe s'est équipé d'un quai vibrant pour améliorer la qualité de sa réception. Il devrait embaucher un ingénieur qualité, issu de l'industrie laitière à la pointe de l'hygiène.
Univitis s'implique aussi dans la conduite du vignoble. Il a un droit de regard sur la qualité des raisins de chaque parcelle. Il essaie de faire correspondre la production des viticulteurs à la demande du marché. De plus, l'Union a établi un partenariat avec Syngenta, dans le cadre du réseau Agéris. Cet accord vise à promouvoir de bonnes pratiques culturales et à protéger l'environnement sur le domaine ' vitrine ' du groupe, le château Les Vergnes. Toutes ces orientations lui permettent de se maintenir malgré la conjoncture. A l'avenir, Laurent Bouiges souhaite continuer dans cette direction, avec de nombreux hectolitres de vin en plus !